Mboma : « J’ai quelque chose à rendre au Cameroun »
Certains font les acteurs, d'autres sont commentateurs sportifs ou vendent des piscines en Bretagne. On avait perdu sa trace mais pour sa reconversion, Patrick Mboma le globe-trotteur est devenu le numero deux d'une entreprise de micro-finance. Rencontre avec le meilleur footballeur camerounais de sa génération.
Patrick parle-nous de ta reconversion, comment en es-tu arrivé à travailler dans la micro-finance ?
J’ai été amené à rencontrer des gens avant que je n’arrête. Un médecin d’abord et un économiste ensuite, des fortes têtes de la diaspora au service du continent africain. J’ai compris qu’il y avait quelque chose qui se montait de la part de la diaspora. Et j’ai décidé de rejoindre le groupe Hope Finance, depuis maintenant plus d’un an.
Qu’est-ce que vous faites exactement ?
Nous, on est dans un domaine d’innovation. Il y a de gros flux entre le reste du monde et l’Afrique, la diaspora rapatrie beaucoup d’argent sur le continent. C’est souvent pour répondre à des situations d’urgence. Et c’est beaucoup d’assistanat, et rarement productif. Donc, nous on a décidé de rendre ce flux plus efficace et de faire en sorte que l’on transfère du service plutôt que de l’argent pour impacter l’économie locale, et jouer sur le pouvoir d’achat, donc sur le chômage et la création d’emplois. Il s’agit de transférer des connaissances et apporter des soins médicaux de qualité. Tout cet apport, on veut le rendre réel.
Tu es aussi médiateur au sein de l’équipe du Cameroun, c’est une sorte psychothérapeute ?
Ça c’était plutôt Yannick Noah quand il venait ! J’ai beaucoup profité des Africains. J’ai été adulé un temps et ça m’a boosté. J’ai quelque chose à rendre au continent et plus particulièrement au Cameroun. Un temps un ministre a dit : « Je vais l’appeler pour servir l’équipe nationale ! » . Il a cherché un titre et il a pas trouvé autre chose que médiateur ! Médiateur, ça veut dire qu’il y a déjà des conflits ! Mon idée est de donner des conseils dans la structuration globale du football camerounais. J’ai l’expérience d’ici et de là-bas, je sais ce qui peut être greffé et ce qui ne peut pas l’être. Puis bon, après, les ministres ont changé. Comme le titre de médiateur a été donné par un décret et qu’il n’y a pas eu de décret pour l’enlever, bah je suis quand même médiateur mais je n’ai pas signé de contrat et je ne suis pas rémunéré ! Si on m’appelle, j’y vais, si on ne m’appelle pas, je reste à mes fonctions.
Tu penses que Paul Le Guen va avoir besoin d’un médiateur ?
J’espère que ça va bien se passer ! Que Paul va emmener l’équipe à la Coupe du Monde. Je pense que s’il avait senti qu’il avait besoin d’un médiateur, il me l’aurait demandé. Pour l’instant, ça marche bien pour lui. De toute façon, il faut que ça marche. Il a de grosses échéances, il faut qu’il nous amène quatre victoires, il n’a pas le choix, on ne lui donne pas le choix (rires) !
Tu supportes le PSG aujourd’hui?
Ah oui, oui ! Quand j’étais petit je supportais Saint-Étienne. J’étais stéphanois, stéphanois et stéphanois. C’est sûrement à cause de la chanson des Verts que je les ai supportés. Quand j’arrive à 19 ans au Paris Saint-Germain, je ne me transforme pas en supporter. Bon, je n’étais plus stéphanois, car j’aime les équipes qui gagnent ! Mais quand on est en formation, on a des modèles, et on se retrouve naturellement à les supporter. Et pour moi, c’est quand même le plus grand club français de loin ! C’est le club qui m’a permis aujourd’hui d’avoir ce que j’ai. Maintenant, je suis un vrai supporter du Paris Saint-Germain, malgré les souffrances. C’est vraiment mon équipe !
Tu parlais de modèles ?
Quand on est Africain et qu’il y a un certain Mister George qui arrive… En plus, attaquant… Et puis on voit les Brésiliens débarquer. Leonardo, Valdo. Puis après Raï. Il y a Bernard Lama qui me prend sous son aile. C’est quand même des stars ! De sacrés joueurs, des internationaux. Donc, ça calme ! C’est une équipe qui, à l’époque, fait peur. Beaucoup de joueurs me faisaient délirer. Mais c’est sûr qu’étant attaquant et africain, George était l’exemple.
Tu comprends la décision du Barça de se séparer d’Eto’o ?
C’est un peu inexplicable à mon sens. Il y a une île là, c’est comme dans Astérix, il y a ce petit territoire qui voit le football un peu différemment et qui s‘appelle Barcelone. Je pense que même si Ibrahimovic est un joueur extraordinaire, je n’arrive pas à comprendre comment un joueur qui a une telle emprise sur le jeu -Eto’o vient quand même de marquer 30 buts cette saison- peut être estimé en tant que valeur à « Ibrahimovic + 40 millions ». Je trouve que l’Inter a fait une super affaire. Financièrement, Barcelone a fait un bide qu’ils vont regretter.
Quel est le joueur qui t’impressionne le plus aujourd’hui ?
J’ai du mal à être impressionné ! Il y a toujours un joueur qui fait des choses exceptionnelles. Ça a été le cas de Cristiano Ronaldo. Je ne suis pas supporter de Léo Messi. Je n’aime pas sa façon de garder le ballon et d’essayer de dribbler jusqu’à ce qu’il arrive à passer. Il veut marquer plus de buts que les autres. Mais bon, il est impressionnant quand même. Après, des joueurs impressionnants, il y en a d’autres. Steven Gerrard fait des choses exceptionnelles, Ibrahimovic de temps en temps, Eto’o continue a en faire.
Iniesta ?
Il peut faire partie des deux ou trois pour le Ballon d’Or mais il ne fera pas partie des joueurs de l’Histoire comme des Zidane, des Platini, des Cruyff.
Zidane t’impressionnait ?
On s’est croisés pour des Cagliari-Juve ou dans la loge du spectacle de Jamel aussi. J’ai ce souvenir d’un passement de jambes qu’il me met au milieu de terrain. Avant qu’il ne l’exécute, je me dit « Si tu fais ce passement de jambes, je te prends la balle ! » . Sauf qu’il le fait tellement bien que je me prends la feinte quand même. Bon je ne suis pas un défenseur ! Et si j’en avais été un, j’aurais été de ceux qui mettent du temps à se retourner ! Je me suis pris Boban aussi. Il a sa putain de feinte qu’il fait tout le temps ! Je me dis « Je l’ai vue un million de fois à la télé » ! Et il me l’a faite quand même ! Putain quand on dit d’un joueur qu’il est spécial, il est vraiment spécial. Ou alors je suis vraiment un joueur standard. Ou un mauvais défenseur, faut le voir comme ça !
Ça te fait quoi d’avoir été le meilleur joueur du jeu video ISS 99 ?
Je sais que j’étais bon ! Mais de là à savoir que j’étais le meilleur… Je sais que j’ai une frappe de mule, que je vais vite et que je suis bon de la tête ! A l’époque, quand je suis arrivé à Parme en 2000, Amoruso, mon coéquipier brésilien, me dit « Je te prends tout le temps ! » . Et chaque fois que j’allais quelque part c’était « Ouais toi je te mets tout le temps dans mon équipe ! » .
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