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L’Inter enrôle Gasperini
L'Inter devait frapper un grand coup. Après la désertion de Leonardo pour le PSG, les interistes se sont retrouvés sans entraîneur. Une semaine de rumeurs, et Massimo Moratti a mis tout le monde d'accord. Le nouveau coach de l'Inter se nomme Gian Piero Gasperini. Ah, vraiment un grand coup ?
Fin de l’intrigue. L’Inter Milan a un entraîneur. Enfin. Les Nerazzurri viennent de passer l’une des semaines les plus angoissantes des dernières années. Rumeurs, info, intox, des noms qui sortent du chapeau : pendant près de dix jours, on a pu lire tout et n’importe quoi dans la presse. Finalement, ce matin, le nom du successeur de Leonardo tombe. Ce sera Gian Piero Gasperini. Lui-même qui, il y a cinq ans, a ramené le Genoa en Serie A après une décennie d’absence. Le coach italien, considéré depuis sa période génoise comme un (futur ?) grand entraîneur, fort en caractère, saute donc le palier qu’il s’était secrètement promis de franchir. Certains l’avaient accosté à la Juventus (il en est tifoso) lorsque Luigi Del Neri était sur la sellette. D’autres le voyaient à la Roma pour les débuts de l’ère Di Benedetto. Personne ne savait précisément où, mais tout le monde avait compris que Gasperini était promis à un grand club. Il voulait jouer le haut de tableau. Il voulait faire rêver d’autres tifosi, comme à l’époque des folles épopées de son Genoa, où régnaient Milito et Thiago Motta, qu’il va donc retrouver. Massimo Moratti a su jouer sur les sentiments. Et a su trouver les mots. Les mots pour le convaincre de venir lutter pour le Scudetto et de venir écouter une musique jamais entendue, celle de la Ligue des Champions, sur le banc de l’Inter. Cela n’a pas été très difficile. Au fond, le mister n’attendait que ça.
Leo file à Doha
Le thriller de l’Inter débute lundi dernier. Alors que Moratti s’active pour préparer son mercato, une nouvelle pour le moins inattendue vient bouleverser ses plans : Leonardo aurait été approché par les Qataris du PSG pour devenir le nouveau directeur général du club. Comme toute rumeur, celle-ci fait tout d’abord peu d »effet. « Une rumeur de plus » se dit-on. Mais très vite, les tifosi interistes comprennent qu’il ne s’agit pas d’une blague. De fait, Leo est carrément parti à Doha pour rencontrer les nouveaux dirigeants du PSG. Le lendemain, il est à Paris. Moratti tente de minimiser la chose. « Il est seulement là-bas pour les vacances » affirme-t-il. Personne ne le croit, et du côté d’Appiano Gentile, on commence à se faire une raison. Aussi classe et élégant soit-il, le Brésilien n’a pas peur des trahisons. Il y a six mois, il a trahi le Milan AC pour épouser la cause de son pire ennemi. L’histoire se répète. Moratti rumine mais n’admet pas. « Leo ne partira pas, Leo ne partira pas ». De l’auto-persuasion à la Gervais Martel. Pourtant, dès jeudi, le président lombard contacte Marcelo Bielsa pour sonder le terrain. Puis il se lâche. « Leonardo a d’autres ambitions. Moi, j’ai besoin d’un entraîneur, pas d’un directeur général. » Ça y est, le divorce est acté.
Bielsa rembarre Moratti
Leonardo part. Bielsa arrive. Tout réglé en une journée ? Pas vraiment. L’ancien sélectionneur chilien ne tarde pas à donner sa réponse. « Non ». Trois lettres radicales, sans véritable justification, qui mettent l’Inter dans une sacrée merde. Mais alors qui ? La presse transalpine se déchaîne et suggère tour à tour tous les entraîneurs libres, Delio Rossi, Gasperini, Ancelotti, Zico ; et même ceux sous contrat, Capello, Hiddink ou même Laurent Blanc. Delio Rossi se dit « flatté, mais pas contacté, » tandis que Capello affirme « être en vacances et ne pas être au courant de toute cette affaire ». En gros, l’Inter travaille dans l’ombre et prépare son coup en secret. Vendredi matin, la nouvelle tombe enfin. Mihajlovic sera le nouvel entraîneur de l’Inter. Le Corriere dello Sport l’affirme en Une, les autres quotidiens confirment, avec un peu plus de réserve. Les chiffres de son salaire sortent, ainsi que la durée du contrat offert. Le Serbe connaît parfaitement le club pour y avoir joué, de 2004 à 2006, et pour avoir été l’adjoint de Mancini, de 2006 à 2008. Sa candidature semble donc légitime, méritée, logique. Affaire classée ?
De Special Two à Special Gasp
Non. Encore. Samedi matin, une voix s’élève et gêle les Nerazzurri. Celle de l’intéressé en question, Sinisa Mihajlovic. Lui-même. Par le biais d’un communiqué sur le site officiel de la Fiorentina, le coach serbe réaffirme son intention de poursuivre l’aventure avec le Viola : « La saison dernière, l’ACF Fiorentina m’a choisi et je l’ai choisie aussi, malgré d’autres opportunités. Je suis heureux de cette décision, qui m’a permis et me permettra de pouvoir travailler avec un club composé de personnes sérieuses et compétentes, et où je continuerai à exercer mon métier pendant de longues années ». Le message est clair. L’Inter peut aller voir ailleurs. Mais où ? Où peut-elle trouver un entraîneur capable de poursuivre la tradition gagnante entamée par Mancini (six titres), prospérée par Mourinho (cinq) et poursuivie, avec un peu plus de difficulté, par Benitez (deux) et Leonardo (un) ? Moratti tente un blitz au Portugal. Il veut Villas Boas. « Il me plait, mais il a une clause assez élevée (15 millions d’euros, ndlr), je pense que ce sera très difficile » affirme-t-il dans la Gazzetta dello Sport. Le soir même, Marco Branca, le directeur technique de l’Inter, s’envole pour Porto en compagnie du directeur sportif, Piero Ausilio. Objectif : tout tenter pour convaincre le Special Two. Ils reviennent bredouilles. La clause est trop haute et le Portugais est déjà promis à Chelsea. Un essai sur Capello : la Fédération anglaise les envoie valser. L’étau se resserre, mais Moratti minimise. « C’est vous qui en faites tout un problème, moi je ne me fais aucun souci » déclare-t-il. Puis il se trahit comme un bleu lorsqu’il est interrogé sur Gasperini. « Gasperini ? Mais enfin, soyez raisonnables… Enfin, ce n’est pas le bon jour pour l’annoncer » . Grillé. Hier, les deux hommes se rencontrent au siège de l’Inter et définissent « en secret » les termes du contrat. Cet après-midi, à 15h25, Gasperini est intronisé. Le mercato interiste va enfin pouvoir commencer.
Eric Maggiori
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