- MLS Cup – Columbus Crew/Portland Timbers
MLS Cup : où sont les stars ?

Le Columbus Crew accueillera ce soir les Portland Timbers dans l'Ohio pour une finale de playoffs inédite. Un match au sommet qui fait pourtant grincer des dents dans les hautes sphères de la Major League Soccer. Comment rendre un tel match attractif si aucune star n'y prend part ?
Ce dimanche soir, lorsque les 22 acteurs de la Audi MLS Cup entreront sur la pelouse, certains des dirigeants de la Major League Soccer pousseront sans doute un discret soupir derrière leur sourire de circonstance. Don Garber sera là, évidemment, et vivra l’événement pleinement. Car s’il n’est sans doute pas satisfait de la tournure qu’ont pris les playoffs cette année, il faut bien se garder de lui enlever son dévouement quasi passionnel à sa Major League Soccer. Le Mapfre Stadium sera plein, et les 22 000 et quelques spectateurs présents donneront de la voix pour encourager leur Crew, cette franchise que personne ne voyait atteindre ce niveau-là de la compétition. La Timbers Army sera là, elle aussi, avec une bûche qui aura fait la route par camion depuis le 3 décembre et une centaine de supporters qui se sont arrachés les places en vente en une poignée de secondes. Pourtant, et c’est déjà presque une évidence, cette finale sera peu suivie. Non pas qu’elle ne soit pas intéressante sur le plan sportif. Mais elle ne présente, sur le plan marketing, aucun intérêt. Don Garber le sait, les autres dirigeants également, et c’est bien pour cela qu’ils soupirent.
Pas de stars = ennui ?
Avant toute analyse, il est important de rappeler que l’équipe de Columbus et celle de Portland ont mérité de disputer cette finale. Quand bien même les gens que le système de playoffs rebutent iraient remettre ceci en cause, ils seraient bien embêtés en regardant le classement général de la fin de la saison régulière. Le Columbus Crew et les Portland Timbers ont terminé à égalité à la troisième place. Ce qui embête Don Garber, ce n’est donc pas le niveau de jeu affiché, mais bien les effectifs alignés. Depuis le début de la décennie, le commissaire général n’a cessé de vendre sa MLS comme une ligue où se retrouvent les stars d’Europe et d’ailleurs. Seulement voilà, Columbus et Portland n’en possèdent aucune. Pas de David Villa, Kaká, Sebastian Giovinco, Jozy Altidore, Michael Bradley, pas plus que de Frank Lampard, Steven Gerrard ou d’Andrea Pirlo et de Giovani dos Santos. Forcément, difficile de faire volte-face et d’expliquer ensuite que les véritables stars sont en fait Nat Borchers et Kei Kamara.
Du côté du Columbus Crew, un seul joueur désigné (joueur dont le salaire peut dépasser l’enveloppe salariale prévue par la ligue, ndlr) : Federico Higuaín, qui sera le seul joueur présent sur la pelouse à faire partie de la liste des 20 joueurs les mieux payés de la MLS. Chez les Bûcherons, on en retrouve trois : Liam Ridgewell, Diego Valeri et Fanendo Adi. Des joueurs de poids dans leurs effectifs respectifs, mais pas des stars internationales. Pourtant, le niveau de jeu sera au rendez-vous. Kei Kamara est dans une forme exceptionnelle et Federico Higuaín a encore de quoi briser quelques reins. De l’autre côté, si Liam Ridgewell a passé plus de temps à se battre pour éviter la relégation en Premier League qu’à aller chercher des trophées, il n’en reste pas moins un défenseur d’expérience, tout comme Nat Borchers, le meilleur défenseur de la ligue cette saison (et le premier défenseur du monde avec une telle barbe). L’autre sensation chez les Timbers s’appelle Darlington Nagbe, jeune milieu de terrain américain qui vient tout juste d’honorer sa première sélection.
Columbus, Ohio
Grâce à une différence de buts plus soignée, le Crew a gagné le privilège d’héberger la MLS Cup dans son jardin, le Mapfre Stadium. Autre point noir pour Don Garber, la capitale de l’Ohio n’est pas connue pour être la ville la plus soccer-friendly des États-Unis. D’ailleurs, l’affluence moyenne du Mapfre Stadium fait partie des plus basses du pays, malgré le dévouement inouï des groupes de supporters locaux. Alors oui, le commissaire général aurait sans doute préféré voir une finale se dérouler à New-York, ou à Los Angeles. L’année dernière, c’était d’ailleurs le StubHub Center qui avait accueilli la MLS Cup, alors remportée par le Los Angeles Galaxy (1-0, a-p.) face au New England Revolution. En 2013, la finale s’était déroulée dans le stade flambant neuf du Sporting Kansas City. Alors oui, aux yeux de Don Garber, Columbus, Ohio, ce n’est pas vraiment la ville idéale pour montrer au monde ce que vaut sa Major League Soccer.
Avec cette finale, les grosses franchises et les hauts dirigeants se rendent compte que les gros noms ne font pas forcément les grandes équipes. Et qu’avant de penser marketing, il faut penser collectif. Mais outre cette leçon de morale basique, c’est tout le système de développement de la Major League Soccer qui est remis en cause aujourd’hui. Pour beaucoup, cette finale est la preuve que Don Garber gagnerait plus à promouvoir et à accompagner la naissance de la formation aux États-Unis plutôt que de vouloir aller trop vite en besogne en faisant de sa ligue une maison de retraite pour vieux joueurs du Vieux Continent. D’autres, qui veulent aller plus loin encore, demandent le passage à un championnat « classique » avec des montées et des descentes. Une chose est sûre, ce système éviterait à Don Garber de se retrouver l’an prochain avec une finale de MLS Colorado Rapids – Philadelphia Union.
Par Gabriel Cnudde