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Hissez haut, Satriano !
Attaquant discret et parfois muet, Martín Satriano est tout sauf l’avant-centre le plus prolifique du championnat. Pourtant, le buteur uruguayen parvient à faire l’unanimité partout où il passe et compense par d’autres belles qualités. Le tout dans un monde du football toujours plus grignoté par les datas.
Parfois, une célébration vaut mille mots. Avec les poings serrés et les cordes vocales tendues, Martín Satriano a crié toute sa rage et s’est donné un grand bol d’air en inscrivant un doublé face à Nantes le week-end dernier, dont un sublime retourné acrobatique. Des pions libérateurs puisqu’ils mettent fin à une série de 17 matchs sans marquer en Ligue 1, soit une éternité pour un avant-centre. Le gamin de Montevideo n’a pas abdiqué et il a de la ressource.
Le GOLAZO de Martín Satriano 🇺🇾 pic.twitter.com/AsQcpfw4PD
— Ligue 1 McDonald's (@Ligue1) November 30, 2025
C’est un équipier modèle qui ne lâche jamais rien.
Arrivé sur les berges du Rhône dans les dernières heures de ce mercato estival, Satriano a une sacrée mission : faire oublier Georges Mikautadze, enfant du club auteur d’une saison 2024-2025 formidable (17 buts et 11 passes décisives TCC), dont les adieux avaient meurtri le cœur des supporters. Le tout en revenant d’une blessure aux ligaments croisés, qui lui ont fait manquer la quasi-totalité de la saison précédente avec Lens. Si son adaptation a été plutôt bonne, avec notamment un but et une passe décisive lors de ses quatre premiers matchs, l’ancien avant-centre de Brest a ensuite connu une véritable traversée du désert. Pas suffisant pour le mettre à terre : « C’est pas facile pour un attaquant de ne pas marquer, mais je n’ai pas arrêté de travailler, a posé l’Uruguayen après le match face aux Canaris. Les buts donnent de la confiance, mais j’avais déjà celle de toute l’équipe et du coach. Je n’ai jamais douté, je savais que ça allait payer. » Et c’est sûrement la plus grande force du joueur formé au Nacional.
Un buteur attachiant
Ancien entraîneur du Stade brestois, Michel Der Zakarian en garde un excellent souvenir : « Il est un peu comme les anciens joueurs dans son style, il n’est pas axé que sur lui-même. Un garçon généreux, toujours à l’écoute, avec un vrai sens du collectif, se remémore le désormais ex-coach de Caen. Souvent les Sud-Américains ont la grinta, ils ne trichent jamais, mais ont quelques déchets. C’est des guerriers. C’est exactement ce qu’est Martín. » Difficile pour son ancien partenaire Brendan Chardonnet de dire le contraire. « C’est un équipier modèle qui ne lâche jamais rien, assure le capitaine des Ty-Zefs. Qu’on lui laisse une minute de jeu ou 90, il ne va pas arrêter de se donner à fond, il ne calcule rien et c’est avec des mecs comme ça que tu peux aller très loin. »
Tu ne peux pas avoir de problème avec un joueur comme ça.
Ce qui est le plus reproché à l’Uruguayen, c’est sa maladresse devant les cages. Il faut dire que le joueur de 24 ans, qui figure parmi les buteurs qui se créent le moins d’occasions dans le championnat français, n’a marqué que 15 buts et délivré 6 passes décisives en professionnel. C’est très peu après cinq saisons chez les grands, mais encore une fois, difficile de ne pas lui trouver des circonstances atténuantes : « C’est des attaquants qui font tellement pour l’équipe, que ce soit dans la construction du jeu ou défensivement avec le pressing, qu’ils laissent beaucoup d’énergie là-dessus et cela puise dans leurs réserves pour pouvoir attaquer et être un peu plus lucides », relate Chardonnet. Comprenez que s’il n’est pas le plus rapide ou le plus tueur devant les cages, l’avant-centre du club rhodanien est complet, mais surtout altruiste.

Discret mais précieux
Un trait de caractère qui colle à la personne qu’il est hors des terrains selon « Der Zak » : « C’est un bon mec, il va vers tout le monde, jamais dans son coin et toujours dans la bienveillance avec un discours positif, tu ne peux pas avoir de problème avec un joueur comme ça. » Quand Martín est arrivé dans la cité du Ponant à 21 piges pour sa première expérience en France, il n’a pas mis longtemps à s’acclimater : « Il s’est tout de suite mis au français pour pouvoir s’intégrer au mieux. Si ce n’est pas le plus grand blagueur du vestiaire, c’est quelqu’un de très ouvert. Il venait à chaque fois qu’on sortait et participait à la vie du groupe. »
Décrit comme un ultra-compétiteur, Satriano n’est sûrement pas l’attaquant le plus clinquant, mais au-delà de sa débauche d’énergie folle, il sent bien les coups et se montre particulièrement adroit de la tête. En période de disette, l’Uruguayen ne laisse rien transparaître, ne râle pas et se réfugie dans le travail selon ses anciens partenaires, au point de se faire installer une salle de musculation personnalisée à son domicile.
Interrogé à son sujet à la fin de la rencontre face aux Canaris, le capitaine des Gones Corentin Tolisso a eu des mots doux pour son coéquipier : « Franchement, Martín est un garçon qui travaille énormément. C’est mérité aujourd’hui parce qu’avec tout ce qu’il fait au quotidien, il est récompensé. Il a jamais abandonné et il a toujours eu notre soutien, donc aujourd’hui c’est bien pour sa confiance, ça va le libérer encore plus. On aura besoin de lui jusqu’à la fin de la saison. » Sachant que l’OL est dans l’obligation de lever son option d’achat s’il conserve son statut professionnel la saison prochaine (oui, oui, c’est une vraie clause), les supporters lyonnais pourront continuer de profiter de sa grinta enivrante et de râler pour son rendement famélique pendant encore un moment.
Tolisso au Mondial ? L’OL met gentiment la pression à DeschampsPar Thomas Morlec
Tous propos recueillis par TM



























