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Maël Corboz : « À Bielefeld, on dirait que c’est un jour férié ! »
Au lendemain de la victoire de l’Arminia Bielefeld contre le Bayer Leverkusen en demi-finales de Coupe d’Allemagne (2-1), le capitaine franco-américain, Maël Corboz, a accepté de répondre à sofoot.com pour s’arrêter sur les retombées d’un tel exploit, son club et les ambitions que l’Arminia nourrit désormais.

Après votre victoire contre Leverkusen, ton coach a dit que personne ne dormirait hier soir. Vous avez fêté ça comme il se doit ?
On a fini la soirée au stade. On a bien fêté ça avec l’équipe, avec le club. Je crois que je suis parti à 6h du matin, c’était la folie. Après, on a commencé à aller en boîte de nuit, mais c’était tellement plein de supporters qu’on a dû partir. La ville pour un mardi soir, c’était vraiment incroyable.
Raconte-nous un peu ce que vous vivez depuis hier soir ?
Je suis allé en ville pour manger, on dirait que c’est un jour férié. Il y a du monde partout ! Je reçois des messages de gens à qui je n’ai pas parlé depuis presque 10 ans. Je crois qu’on ne se rend pas encore compte et qu’on va mettre encore un peu de temps pour réaliser.
Vous croyiez à la victoire contre le tenant du titre et deuxième de Bundesliga avant de jouer ce match ? Comment vous l’avez préparé ?
On y croyait comme tout compétiteur, mais c’est vrai que c’était dur à imaginer. Hier, mais aussi les tours précédents, j’avais vraiment du mal à imaginer qu’on allait gagner. On connaît tous le Bayer Leverkusen, on connaît tous les joueurs, les capacités techniques, physiques qu’ils ont. Tu analyses le match et tu te rends compte que tu vas jouer contre Xhaka, Frimpong, Mukiele… C’est un truc de fou. Après, sur le terrain, il faut y croire, tout donner et espérer que tout se passe bien. Et il faut aussi un peu de chance.
On a un staff technique incroyable qui fait vraiment un grand travail. Ils ont regardé plus de 16 matchs de Leverkusen. À chaque fois qu’on joue en coupe, on a une nouvelle tactique qu’on arrive à mettre en place.
C’est quand même la quatrième équipe de Bundesliga que vous sortez, après l’Union Berlin, Fribourg et le Werder. C’est quoi le secret ?
On a un staff technique incroyable qui fait vraiment un grand travail. Ils ont regardé plus de 16 matchs de Leverkusen pour préparer celui-ci. À chaque fois qu’on joue en coupe, on a une nouvelle tactique qu’on arrive à mettre en place. On fait des trucs qu’on ne fait pas en championnat, on surprend un peu les équipes. D’un coup, on joue avec deux attaquants très rapides devant qui courent à 36-37 km/h, et sinon, on ne joue qu’avec des milieux, qui sont là pour les seconds ballons, qui peuvent beaucoup courir. C’est surtout la tactique qui nous permet de gagner ce genre de match, parce qu’après la motivation, il n’y a pas grand-chose à faire.
C’était la quatrième fois que l’Arminia jouait une demie de coupe. C’est la première victoire, donc la première finale. Tu sens que vous pouvez aller au bout ?
J’espère, parce que ça peut durer ! Ça reste une grosse équipe en finale (Stuttgart ou Leipzig, NDLR), on ne va pas s’emballer. Ça reste un rêve, on va voir ce qui vient, mais voilà, ce serait dommage d’avoir tapé Leverkusen et d’avoir fait ce chemin pour perdre en finale. On va tout donner. Il y a bien une raison pour laquelle ils sont en Bundesliga et nous en troisième division. On verra ce qu’il se passe, mais c’est sûr qu’on a le droit de rêver maintenant.
Comment c’est, de jouer à l’Arminia ? C’est un club familial, traditionnel ?
C’est un club qui a vécu du très positif et du très négatif depuis le Covid. Ils sont montés en Bundesliga pendant le Covid et n’ont pas pu fêter avec les supporters, ils sont descendus deux ans de suite, et l’année dernière on était dans le dur, on jouait le maintien en troisième division. C’est un gros club, avec des attentes. L’histoire de la Coupe, c’est que du bonus. Les supporters sont à fond derrière nous. Depuis le mois de janvier, ils nous disent après chaque match qu’on va aller jouer la finale à Berlin. En tant que joueur, on n’y croyait pas au début. Ils y ont cru avant nous, et ça a marché. Franchement, c’est un gros club et on travaille pour remonter en deuxième division, où le club est à sa place.
🏆🇩🇪 EXPLOIT MONUMENTAL DE L'ARMINIA BIELEFELD ! Le club de troisième division allemande élimine le Bayer Leverkusen, tenant du titre, et file en finale de la Coupe d'Allemagne#lequipeFOOT pic.twitter.com/Xqt2iXHUPp
— L'ÉQUIPE (@lequipe) April 1, 2025
Vous êtes à un point de la place de barragiste en championnat, derrière Sarrebruck, qui a eu un peu votre parcours l’an dernier, l’objectif c’est la montée ?
Justement, Sarrebruck avait souffert de ce parcours, parce qu’il avait perdu plein de points en championnat, alors que c’est une équipe qui devrait toujours jouer la montée. On essaye d’apprendre de leur parcours pour ne pas laisser tomber le championnat et ne pas refaire les mêmes erreurs qu’eux. C’est aussi important que la Coupe pour le club. Une montée, c’est énorme, une finale de coupe aussi, mais le club doit remonter.
Ce qui serait encore plus fou, ce serait de jouer la Coupe d’Europe et de jouer en troisième division. Je ne sais même pas si c’est déjà arrivé en Ligue Europa.
Ce serait fou d’être en Coupe d’Europe et de monter en deuxième division…
Ce qui serait encore plus fou, ce serait de jouer la Coupe d’Europe et de jouer en troisième division. Je ne sais même pas si c’est déjà arrivé en Ligue Europa.
C’est une ville spéciale, non ? Qui a la réputation d’une ville fantôme. C’est quelque chose que l’on ressent sur place ?
C’est un peu la blague en Allemagne quand tu dis que tu habites là-bas, ils font la blague comme quoi la ville n’existe pas. C’est pas une petite ville non plus, on est un peu détaché de la région de Cologne, etc., mais c’est une grande ville quand même.
Fabian Klos, joueur iconique du club (422 matchs, 172 buts à l’Arminia), a arrêté en fin d’année dernière. Ça a beaucoup chamboulé le club ?
C’est une légende pour le club, il est intouchable. Il ne peut même pas se promener en ville, c’est un truc de fou. C’était un leader, il a fallu combler le vide de son départ, mais ça a libéré pas mal de jeunes qui n’osaient pas trop l’année dernière. Ça reste surtout un très bon joueur et une très bonne personne. Mais c’est le sport, dans chaque club certains partent et d’autres prennent les responsabilités. Qu’on fasse une bonne saison, ce n’est pas lié à son départ. C’est surtout notre mauvaise phase l’an dernier qui nous a rendus forts pour cette saison.
Tu es là depuis un an et demi et déjà capitaine. C’est quelque chose que tu apprécies, d’être un leader ?
Dans mon ancien club, j’étais capitaine, c’était un petit club (Verl), pas comme ici. Ça me convient bien, je peux parler aux jeunes, à l’équipe, trouver les bons mots. Après, il faut être exemplaire et parfois bosser plus que les autres. Dans un gros club comme Bielefeld, c’est pas toujours simple, les supporters nous mettent une pression, et ils ont le droit de le faire, il faut savoir gérer tout ça.
C’est quoi un peu ton parcours ?
J’ai grandi aux États-Unis, mes parents sont français. J’ai joué en jeunes au Red Bull New York, je suis parti à la fac et j’ai signé mon premier contrat pro à New York. Ils ont voulu que je joue avec la réserve, je n’étais pas content de leur façon de faire, alors je suis parti en deuxième division. Le propriétaire, qui était impliqué dans le club de Duisbourg en Allemagne, m’avait dit que si je jouais bien, j’aurais la possibilité de partir là-bas. Pour moi, de parents français, c’était un peu un rêve de partir en Europe, et j’ai tenté le coup. Je suis allé à Duisbourg, on est montés, mais je n’ai pas joué. Je suis parti en 4e division, comme une dernière chance, pour prendre du plaisir. Ça a bien marché, et je suis allé à Go Ahead Eagles, qui jouait la montée en première division aux Pays-Bas. J’ai fait un an et demi là-bas et je suis revenu en Allemagne en 3e division, pour prouver que je pouvais m’y imposer. J’ai fait trois ans à Verl, et depuis un an et demi, je suis à Bielefeld.
Tu te vois encore longtemps là-bas ?
Oui, j’ai encore deux ans de contrat, ça se passe bien, je suis très content. Je ne serai pas opposé à rester plus longtemps, mais ma femme est française, mes sœurs jouent en France, je crois que j’aimerais bien au bout d’un moment me rapprocher de la famille et trouver un truc en France. Mais sinon, je suis très content ici, et si le club veut me prolonger, je suis sûr d’écouter.
Tu viens d’une vraie famille de foot : un père semi-pro et deux sœurs qui jouent en pro en France. T’as toujours baigné dedans ?
Ma sœur Daphné qui joue au PFC était là hier soir, elle a fait l’aller-retour pour le match. Mon autre sœur, Rachel, avait entraînement à Reims. Mon père a joué à Grenoble toute sa carrière, 13-14 ans, à l’époque c’était Norcap. On a grandi en parlant de foot sans arrêt. C’est incroyable qu’on soit devenus pros tous les trois. On ne parle que de ça, on regarde les matchs ensemble, c’est vraiment une famille de foot.
Coupe d’Allemagne : L’Arminia Bielefeld élimine Leverkusen et file en finalePropos recueillis par Julien Faure