- Brésil
Lucas, Neymar, Ganso: chers talents
A 18,19 et 21 ans, Lucas, Neymar et Ganso représentent le futur de la seleção. Pour les conserver au Brésil, leurs clubs ont fixé des clauses libératoires à plusieurs dizaines de millions d'euros.
Les grands clubs européens regorgent de jeunes talents brésiliens qui quittent sans même avoir eu le temps d’évoluer au pays. Dernier en date: Lucas Piazon, 17 ans, a été vendu pour 12 millions d’euros à Chelsea par le São Paulo FC. Pourtant, la bonne santé économique du Brésil a poussé des investisseurs privés à investir des millions de Reaispour mettre les plus belles pépites à l’abri de la convoitise des grosses cylindrées du gros continent. Ils prennent en charge une grosse partie de leur salaire, tandis que leur club les blinde avec des clauses libératoires exorbitantes… en espérant rafler la mise quelques mois plus tard quand les petits caïds seront définitivement élevés au statut de cracks de classe mondiale. Petit tour d’horizon des fleurons de la classe biberon brésilienne.
Lucas, 18 ans, 80 M
Du haut de son mètre 72, ce milieu très offensif est une boule de nerfs qui explose dans tous les sens. Subtil cocktail de vitesse, puissance et virtuosité technique, ses dribbles se savourent comme une bonne caipirinha. Et quand il ne slalome pas entre les défenseurs, il est aussi capable de placer de bonnes frappes de mule sans se poser de question. Convoqué pour la première fois par le sélectionneur Mano Menezes pour le match contre l’Ecosse dimanche prochain, Lucas aura enfin l’occasion de faire de l’ombre à son homonyme de Liverpool. Pourtant, il a bien failli ne jamais se faire porter son vrai nom sur le terrain. Pour son premier match pro en août dernier sous le maillot du São Paulo FC, il se faisait encore appeler Marcelinho. Un clin d’œil à Marcelinho Carioca, l’ancienne star des Corinthians, passé par Ajaccio en 2004, qui a vu le jeune prodige faire ses premiers pas de footballeur dans son académie pour enfants. Une escolinha qui avait aussi vu naître David Luiz quelques années plus tôt.
Comme le défenseur qui fait aujourd’hui les beaux jours de Chelsea, Lucas a tout pour être l’un des piliers de la seleção en 2014. Lors du championnat Amsud des moins de 20 ans, il s’est montré très à l’aise sous le maillot de l’équipe nationale, en inscrivant un triplé de folie lors de la victoire 6-0 lors du match décisif contre l’Uruguay, tout en offrant au passage un caviar à son pote Neymar. Moins exposé médiatiquement que la starlette de Santos, il attire déjà au moins autant de convoitises. Ce n’est pas pour rien qu’au moment de prolonger son contrat le mois dernier, son club a pris le soin de multiplier son salaire par dix et surtout de fixer une clause libératoire ahurissante : 80 millions d’Euros pour un joueur d’à peine 18 ans. Pour se payer ce Lucas-là, François Pinault, qui avait payé 21 millions d’Euros pour faire venir à Rennes l’imposture Severino en 2000 (une somme exorbitante à l’époque), a intérêt à casser sa tirelire.
Neymar, 19 ans, 45 M
Le talent a l’état pur. Même s’il est encore un peu maigrichon, il a tout d’un grand. Vitesse déconcertante, crochets diaboliques et instinct de tueur devant le but, le phénomène de Santos n’en finit plus de griller les étapes. Pour ne rien gâcher, il fait craquer les midinettes avec son sourire de sale gosse et sa coupe iroquois imitée par tous les ados boutonneux du pays. Mais surtout, il prend un malin plaisir à humilier les défenseurs, y compris lorsque le jeu est arrêté. Chicão, des Corinthians, n’est pas près d’oublier le coup du sombrero dont il a été victime gratuitement il y a un an, alors que l’attaquant était signalé hors-jeu depuis trois plombes. Avec une telle réputation, les défenseurs lui réservent à chaque fois un traitement de faveur tout particulier. Et comme il en rajoute à mort en se tordant de douleur après le moindre impact, il donne toujours du grain à moudre à ses détracteurs.
Mais dès que la polémique commence à enfler, il ferme le clapet aux critiques sur des actions de génie. En septembre dernier, il a même réussi à avoir la peau du coach Dorival Junior, principal artisan de la grande épopée de Santos, qui a fait rêver toute la planète foot pendant le premier semestre de 2010, en pratiquant un jeu ultra-offensif et en remportant au passage le titre de champion Pauliste et la Coupe nationale. Tout ça pour un caprice d’enfant gâté, l’entraîneur ayant refusé que Neymar frappe un péno alors qu’il en avait déjà raté trois lors depuis le début du championnat. Les dirigeants de Santos sont près à tout pour préserver leur joyau. Y compris à refuser une offre astronomique de Chelsea, qui avait pourtant mis 35 millions d’Euros sur la table. Mais vu comme le joueur flambe actuellement, ils espèrent en récupérer bien plus à l’avenir. Pour l’instant, sa clause de départ est fixée à 45 millions.
Paulo Henrique Ganso, 21 ans, 50M
Quand il s’est fait les croisés en août dernier, le Brésil a retenu son souffle. Paulo Henrique Ganso est bien plus qu’un simple joueur talentueux. Il incarne à lui seul l’héritage des numéro 10 à l’ancienne. Buste droit, toucher de balle de velours… Il impressionne autant par son élégance que par son intelligence de jeu. Des qualités qui lui valent d’être comparé à Zizou himself. Les Brésiliens peuvent respirer, Ganso est bien de retour. Il y a dix jours, il a claqué dès son premier match après sept longs mois d’absence. Mercredi, malgré la défaite 3-2 de son équipe face à Colo-Colo en Libertadores, il a trouvé le temps de glisser une offrande à son pote Neymar d’un délicieux petit exter’ du gauche.
Même s’ils comptent sur ce « petit frère » pour jouer les VRP de luxe afin de convaincre Paulo Henrique à rester au club, les dirigeants de Santos vont avoir du mal à le conserver bien longtemps. Les négociations pour la prolongation de son contrat traînent en longueur et devraient trouver leur épilogue ce mardi, lors d’une réunion au cours de laquelle le joueur devrait demander que sa clause libératoire soit abaissée de 50 à 35 millions d’euros. Pour mieux se faire la malle cet été ? Les deux clubs milanais seraient déjà sur les starting blocks.
Louis Génot, à Rio de Janeiro
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