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Mendilibar : « Mon travail, c’est éviter les jongleries »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix

Entraîneur du FC Séville depuis un peu moins de deux mois, José Luis Mendilibar a donné un second souffle à un collectif andalou en quête de confiance. Avant la demi-finale retour de Ligue Europa contre la Juventus, le Basque se confie.

Mendilibar : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Mon travail, c’est éviter les jongleries<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Bonjour José Luis. Vous êtes arrivé avec le rôle de pompier dans une équipe en crise de résultats sous le mandat de Jorge Sampaoli. Quel était votre premier discours devant votre nouveau groupe ?

Mon premier entraînement s’est fait avec dix ou onze joueurs de l’équipe première. La moitié de l’équipe était soit en sélection nationale, soit blessée. J’ai tout de suite mis l’accent sur la prise de conscience des joueurs par rapport à leurs bonnes qualités. L’élément manquant pour qu’ils puissent performer, c’était la sérénité. Pendant dix jours, j’ai pu leur faire comprendre ce dont j’avais le moins besoin, les faire adhérer à mon idée de jeu et leur montrer que cela avait du sens. Quand les internationaux sont rentrés et qu’ils ont vu le contenu des séances, ils ont noté un changement d’état d’esprit. À partir du moment où nous avons remporté notre premier match (0-2 à Cadix), tout le groupe s’est mis à croire au projet. Le moteur pour créer une dynamique positive, c’est toujours le résultat.

En analysant des données de l’équipe, j’ai constaté que Bono, notre gardien de but, était le joueur qui participait le plus au jeu en phase offensive. Cela ne m’a pas plu. Ce sont les milieux offensifs et les attaquants qui doivent toucher le ballon quand nous attaquons, pas le gardien !

Comment se traduisent les entraînements ?

Il faut leur donner envie. Quand il y a du plaisir à s’entraîner, cela sert l’entraîneur et le joueur. Tu fais une heure et quart d’exercice, mais cela doit être en mouvement, je veux du dynamisme. Je veux que le ballon circule, qu’on presse le porteur, et je me fiche de la possession. Si nous attaquons, je mets l’accent sur la transition rapide et j’évite de passer du temps dans notre zone défensive, où perdre le ballon peut s’avérer dangereux. En phase de récupération, mon équipe doit presser haut pour gêner la relance adverse et passer rapidement en phase offensive. L’objectif est toujours le même : être mobile en permanence.

Avant votre arrivée, Séville était la 18e défense de Liga avec 42 buts encaissés en 26 journées. Depuis votre arrivée, Séville a concédé 10 buts en 11 matchs et comptabilise sept victoires et trois nuls pour une seule défaite. C’était quoi la formule pour gagner à nouveau ?

En analysant des données de l’équipe, j’ai constaté que Bono, notre gardien de but, était le joueur qui participait le plus au jeu en phase offensive. Cela ne m’a pas plu. Ce sont les milieux offensifs et les attaquants qui doivent toucher le ballon quand nous attaquons, pas le gardien ! Le gardien peut participer, mais l’objectif, c’est d’aller de l’avant. Pour dégager le ballon, je demande toujours à ce que cela soit fait vers l’extérieur pour éviter les occasions adverses. Aussi, si le ballon se retrouve majoritairement dans le camp opposé, cela me convient, car nous sommes proches du but adverse et nous nous éloignons du nôtre. Plus mon équipe joue chez l’adversaire, plus les opportunités de marquer augmentent.

Vous étiez habitué à jouer le maintien lors de votre long passage à Eibar en Liga. Quels éléments avez-vous utilisés pour conditionner Séville, une équipe habituée à jouer les premiers rôles, à remplir dans un premier temps cette mission du maintien ?

Il faut convaincre le vestiaire que jouer le bas de tableau n’est pas à la portée de tous. Tu as beau t’appeler le FC Séville et être meilleur sur le papier, si tu n’es pas prêt à jouer pour survivre, tu te fais surprendre, car les concurrents sont plus habitués à évoluer dans un contexte périlleux. Mon travail, c’est apporter du pragmatisme et éviter les jongleries. Après notre victoire à Bilbao (0-1 grâce à un penalty obtenu sur une pression haute à l’entrée du temps additionnel, NDLR), leur entraîneur Ernesto Valverde a expliqué que son équipe avait commis une erreur de jugement, mais qu’en temps normal, l’adversaire reste au milieu du terrain et ne va pas presser le porteur à la 89e minute. Ce sont des détails, mais ces débauches d’énergie font la différence. Aujourd’hui, nous sommes plus dangereux en déplacement qu’à domicile, car les équipes se recroquevillent quand elles arrivent à Sánchez-Pizjuán.

Le FC Séville ne comptait pas uniquement se maintenir en Liga, et on m’a bien fait comprendre que galvauder la Ligue Europa n’était pas une option.

La Ligue Europa, c’était un moyen de vous préparer à cette lutte au maintien en Liga ou un objectif prioritaire dès le départ ?

Le FC Séville ne comptait pas uniquement se maintenir en Liga, et on m’a bien fait comprendre que galvauder la Ligue Europa n’était pas une option. C’était un défi à titre personnel, car cela signifiait jouer tous les 3-4 jours, il fallait repenser nos entraînements et optimiser la récupération. Il y avait cette double confrontation contre Manchester United, et je sentais que l’équipe ne voulait pas passer à côté d’une telle opportunité. Le club avait déjà passé deux tours contre de belles équipes (PSV Eindhoven et Fenerbahçe, NDLR), les joueurs se sentaient forts dans cette compétition, ils pouvaient compter sur l’aide de leur public. Moi, j’ai compris tout cela un peu après.

Quand ça, exactement ?

À Old Trafford. C’était ma première expérience européenne, je débarque dans un stade mythique avec plus de 70 000 spectateurs. À vrai dire, j’étais un peu impressionné. D’ailleurs, nous perdons 2-0 après vingt minutes de jeu. Là, je me dis : « Putain, mais à ce rythme-là, on va en prendre quatre ou cinq, et il n’y aura plus d’intérêt à jouer le retour à Séville… » Et puis après la mi-temps, j’ai senti que le vent commençait à tourner. Manchester United s’est mis à ronronner, leur pressing était moins intense, et nous nous rapprochions du but adverse. Nos deux buts sont arrivés sur des coups de billard, mais nous avons cru en nous. Nous avons pris l’ascendant psychologique à ce moment. Ensuite, nous avons réalisé un grand match retour de A à Z, ils n’ont pas su comment sortir de notre pressing.

Lors du retour, vous avez notamment pu compter sur un but de Loïc Badé. Que pensez-vous de son apport dans l’équipe ?

C’est un garçon très fort. Il est encore dans l’apprentissage, mais défensivement, il possède des qualités d’anticipation dans les moments cruciaux. Son potentiel physique l’aide à bien défendre, mais il est également au point tactiquement. Là où son jeu peut encore s’améliorer, c’est dans ses sorties de balle avec des coéquipiers pour effacer les adversaires plus facilement. Il doit aussi maintenir une vigilance en phase offensive, pas seulement observer le ballon, mais aussi ce qu’il se passe autour pour bien se situer dans l’espace. En cas de perte de balle, c’est important de ne pas se faire surprendre.

 

Vous avez été rejoint à la toute dernière seconde du match aller contre la Juventus. Qu’est-ce qui a manqué à Séville pour l’emporter à Turin ?

En première période, nous étions supérieurs. Ils savaient que nous allions les presser haut, mais ils ne pensaient peut-être pas que nous serions aussi féroces. Nous avons marqué en premier, puis nous n’avons pas saisi les opportunités pour marquer une deuxième fois. Si tu ne tues pas le match contre la Juventus, tu t’exposes à une égalisation. Pour être franc, cela fait mal d’encaisser un but de la sorte à ce moment du match. Mais après coup, c’est un mal pour un bien. Avec une victoire d’un but à l’extérieur, tu joues le match nul au retour, tu calcules et c’est contre-productif. Là, ce n’est pas compliqué : la bataille continue, et il faut gagner.

Paul Pogba s’est montré décisif sur l’égalisation turinoise. Son absence au retour est-elle une bonne nouvelle pour le FC Séville ?

Il n’était pas titulaire au match aller, et ça veut bien dire quelque chose. Attention, je n’enlève rien aux qualités de ce joueur et ses trophées remportés. Mais actuellement, il joue très peu. En fin de saison, les entraîneurs doivent composer avec leurs blessés. Bien sûr, ces blessés peuvent manquer, mais leur absence ne doit pas peser pour un entraîneur quand celui-ci sait qu’il ne peut pas compter durablement sur eux. Cette saison, la Juventus a relevé la tête sans Pogba pour retrouver sa deuxième place en championnat. Sans sa présence, elle est parvenue à réaliser de belles performances.

Face à la Juve, je m’attends à un match bien plus serré que celui contre Manchester.

Sur quels éléments comptez-vous vous appuyer lors du match retour pour obtenir le même dénouement que face à Manchester ?

Déjà, nous devrons être plus patients. À la différence des équipes anglaises, les formations italiennes ne souhaitent pas forcément gagner dès la première minute. Elles savent patienter pour attaquer au moment opportun. Nous allons devoir mettre du rythme, jouer dans leur camp et convertir nos occasions de but, que nous en ayons cinq, quatre ou deux. Et bien entendu, rester vigilants sur nos transitions, car ils possèdent des footballeurs capables de nous surprendre. Face à la Juve, je m’attends à un match bien plus serré que celui contre Manchester.

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Propos recueillis par Antoine Donnarieix

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