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Monaco, un projet plombé sans la Ligue Europa ?
Au bord de l'élimination en Ligue Europa, l'AS Monaco peut perdre l'espoir d'une nouvelle épopée européenne, ainsi que la possibilité de mettre en avant ses actifs. De quoi plomber le modèle monégasque basé sur des reventes au prix fort ?
Battu à la maison par Anderlecht, Monaco est dans la mouise. Pour espérer un printemps européen, les Monégasques doivent s’imposer à White Hart Lane tout en priant pour que les Belges ne battent pas Qarabağ. Autant dire que le destin de l’ASM ne tient qu’à un fil très fragile. Un peu comme l’an passé en Ligue des champions quand les hommes de Leonardo Jardim s’avançaient face au Zénith avec un total de 2 buts en 5 matchs. À la différence significative que Monaco avait son destin en main et le jouait à Louis-II. Un an plus tard, on peut mesurer l’impact positif de la qualification sur les finances du club : grâce en partie à son exploit contre Arsenal, le Club de la Principauté a vendu au prix fort Martial, Kurzawa, Kondgobia ou encore Abdennour. Un sans-faute dans un modèle économique qui consiste à recruter des forts potentiels pour les revendre avec de grosses marges. En cas d’élimination précoce en Ligue Europa, Monaco pourrait perdre une très grosse vitrine que constitue l’Europe.
Falcao, Bacca, Rakitić, merci la Ligue Europa
« Il ne faut pas se mentir, la phase de poules est un peu confidentielle, mais une fois arrivé aux seizièmes de finale avec les matchs à élimination directe, tout ce qu’il se passe en Ligue Europa est scruté » estime l’agent de joueurs Christophe Hutteau. Sur les dernières saisons, plusieurs acteurs majeurs du mercato ont ainsi fait exploser leur prix après une participation en C3 : Falcao, Salah, Marković, Mangala ou encore Rakitić, transféré au FC Barcelone après avoir remporté l’épreuve avec le FC Séville. Le cas Falcao, avec ses 17 buts avec Porto en 2011, a débouché sur un transfert à 40 millions à l’Atlético Madrid, mais pour Hutteau, « le Colombien aurait peut-être coûté moins cher sans Jorge Mendes pour agent » . Comme Eliaquim Mangala à l’été 2014, devenu le plus cher défenseur au monde en passant à Manchester City ? « C’est incontestable que la Ligue Europa offre une visibilité internationale, sur le CV d’un joueur, c’est un argument » , assure l’ancien agent de Mathieu Valbuena. Un aspect bien compris par les clubs portugais comme le FC Porto ou Benfica qui, après chaque gros parcours en C3, écoulent leurs stocks de joueurs au prix fort. La dernière fournée de gros transferts estampillés révélations de la Ligue Europa confirme une influence positive : Carlos Bacca, transféré de Séville à Milan pour 30 millions, Luciano Vietto de Villarreal à l’Atlético Madrid pour 20, ou encore Andrej Kramarić, pour qui Leicester a claqué 12 millions l’hiver dernier pour le déloger de Rijeka avec qui il avait marqué huit fois en C3. Yehven Konoplyanka n’a rien rapporté à son club, car il était en fin de contrat, mais il est évident que le FC Séville a en partie craqué sur lui grâce au parcours jusqu’en finale de Dniepropetrovsk.
La Ligue 1, un marché privilégié
Si la petite Coupe d’Europe n’a pas le prestige de sa grande sœur, elle n’en reste pas moins attractive selon Hutteau, « notamment parce que de gros clubs y sont reversés au mois de février » . Mais l’agent estime qu’il ne faut toutefois pas exagérer l’impact d’une élimination prématurée sur la politique monégasque : « Il n’y a pas de recruteur sérieux qui se base sur une seule compétition alors qu’un accident est si vite arrivé. » S’il est clair que Monaco ne peut se permettre de passer à côté chaque saison, ce mini-fiasco européen ne fera que retarder la valorisation des joueurs les plus rentables de l’effectif. « Surtout que la France reste un championnat très suivi par les recruteurs européens, on est une sorte de centre formation pour la Premier League, la Bundesliga et la Liga espagnole… » Et puis l’ASM pourra toujours se rattraper via l’Euro 2016, qui concernera sa colonie portugaise. En 2014, le club princier avait réalisé sa première grosse plus-value avec James Rodríguez, qui s’était illustré en Coupe du monde. La chance, cela compte aussi en business.
Par Nicolas Jucha