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Mons Bassouamina : « Le ballon étoilé nous a tous fait rêver »

Propos recueillis par Alexandre Plumey
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L’an dernier, à la même époque, Mons Bassouamina préparait dans le froid hivernal et auvergnat un déplacement à Ajaccio. Ce jeudi, au lendemain de cette victoire historique et avant quelques cours d’anglais, l’attaquant de 27 ans a pris une trentaine de minutes pour présenter ce club atypique. Et revenir sur son parcours personnel, pas totalement linéaire. 

Mons Bassouamina : « Le ballon étoilé nous a tous fait rêver »

L’AS Monaco est prévenue. Après un déplacement périlleux à Bodo-Glimt, c’est un autre voyage délicat qui les attend : à Paphos, le 26 novembre prochain. L’équipe surprise de cette Ligue des champions 2025 a remporté, ce mercredi, la première victoire de son histoire dans la compétition, contre Villarreal (1-0) et n’a perdu qu’un match (5-1 contre le Bayern Munich). Les deux matchs nuls contre l’Olympiakos et le Kairat Almaty les classent 20es, une place derrière les Monégasques (5 points également). Un parcours qui n’aurait peut-être jamais existé sans le spectaculaire but en tour préliminaire d’un Franco-Congolais passé par la Ligue 2 et le National (Nancy, Boulogne, Bastia-Borgo, Pau et Clermont) : Mons Bassouamina.


À mi-chemin de la phase de groupes, ça fait quoi de se réveiller le matin et de voir son club 20e, devant Naples, l’OM et la Juventus en Ligue des champions ?

C’est top quand on connaît l’histoire de ces équipes sur la scène européenne. C’est incroyable même. En rentrant aux vestiaires, on a tout de suite regardé le classement, on a vu qu’on était bien classés et que pour l’instant, si la Ligue des champions s’arrête en cas de Covid, on est qualifiés (Rires.) On est à la moitié de la compétition et presque à la moitié du chemin (11 points étaient nécessaires pour se qualifier l’an dernier, NDLR), ça laisse rêveur. On a très envie de se qualifier pour encore plus marquer l’histoire du club. Pour l’instant, c’est en bonne voie.

Le Bayern, Villarreal, ils jouent à 11 et surtout, ils ont deux bras et deux jambes comme nous. Personne ne peut avoir plus envie que nous sur le terrain.

Comment abordez-vous ces matchs de Ligue des champions ? Est-ce vraiment pour profiter ou est-ce qu’il y a aussi une part d’ambition ?

On aborde tous les matchs pour les gagner. C’est clair que lorsqu’on affronte Villarreal ou le Bayern, on sait qu’on part en tant qu’outsider. Mais, ils jouent à 11 et surtout, ils ont deux bras et deux jambes comme nous. Ce que nous, on peut avoir en plus, c’est cette envie d’exister dans cette compétition. Personne ne peut avoir plus envie que nous sur le terrain.

Qu’aurait dit le joueur de National à Bastia-Borgo, si on lui avait dit qu’il jouerait la Ligue des champions contre le Bayern Munich trois ans plus tard ?

Houla… Honnêtement, j’aurais dit : « Vas-y, arrête tes bêtises. » En fait, quand j’étais en formation, j’ai toujours eu le sentiment que c’était une compétition que je jouerais un jour parce que j’étais « dans les temps ». J’étais surclassé en catégories de jeunes au centre, sélectionné en équipe de France U18, je me suis vite entraîné avec les pros et j’ai vite marqué quand j’ai commencé (sur sa deuxième titularisation, NDLR). Mais finalement, je joue six mois et je disparais pendant deux ans des radars à cause des blessures. Ce n’est pas tellement la blessure et le manque du football qui est dur, c’est le fait de disparaître. On ne pense plus à toi, personne ne veut de toi. Pas forcément parce que tu n’es pas bon, mais parce que tu n’as pas été en rythme depuis deux ans et demi, donc tu représentes un risque. On va dire que je suis plus ou moins rescapé.

En mai, tu jouais des barrages pour ne pas descendre de L2 et en juillet des barrages pour la Ligue des champions. Est-ce que tu as réussi à te poser un peu cet été pour réaliser ?

Je réalise petit à petit. Mais c’est plus quand je discute que je m’en rends compte. Ou quand il y a les soirées de Ligue des champions la veille de nos matchs et que je me dis : « Demain, c’est moi. » Mais ma vie reste la même, je suis toujours le même Mons. C’est pour les gens autour que c’est différent. Il y a un tout autre traitement, il y a une certaine forme de respect, même de fierté. Alors que pour moi, c’est normal, peut-être parce que je le vis, mais voilà quoi, il n’y a pas forcément de changement en soi.

Et ce parcours (Dynamo Kiev et l’Étoile rouge de Belgrade puis la phase de groupes) n’aurait pu jamais exister si tu n’avais pas marqué contre Tel Aviv… Et quel but ! 

Comme arrivée, difficile de faire mieux. Je ne me pose pas de questions. Je vois le ballon en l’air et je ne regarde le gardien qu’une fois, en fait. En plus, je me rends compte que le défenseur n’est pas trop proche de moi donc je me dis que j’ai plus de chance de tirer en la prenant en une touche qu’en contrôlant. Le reste, c’est de l’instinct. Et je sors cette bicyclette sortie de nulle part.

Tu n’étais pas à ton coup d’essai… 

Chaque année, j’en mets une. J’en ai mis une à Bastia-Borgo, puis à Pau et une à Clermont. Et une ici. Tout le monde me dit que je ne fais pas exprès ou que c’est de la chance. Mais bon, je pense que quand ça arrive toutes les années, à force c’est un peu voulu. Même s’il y a une grande part de réussite. Pas forcément sur le geste en lui-même mais sur la finalité : but ou pas but.

Entendre cet hymne mythique, alors, ça fait quoi ? 

Très bizarre. La première fois que je l’ai entendu, c’était à Belgrade en barrages. C’était quelque chose, mais tu sais que c’est un tour qualificatif. Sauf qu’à Olympiakos à la J1, ce n’est pas pareil. Même l’ambiance du stade, les éclairages, tout est différent. Tu sens que la journée, elle est différente aussi. C’est les grands soirs, comme on dit. Et puis ce ballon étoilé…  Il nous a tous fait rêver.

Comment arrives-tu à Paphos, après une saison un peu compliquée à Clermont (5 buts en 33 matchs) ?  

Clermont avait des soucis financiers et voulait économiser certains salaires, surtout que j’avais une petite valeur marchande. J’ai eu pas mal de propositions et j’ai choisi d’aller à Paphos car je voulais connaître une expérience à l’étranger. Avec surtout l’espoir de jouer l’Europe.

J’ai l’impression de revivre un peu la même chose qu’à Pau, avec un club très famille et une proximité avec les supporters. Quand on les croise, ce qui m’a marqué, c’est qu’ils s’intéressent à l’humain et pas qu’au joueur.

Première expérience à l’étranger : ce qui te change le plus ? 

Ici, il fait chaud quasiment toute l’année. Pour moi, en tout cas. Pour les Chypriotes, actuellement, il fait froid, mais il fait 25 degrés. On s’entraîne uniquement les après-midi aussi. Ça change de la France. Et les déplacements se font uniquement en bus parce que c’est une île.

Définis-nous ce club qui n’a que onze ans d’existence, un propriétaire russe, dans une ville de 32 000 habitants et un stade non homologué pour la Ligue des champions.

Déjà, c’est un club qui veut grandir. On a de bons moyens. Le centre d’entraînement est vraiment top et notre stade va être refait pour qu’on puisse jouer la Coupe d’Europe à la maison. La ferveur prend autour de ce petit club qui commence à se faire connaître. J’ai l’impression de revivre un peu la même chose qu’à Pau, avec un club très famille et une proximité avec les supporters. Mais, ici, ils sont vraiment tranquilles avec nous. Quand on les croise, ce qui m’a marqué, c’est qu’ils s’intéressent à l’humain et pas qu’au joueur. C’est un club qui est en train de se développer. D’ici 5 ans, ce sera un club qui jouera régulièrement des Coupes d’Europe je pense.

Votre prochain match en LDC, c’est Monaco. Tu suis encore la Ligue 1 ?

Oui. J’ai pas mal de mes gars qui jouent en L1. Monaco va un peu mieux, ça sera un bon match. Et puis ça reste une équipe française, donc je sais que ce match sera plus suivi en France.

Et puis après, déplacement à Stamford Bridge. Chelsea en un mot ?

Pour moi, Chelsea ça reste Didier Drogba. C’est l’attaquant de ma jeunesse que j’adorais par son style et encore aujourd’hui son image renvoie à Chelsea. Drogba, c’est le jeu PES 5 sur la Play avec Didier Drogba sur la maquette face à Thierry Henry. C’est toute mon enfance.

David Luiz, avant de le rencontrer ici, c’était un joueur que je ne voyais qu’à la télévision. Ça m’a fait bizarre la première fois que je l’ai vu dans la salle de soins.

Chelsea, c’est aussi David Luiz qui est ton coéquipier. Comment est-il à 38 ans ? 

Il revient bien en rythme et nous apporte beaucoup sur et en dehors du terrain. Mais tu vois, je te disais que la Ligue des champions était spéciale pour moi parce que c’était une compétition « de télévision ». Mais David Luiz, avant de le rencontrer ici, c’était un joueur que je ne voyais qu’à la télévision. Ça m’a fait bizarre la première fois que je l’ai vu dans la salle de soins. Surtout qu’en plus, il m’a directement parlé en français en demandant comment j’allais et si tout allait bien. Donc ça veut dire qu’avant ma signature, il s’était renseigné sur la recrue que j’allais être et qu’il avait pris le temps de s’intéresser. Alors qu’il pourrait être ici en mode tranquille, avant la retraite.

Tu pourrais nous partager un conseil qu’il t’a donné et où tu t’es dit : « OK, ça, c’est le très haut niveau » 

Que je dois apprendre à analyser le temps. Parce qu’en fait, dans le football, si tu arrives à maîtriser le temps, tu maîtriseras beaucoup de choses. Sur les prises d’infos, sur à quel moment faire la course, sur quel moment dribbler, sur quel moment sortir pour presser un défenseur… Par exemple, aller dans le contre-pied : c’est uniquement une maîtrise du temps à la base et seulement après tu ajoutes la course. Et venant d’un défenseur, je prends ce conseil très au sérieux. C’est vraiment quelqu’un de bien qui me donne énormément de conseils. Alors qu’en soit, il n’est pas obligé à 38 ans. Un mec comme ça, constamment derrière moi, je me dis que c’est peut-être de bon augure. Il a joué de grandes compétitions, dans les meilleurs championnats, donc si ces mecs-là me donnent des conseils, c’est pour que je progresse. Et c’est comme ça que tout le club grandit aussi en même temps.

Deux matchs, et déjà deux surprises en Ligue des champions

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