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Mbappé-Guardiola, est-ce que ça marcherait ?
À l’occasion du barrage aller de Ligue des champions entre Manchester City et le Real Madrid, Pep Guardiola et Kylian Mbappé s’affrontent pour la sixième fois, ce mardi soir. Mais auraient-ils pu être dans le même camp ?

FC Barcelone, Bayern Munich, Manchester City. AS Monaco, Paris Saint-Germain, Real Madrid. Si l’on en juge par leur carrière, respectivement d’entraîneur et de joueur, Pep Guardiola et Kylian Mbappé n’ont rien en commun. Et dans les faits ? Dispositif millimétré, schémas robotiques, jeu de position, redoublement de passes, temporisation, altruisme au détriment des différences individuelles, pressing ordonné du gardien au numéro 9, et melon laissé au vestiaire : de toute évidence, le football de Guardiola – même caricaturé ici – n’est pas vraiment celui de Leonardo Jardim, Didier Deschamps ou Carlo Ancelotti, dans lequel Kyks a – ou avait – tout le luxe de faire parler son talent, sa vitesse et ses coups de génie comme bon lui semble, quitte à empiéter sur l’espace de ses partenaires – au sens propre comme au figuré.
Les idées et les ego
Et c’est plus ou moins comme ça, d’ailleurs, que Kylian Mbappé a construit sa légende à Paris pour devenir le meilleur buteur de l’histoire du Paris Saint-Germain (256 unités). Même au-delà des problèmes de clauses et de gros sous qui explosaient entre lui et le club de la capitale, Mbappé n’a pas toujours été en phase avec les idées de Luis Enrique – qui vient de la même école LV1 catalan que Pep – et s’était par exemple retrouvé obligé de lui remonter les bretelles quant à son implication dans le pressing collectif. Autant dire que sous Pep, le Bondynois se serait fait déboucher les tympans à chaque perte de balle de son équipe.
À Barcelone, les ego les plus disproportionnés (Zlatan Ibrahimović, Samuel Eto’o) n’ont pas fait long feu dans l’attaque du Pep, du moins quand ils ne s’appelaient pas Lionel Messi. Mais l’homme au gilet Stone Island a aussi prouvé qu’il savait s’adapter à ses stars, de la Pulga à Erling Haaland, pour les placer dans un fauteuil. Au Camp Nou, Thierry Henry ou David Villa, pourtant loin d’être nobody, en subissaient les frais en étant souvent écartés couloir gauche. Mbappé n’est ni le plus grand joueur de l’histoire de ce sport, ni le meilleur attaquant de surface du circuit actuel : alors dans un effectif cinq étoiles, Guardiola aurait-il façonné son équipe pour Kyks, ou l’inverse ?
Il est d’ores et déjà prouvé qu’il est plus important que ses joueurs.
Du reste, si l’on parle boulard, celui de Guardiola lui-même est évidemment à prendre en compte. César Luis Menotti, sélectionneur de l’Argentine championne du monde 1978 aussi passé sur le banc du Barça en 1983-1984, a été l’une des inspirations de l’entraîneur espagnol. So Foot l’avait rencontré en 2018, et une partie de son témoignage est à lire dans notre dernier numéro, entièrement consacré à Pep : « Guardiola ne se contente pas de dire “Touchez la balle !” Ce qu’il réalise est bien plus difficile que cela, peut-on lire. C’est le produit de l’entraînement, d’idées claires, de cette capacité à savoir se faire comprendre… Il est d’ores et déjà prouvé qu’il est plus important que ses joueurs. Lui dit le contraire, bien entendu. » Il est très peu probable que Kylian Mbappé soit du même avis.
Enfin une bonne nouvelle dans la saison de Guardiola : So Foot lui consacre ses deux prochains numéros.
Le Tome 1 sera en kiosque dès ce jeudi. pic.twitter.com/J9GB4vpllR
— SO FOOT (@sofoot) February 3, 2025
Par Jérémie Baron