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Nobody is betta’ than Mikel Arteta

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Nobody is betta’ than Mikel Arteta

Mercato 2000-2001. Paris. Laurent Perpère serre la main moite de Philippe Bergeroo. Luis Fernandez est back dans la capitale. A quelques heures de la fermeture du marché hivernal, deux jeunes Espagnols viennent étoffer l'effectif francilien : ils s'appellent Enrique De Lucas (22 ans) et Mikel Arteta (18 ans). Sept ans plus tard, tandis que le premier joue au Real Murcia, l'autre appartient aux Toffees d'Everton et soigne sa réputation de plus grand joueur espagnol de tous les temps à ne compter aucune sélection nationale. Zoom sur un semi-quinquagénaire aux passes courtes et aux dents longues.

Partir la tête haute, sans se retourner, quitter fans et enfants pour mieux triompher ailleurs. La carrière de Mikel Amatriain Arteta a toujours respecté cette règle, une manière de dire adieu qui fait de lui un homme loyal et regretté, mais qui met surtout en relief le manque de folie comportementale qui pourrait faire de lui un joueur de classe mondiale.

Boutons aux quatre coins de la tronche, mine anti-expressive, c’est sur le terrain que le petit Mikel a décidé de s’épanouir. Très vite, ses performances avec l’équipe d’Antiguoko attirent l’oeil des recruteurs. A douze, treize, quatorze ans, Mikel épate ses potes, et pas seulement ses potes. Le niño de San Sebastián s’entraîne une fois par semaine à Lezama, centre d’entraînement de l’Athletic Bilbao, où il reçoit les conseils de José Luis Mendilibar, alors entraîneur des cadets de l’équipe 100% matière basque.

Label Blau

Sa carrière n’est pas encore commencée qu’il prend déjà tout le monde à contre-pied, en rejoignant le FC Barcelone et son aguichante Masia. Au cours des trois années qu’il passe dans la maison blaugrana, il perpétue la tradition des milieux relayeurs chefs d’orchestre et vifs d’esprit initiée par Luis Milla, Pep’ Guardiola, et prolongée par les De La Peña, Celades et Xavi. D’un point de vue chronologique, c’est là que se situe Arteta, juste après Xavi, et un peu avant les deux derniers héritiers de la Cantera, Iniesta et Cesc…
Sept ans plus tard, la nostalgie et la fatalité envahissent toujours ses propos quand il s’agit de parler du Barça : « C’était mon rêve de jouer pour Barcelone, et j’aimais être là-bas. J’étais assez bon pour l’équipe première, mais Xavi est arrivé deux ans avant moi, et il y avait aussi Guardiola, le héros de mon enfance. Ca m’a brisé le coeur de partir… » .
Né au mauvais endroit, au mauvais moment, Mikel « chrome » Arteta est le seul de ces joueurs à n’avoir connu le succès ni sous la tunique blaugrana, ni sous le maillot de la sélection espagnole.

La Parenthèse (PSG) Enchantée

L’imberbe Ibère le comprend vite, et rejoint le PSG de Luis des Minguettes à seulement 18 ans, sous forme de prêt. Rapidement, sa combativité, qui s’ajoute à son élégance et sa vista, fait de lui un élément précieux pour l’effectif de la capitale.
Avoir la cote dans les travées du Parc à dix-huit piges, c’est la classe. Niveau communication, Arteta se réjouit de voir que la charnière Pochettino-Fred Déhu maîtrise la langue d’Enrique Iglesias.
Dans le même temps, les Okocha, Anelka, Ronnie et Heinze couvent le Mikelito. « Ils étaient jeunes mais déjà très expérimentés. J’ai beaucoup appris de leur comportement et de la manière dont ils m’ont accueilli. J’essaie aujourd’hui d’agir de la même manière avec les jeunes joueurs » .
Omniprésent sur le terrain et discret en-dehors du rectangle vert, le jeune milieu de terrain avouera quelques mois après son arrivée porte d’Auteuil : « Ce qui est sûr, c’est que j’avais une trouille folle en arrivant à Paris » .
La frousse initiale s’estompe néanmoins paisiblement, à tel point qu’après dix-huit mois passés sous la tutelle de Fernandez (et toujours pas de proposition de contrat), le Basque perd patience et s’engage avec les Glasgow Rangers à cinq journées de la fin d’un championnat où le PSG finira 4ème. L’intéressé dément le deal. Cinq matchs plus tard, le voilà en Ecosse. Paris le pleure encore aujourd’hui.

Welcome To Scotland

Au pays des clichés footballistiques (kick and rush, low kick, kick n’toast), Arteta s’impose malgré ses vingt balais, endurcit son jeu, fait apprécier sa technique en mouvement et son sens de la passe à un public qui l’adopte d’emblée.
A vrai dire, Miki profite de son passage en Ecosse pour alimenter ce qui constitue encore aujourd’hui les seules lignes de son palmarès : triplé spectaculaire Championnat-Coupe d’Ecosse-Coupe de la Ligue (2003), sous le regard d’un Alex McLeish contemplatif. Le tour du proprio ne prendra que deux petites saisons, et le locataire basque, en bon amant, quitte son amourette scottish au moment où elle commence à avoir des sentiments pour lui.
Les six mois passés à la Sociedad en 2004 pour relancer son buzz au niveau local arrivent déjà trop tard, Arteta débarque à San Sebastián avec un accent british évident.

Caramels et Kick’n’Rush

Everton flaire le coup et ramasse à la petite cuillère ce grand brun avec des chaussures noires à crampons. « David Moyes a eu une grande influence sur ma carrière. Il a eu confiance en moi au moment où j’étais le plus mal, et ça veut dire beaucoup » . C’est peut-être un détail pour vous.
Début 2008. Trois ans, déjà trois longues années que Mikel Arteta trimballe son niveau All Star chez un club qui n’a soulevé en vingt ans que cette poussiéreuse Cup 1995 et qui ne gagnera rien cette année. Sortis des deux coupes nationales, les Toffees n’ont plus que leurs yeux pour pleurer et la Coupe de l’UEFA pour rêver.

Quatrièmes de Premier League derrière le Very Big Three, les hommes de David Moyes sont conscients que leur état actuel est directement lié aux performances de leur stratège hispanique. Arteta boxe désormais avec les hommes, comme en atteste cette statistique élogieuse qui fait de lui le joueur sur lequel on commet le plus de fautes en Premier League cette saison.
Habitué à quitter les lieux au moment où tout se passe pour le mieux, l’Espagnol aux cheveux beurrés ne devrait donc plus tarder à quitter le deuxième club de Liverpool. Elu « Player of the Year » par ses supporters pour la deuxième année consécutive, le site de la chaîne Sky Sports lui a permis de gratter le titre de meilleur milieu de terrain de Premier League la saison dernière, devant les Ronaldo, Scholes et Gerrard.

In Love With Mikel

Journaliste au magazine When Skies Are Grey, Mark O’Brien en rajoute une couche : « Après le départ de Wayne Rooney, les fans d’Everton ont décidé de ne plus trop s’attacher à un joueur, mais vous ne pouvez pas faire autrement que tomber amoureux de Mikel Arteta » .
Dernier révélateur de son changement de statut : Mikel fait déguster son jeu en profondeur à Lorena Bernal, la Miss España 1999.
A la manière d’un boomerang jeté par un néophyte non-voyant, les performances de Mister Arteta viennent briser les écrans des téléviseurs espagnols.
Aujourd’hui, les clubs de la péninsule ibérique viennent régulièrement aux nouvelles, l’Atletico Madrid semblant le plus intéressé dans la conquête de celui qui a défendu les couleurs de son pays uniquement en catégories jeunes. Barré par un trio indétrônable (Xavi-Cesc-Iniesta), l’ancien Parisien de 25 ans a-t-il encore raison d’espérer évoluer au sein de la « Furia Roja » ? Un come-back au bercail aurait le mérite de lui donner une réponse.
En attendant un coup de fil d’Aragones, Arteta se contente des voix rauques de Goodison Park :
« He came to Spain to play in the rain

Follow follow follow

Everton is the team to follow

Because there’s nobody betta’

Than Mikel Arteta

He’s the best little Spaniard we knowwwww… »
Par Matthieu Pécot

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