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Mbappé, la conférence de rien

Par Nicolas Kssis-Martov

On le sait : Kylian Mbappé est un grand communicant. Mais à force de maîtriser l’exercice, ne se contente-t-il pas du service minimum ?

Mbappé, la conférence de rien

Les conférences de presse de l’équipe de France servent-elles à quelque chose ? La question ne devrait même pas se poser au regard de la place des Bleus dans le paysage médiatique national et au nom de l’intérêt de la presse sportive et de son utilité. La prestation fournie ce vendredi par le capitaine de l’EDF en a fourni la énième illustration. De retour face aux médias en sélection, une première depuis le mois de juin, Kylian Mbappé a tellement dominé son sujet face aux questions attendues des journalistes que la séquence, assez brève, donnait l’impression d’assister à une simulation fournie par une IA. Depuis son apparition précoce dans le foot tricolore, Kylian Mbappé impressionne, y compris devant les micros. Il ne craint pas les médias. Il en connaît les codes. Il doit même probablement aimer ce que beaucoup de ses collègues s’imposent comme une punition. Il se permet souvent, par exemple lorsqu’on essaie maladroitement de lui demander quel est son partenaire préféré en attaque, de reprendre les confrères d’un clin d’œil complice, dans une sorte de « Bien tenté, mais je t’ai vu venir ». Il est presque à deux doigts de noter les personnes présentes dans la salle, à l’instar d’un cours en école de journalisme dont il serait le professeur plus expérimenté. Il a su renverser le rapport de force, car par certains aspects, il est le meilleur professionnel, pas forcément le plus pertinent ni le plus intéressant.

Ce vendredi avec Kyks, à la veille de France-Gibraltar, nous avons donc eu le droit à toutes les figures imposées, ciselées au mot près. À commencer par la fausse modestie au service du collectif : « La première fois que je suis venu, j’avais annoncé que je n’allais pas venir à toutes les conférences de presse, du fait du rôle d’Antoine. Je ne suis pas son supérieur hiérarchique. J’ai dit aussi qu’on allait laisser la porte ouverte à de nouveaux leaders. Maignan et Tchouaméni sont venus. C’est mon tour de revenir, le coach me l’a demandé, donc je suis là. » Puis la confidence intime autour du cas Warren Zaïre-Emery : « On est là pour l’accompagner. Je n’ai pas de conseils à lui donner, car il va apprendre tout seul quand il fera des erreurs. C’est un plaisir d’avoir ce rafraîchissement dans l’équipe. Il a l’âge de mon petit frère. Il est en train de faire ses devoirs, c’est n’importe quoi. On veut qu’il soit lui-même, notre mission, c’est de le protéger. » Sans oublier l’autopromotion, façon grand seigneur, autour du Ballon d’or : « Je n’ai pas peur qu’il m’échappe. Messi le mérite. Le 18 au soir, je savais qu’il avait gagné la Coupe du monde et le Ballon d’or. J’ai fait une grande saison, comme Haaland, mais quand tu gagnes la Coupe du monde, ça fait la différence. » Son visage fermé lorsqu’il a quitté la salle tenait pourtant un autre discours. Et bien sûr le patriotisme sportif, un de ses registres privilégiés : « L’équipe de France n’appartient à personne, il y a plusieurs leaders, et j’en fais partie. » Même sur sa situation contractuelle au PSG – son contrat expire en juin 2024 –, Kyks s’est contenté de dribbler : « Ce n’est absolument pas l’actualité de l’équipe de France, je suis venu ici en tant que capitaine de l’équipe de France et j’aimerais le rester pour les jours qui viennent. Si cette question vous tient à cœur, il faut venir au Campus PSG, vous me la posez, et j’y répondrai si je suis amené à venir en conférence de presse. Normal, non ? Le pays avant tout. » Comme c’est pratique.

L’impression dominante reste un goût d’inachevé. La promesse du jeune prodige semble un peu patiner dans l’autosatisfaction. Devenu capitaine, il était possible d’imaginer qu’il aurait à cœur d’utiliser son aisance devant la presse, qu’il travaille depuis l’enfance quand il s’inventait des fausses interviews, pour sortir de sa zone de confort. Au lieu de cela, seule la forme prime. Sur le fond, plus grand-chose ne l’éloigne, si on se penche sur l’analyse du texte, du robinet d’eau tiède de Didier Deschamps ou de son prédécesseur Hugo Lloris. On devient presque nostalgique de l’époque du « Pivot Gang » lorsqu’il profitait de la parenthèse de l’EDF pour faire passer des messages auprès du PSG. On reste en droit d’attendre davantage d’un grand joueur qui, pour une fois, possède les fondamentaux de la communication.

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