S’abonner au mag
  • Top 10

Top 10 : pots-de-vin dans le foot

Par Victor Foenkinos
7 minutes

Quand le président de San Lorenzo, club de première division argentine, est filmé en caméra cachée en train d’accepter 25 000 dollars en liquide pour signer un jeune joueur, difficile de ne pas penser aux actes malveillants qui ont entaché l’image du sport. Voici un top non exhaustif d’histoires de pots-de-vin dans le foot.

Top 10 : pots-de-vin dans le foot

→ Valenciennes-OM, 20 mai 1993, 36e journée de D1

Autant commencer avec une histoire nationale et marquante dans le football français. Quelques jours avant la finale de la Ligue des champions 1993, l’OM approche trois joueurs de Valenciennes et leur glisse une petite offre : 250 000 francs (environ 30 000 euros) pour lever le pied. L’un d’eux dit non, en parle à son coach, puis à la presse. Quelque temps plus tard, une enveloppe avec la fameuse somme est retrouvée planquée dans le jardin de Christophe Robert. Après procès, Bernard Tapie est condamné à un an de prison ferme, l’OM perd son titre de champion, descend d’une division… et Jacques Glassmann ? Il touche un franc symbolique.

→ L’affaire du Calciopoli, ou comment influencer les arbitres entre 1999 et 2005

Selon la Cour de cassation italienne, qui a jugé l’affaire en 2015, les contradictions et le flou sont très présents autour de cette histoire qui a plombé le foot italien. Cette fois, pas de valises de cash ou de billets qui changent de main, mais un jeu d’influences. La Juventus, l’AC Milan, la Lazio, la Fiorentina… tous liés à un joli petit réseau qui permettait de choisir des arbitres « compatibles » pour les matchs importants. Le but ? Pas besoin de penaltys offerts sur un plateau, seulement quelques décisions bien senties au bon moment. En mai 2006, les écoutes réalisées deux ans plus tôt par la justice éclatent au grand jour. La Juve perd ses titres 2005 et 2006, et descend en Serie B. L’AC Milan se mange huit points de pénalité, la Lazio et la Fiorentina sont privées d’Europe. Et aujourd’hui, l’affaire du « Scommesse » a réveillé ces vieux démons.

→ Bundesligaskandal, le maintien coûte que coûte, 1971

Fin de saison 1970-1971. En bas du classement, c’est la panique : plusieurs clubs se battent pour ne pas descendre, et certains sont prêts à tout. L’Arminia Bielefeld, par exemple, aurait tenté de « convaincre » près d’un tiers des équipes du championnat de leur laisser un peu de marge. Le 17 avril 1971, Schalke 04 accueille l’Arminia. Dix joueurs de l’équipe à domicile auraient touché 40 000 marks pour ne surtout pas l’emporter. Résultat ? 1-0 pour les visiteurs. Après enquête sur ces dizaines de matchs probablement arrangés, 52 joueurs, 2 entraîneurs et 6 dirigeants sont sanctionnés. L’Arminia Bielefeld est reléguée la saison suivante, accompagnée des Kickers Offenbach. Quand il s’agit de jouer le maintien, il y en a qui ne reculent devant rien.

→ Ghana ne gagne pas

En 2018, le journaliste d’investigation ghanéen Anas Aremayaw Anas et son média lancent une vaste opération d’infiltration pour débusquer la corruption dans le football africain. Après plusieurs mois d’enquête, il publie son documentaire Number 12. Avec cet acte, il fait chuter des dizaines de joueurs, arbitres et dirigeants. Il pêche même un gros poisson : Kwesi Nyantakyi, alors président de la Fédération ghanéenne de football et poids lourd de la CAF et de la FIFA. Filmé en train d’empocher des pots-de-vin et de proposer des montages de détournement de fonds, il déclenche un séisme : le championnat est suspendu, la fédération dissoute et placée sous administration provisoire.

→  Deux commerçants romains et des réseaux de paris clandestins, 1980

Football italien, toujours ; scandale lié aux paris sportifs, cette fois. De son vrai surnom, le Totonero. Deux commerçants de la capitale, amis avec plusieurs joueurs, les mettent en relation avec des réseaux de paris sportifs clandestins. Les footballeurs truquent leurs matchs et leur confient leurs gains, jusqu’à ce que les organisateurs, lourdement déficitaires, retournent leurs vestes et balancent tout. Le 23 mars 1980, lors d’un AC Milan–Lazio, la police fait irruption et interpelle, en direct à la télévision, neuf joueurs : un électrochoc pour les tifosis. Des dizaines d’équipes de toutes les divisions sont sanctionnées, plusieurs joueurs et dirigeants suspendus… mais cela n’empêchera pas la Nazionale de soulever la Coupe du monde deux ans plus tard.

→  Footbelgate, fraude fiscale et du blanchissement d’argent, 2018

En octobre 2018, la justice belge lance un coup de filet monumental : 44 perquisitions et 19 personnes inculpées, dont plusieurs agents véreux. Ceux-ci percevaient des commissions auprès des clubs acheteurs, des vendeurs… et même des joueurs – de quoi gonfler un livret A en un rien de temps. Au cœur du scandale : fraude fiscale (fausses factures, salaires occultés), blanchiment via des sociétés offshore, corruption et pots-de-vin. En 2024, le fisc belge réclame plus de 121 millions d’euros à divers clubs et acteurs du football national.

→  L’affaire Robert Hoyzer, ce jeune arbitre allemand qui aimait un peu trop l’argent, 2005

Entre 2002 et 2004, Robert Hoyzer officie en Coupe d’Allemagne ainsi qu’en deuxième et troisième divisions. Durant cette période, le jeune arbitre se lie à une mafia croate spécialisée dans les matchs truqués. Le procédé est simple : on verse de l’argent à Robert, il arbitre à sa guise et le pactole est partagé entre les différentes parties. En août 2004, il siffle deux penaltys litigieux lors de la rencontre entre Paderborn et Hambourg, ce qui précipite sa chute. Confronté aux preuves accumulées entre-temps, Hoyzer finit par avouer ses manipulations et pointe du doigt d’autres arbitres et joueurs complices, les entraînant dans sa chute. Un bel effet dominos.

→  Koriopolis, corruption à la grecque, 2011

Après des écoutes téléphoniques, les autorités grecques mettent à jour un vaste réseau illégal mêlant dirigeants de clubs, officiels de la fédération, arbitres et figures influentes du football hellénique. Leur modus operandi : glisser des pots-de-vin à la fédération pour orienter la nomination des arbitres, truquer des résultats de matchs et influer sur des décisions administratives. En 2011, pas moins de 80 personnes sont mises en examen, dont des cadres de la fédération et des présidents de club. La plupart écoperont d’interdictions à vie d’exercer dans le monde du football.

→ En Suède, ils n’aiment pas les affaires en bande organisée, 2020

Il fallait au moins un carton jaune payé pour compléter la liste. On aurait pu citer Lucas Paquetá, Sandro Tonali ou Nicolò Fagioli, mais leurs histoires sont connues. Alors qu’en Suède, en 2020, un joueur resté anonyme écope d’un jaune pour le moins suspect. Des dizaines de parieurs en ligne ont misé des sommes colossales sur ce fait de match précis et, quelques jours plus tard, il touche un virement de 300 000 couronnes suédoises (environ 30 000 euros). Il a été inculpé et renvoyé devant un tribunal pour « corruption passive » et « violation de la loi sur les jeux », mais il n’existe pas de trace publique d’une condamnation effective ou d’une peine prononcée contre lui dans cette affaire. Plus c’est gros, plus ça passe.

→ Coupes du monde, FIFA et pots-de-vin, un long et vieux serpent de mer

Dès le lendemain de l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, en décembre 2010, plusieurs médias, comme la BBC, évoquent les soupçons de corruption. En juin 2023, les juges français délivraient un mandat d’arrêt contre l’homme d’affaires qatari Mohamed Ben Hammam, ex-président de la Confédération asiatique de football (AFC), « mis en cause pour des faits de corruption privée en lien avec l’attribution de la Coupe du monde de football au Qatar » selon une source judiciaire au Parisien. Quelques jours plus tôt, l’ancien vice-président tahitien de la FIFA Reynald Temarii était mis en examen pour « corruption privée passive ». Près de quinze ans plus tard, des instructions sont toujours en cours et cette édition n’est pas une exception.

L’attribution du Mondial 2018 en Russie a également été entachée de soupçons de corruption, tout comme celle de 2006, qui a fait l’objet d’une enquête judiciaire en Suisse et en Allemagne. Chuck Blazer, 70 ans, ancien président de la confédération américaine de football, a aussi reconnu devant les agents fédéraux américains avoir touché des pots-de-vin du Maroc et de l’Afrique du Sud dans le cadre des attributions des Coupes du monde 1998 et 2010. Une tradition, en quelque sorte : ISL, la société en charge des droits marketing de la compétition à partir de 1982, avait versé des pots-de-vin à plusieurs chefs de la FIFA, dont João Havelange, qui ne sera pas condamné par la justice suisse, en échange d’une lourde compensation financière.

La remontée de Hambourg en Bundesliga marquée par 25 supporters blessés

Par Victor Foenkinos

À lire aussi
Articles en tendances

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

43
Revivez FC Barcelone-Real Madrid (4-3)
Revivez FC Barcelone-Real Madrid (4-3)

Revivez FC Barcelone-Real Madrid (4-3)

Revivez FC Barcelone-Real Madrid (4-3)

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • La revue de presse foot des différents médias, radio et presse française/européenne, du lundi au vendredi en 3 à 4h!
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine