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Mutation en cours
Depuis un mois, Manchester United est l'équipe la plus titrée d'Angleterre. Sir Alex Ferguson a pris la place de Liverpool sur ce putain de perchoir. Sauf que l'exercice 2011 du champion d'Angleterre a laissé comme une impression de fin de cycle. Cet été sera celui de la (re)construction. Un exercice dans lequel Fergie s'est rarement trompé.
Qu’il est difficile de foutre une note d’évaluation sur la saison de Manchester United. Oui, on parle du club qui vient d’agrafer son dix-neuvième titre de champion d’Angleterre (record du pays au passage) et d’échouer en finale de Ligue des Champions contre la meilleure équipe du 21e siècle. Alors c’est quoi le problème ? Le hic concerne surtout l’amertume laissée par les Mancuniens sur l’ensemble de l’année. Trop brouillons, trop timides, trop éloignés du beau jeu censé transpirer de la liquette de United. La faute à qui ? La faute à quoi ? Tout simplement à une fin de cycle rendue inéluctable par l’accumulation des années. Neville, Van der Sar et Scholes ont pris leur retraite cette année. Ryan Giggs est le dernier représentant des années 1900 encore au club. Il faut donc tourner une page et en noircir une nouvelle. Certes, partir sur une nouvelle ère est souvent plus facile lorsque l’on gagne. A ce jeu-là, Manchester possède déjà quelques certitudes. Notamment défensives, l’un de ses points forts du dernier millésime et, probablement, pierre angulaire de la chasse à un vingtième titre de champion d’Angleterre.
Le back four de demain déjà en place
Force est de constater que United a répondu présent là où on l’attendait : sur sa solidité défensive et son mental à toute épreuve. Derrière l’axe central Vidic-Ferdinand, surement la plus belle doublette centrale d’Europe derrière Piqué-Puyol et depuis Nesta-Cannavaro, Van der Sar a terminé sa carrière en beauté tandis que Patrice Evra s’est refait une santé après Knysna. Bref, “MU” affichait la meilleure cohésion défensive du bled. Une défense vieillissante (trois trentenaires) mais déjà remplaçable. Rafael, Fabio et Smalling sont déjà au club. Phil Jones vient d’arriver de Blackburn. Un défenseur que l’on compare déjà à John Terry et que l’ancien entraîneur Steve Kean a couvert de louanges dans le Daily Mirror en affirmant qu’il s’agissait d’ « une Rolls-Royce, un joueur fantastique qui va attirer l’attention » . Avec Jones, le back four du futur est déjà dans la place (sans parler de l’éventuelle arrivée du Lensois Varane). Gouverner, c’est prévoir. C’est pour ça que De Gea, un jeune minot aussi, est prévu pour atterrir courant juillet dans le Nord de l’Angleterre et prendre place dans les bois. Dans ce grand bordel, les seconds couteaux sont priés d’aller voir ailleurs (Evans, Brown et à un degré moindre O’Shea). Ça, c’est fait.
Un milieu à revoir
C’est donc au milieu de terrain que la saison des Red Devils n’a pas fait sauter de braguettes. Fletcher, Carrick et Anderson, sont des aboyeurs défensifs de qualité mais ne pèsent pas un fish & chips offensivement. La retraite de Scholes entérinée, il manque définitivement un relayeur-passeur-buteur de renom dans l’entrejeu mancunien. Un dix reculé capable de distiller des perles offensives et d’aller planter des banderilles. Rien d’étonnant de voir le board mancunien zieuter alors sévèrement sur Samir Nasri ou Wesley Sneijder pour l’année à venir. Ferguson a tenté Ozil, mais l’agent de l’Allemand, Reza Fazelli, a répondu laconiquement : « Merci, mais Ozil est très heureux à Madrid » . Fergie devrait d’ailleurs en profiter pour intégrer la dernière pépite locale, le jeune Tom Cleverley.
A côté de ça, la marque de fabrique maison – les ailiers supersoniques – est toujours en vogue. Nani, Valencia et Park ont réalisé une saison de feu. L’arrivée prochaine d’Ashley Young en provenance d’Aston Villa ne devrait pas ralentir la cadence sur les côtés. Même si Nani n’a pas caché son envie d’aller bosser avec Mourinho du côté de Madrid ( « Je suis bien à Manchester United mais c’est toujours bon d’entendre que d’autres clubs s’intéressent à moi. Est-ce que j’aimerais travailler avec Mourinho ? Oui, mais en ce moment, je suis à Manchester United » ), les joueurs de débordement seront toujours la hype d’Old Trafford. Avec Nani, Park, Carrick, Anderson, Fletcher, Valencia, Young, Nasri ou Sneijder, l’Écossais aurait de quoi monter un milieu compétitif parce que, ouais, ça a de la gueule, de la vitesse et de la percussion.
L’été ne sera également pas de trop pour composer avec l’affaire Giggs. Le Gallois a connu une fin de saison cauchemardesque. La faute à son phallus qui est allé trainer de (trop) nombreuses fois dans le domicile de sa belle-sœur. Une femme meurtrie depuis les révélations de cette liaison dans la presse. « C’était horrible. Je pleurais tout le temps. J’allais me marier avec Rhodri et la seule chose à laquelle je pensais était que j’étais enceinte de son frère. Bien que j’étais avec Rhodri et que je l’aimais, j’avais des sentiments pour Ryan » dixit Natasha, la femme du frère de Giggs, dans les tabloïds anglais. Ou comment la réputation du mec le plus clean du club a volé en éclats en quelques jours. Il faudra faire avec ou sans, c’est selon. Un peu à l’image du cataclysme qui s’est abattu sur la face de Wayne Rooney à l’automne dernier. Un numéro 10 mancunien devenu, depuis, le patron du club.
Que faire de Berbatov ?
Depuis les départs de Tevez et, à plus forte raison celui de Cristiano Ronaldo, Wayne Rooney est véritablement devenu le leader offensif du club. Mais également son âme. Sa fin de saison en boulet de canon (double-double buts/passes) a démontré qu’un grand Rooney porte assez facilement “MU” vers les sommets. Surtout que le petit gros a (enfin) trouvé son alter ego offensif avec le Mexicain Javier Hernandez, véritable révélation de la saison. Toujours bien placé, capable de produire cinquante appels différents, l’ancien de Chivas a parfaitement rempli son rôle de buteur et de seconde pointe. A tel point que le prédisposé au poste, Berbatov, a fini la saison en tribunes.
Une éclosion qui pousse le meilleur buteur officiel du championnat (21 buts) vers la sortie. Michael Owen a prolongé et Welbeck est de retour de prêt. A coup sûr, Fergie ne serait pas contre refourguer son attaquant à une bourse assez folle pour casquer. Le Bulgare est le joueur de United correspondant au sentiment laissé par le club cette année : meilleur buteur du championnat sans avoir dominé son sujet. Paradoxal. Finalement, Manchester United va devoir garder son niveau d’exigence pour continuer à squatter le haut du pavé. Sir Alex Ferguson a déjà su gérer deux fins de cycle avec brio (l’époque Cantona et l’époque Beckham). Manchester United doit réaliser la passe de trois avant de penser au plus dur : gérer l’après-Ferguson…
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