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Le Real Madrid est-il le Donald Trump du foot ?

Par Nicolas Kssis-Martov
4 minutes

Le Real Madrid et Barcelone se sont affrontés lors d’un Clásico qui sentait le soufre, et qui a vu les Catalans s’imposer sans discussion possible. Un match dont l’enjeu sportif et le spectacle ont été un peu éclipsés par la transformation du club de Florentino Pérez en un ersatz footballistique de Donald Trump, malgré le gros spectacle proposé...

Le Real Madrid est-il le Donald Trump du foot ?

Le constat est triste. Mais de fait, ce Clásico n’est plus simplement un choc entre deux prétendants au titre. Cette lutte d’influence et de prestige devrait pourtant, au regard de l’histoire ou des effectifs alignés, suffire à la rendre exceptionnelle. Y compris dans le contexte de la 35e journée de Liga, disputée ce dimanche : le Barça désireux de remporter au moins une Liga après son élimination au goût amer contre l’Inter en Ligue des champions d’un côté, Kylian Mbappé qui doit sauver au minimum sa saison ou la dernière mission de Carlo Ancelotti sur le départ de l’autre. Sur ce plan, ce match fou a tenu ses belles promesses (six buts en première mi-temps dont une remontada barcelonaise en deux minutes, et un triplé du capitaine de l’équipe de France) avec une victoire catalane au bout. Malheureusement, la beauté du jeu est presque devenue accessoire. La lente et irrésistible mutation trumpiste du Real Madrid, particulièrement évidente cette saison en raison des contre-performances sur le terrain, a relégué quasiment toute considération tactique à la périphérie des analyses et des inquiétudes.

L’arbitrage comme ennemi

Avant la rencontre, Real Madrid TV – ou Fox News – s’est une fois de plus acharnée avec virulence sur l’arbitre désigné, Alejandro José Hernandez Hernandez, coupable de trimbaler « le plus mauvais pourcentage de victoires du Real Madrid parmi ceux qui l’ont dirigé au moins dix matchs (54 %) » prouvant qu’il représente un « supporter de Barcelone depuis son enfance ». Le 4-3 du week-end semble largement contredire tout ce charabia propagandiste, l’arbitre ayant sifflé un penalty pour le Real ou en refusant un autre au FCB tout en se montrant très indulgent en n’expulsant pas Aurélien Tchouaméni. Peu importe, les faits ne pèsent plus : Florentino Pérez a, en effet, transformé son club en une machine de guerre politique et économique au sein du monde du football. Désormais, les procédés rhétoriques employés constituent un reflet assez similaire à ce qui se passe dans une autre Maison-Blanche du côté de Washington. Les comparaisons entre le champ politique et sportif se révèlent toujours un exercice délicat, et parfois bancal. Toutefois, la parenté entre les visions du monde et le fonctionnement du trumpisme et ceux du Real Madrid donne de plus en plus le vertige.

À l’instar du nouveau roi « d’Amérique », le Real semble convaincu de son bien-fondé à écraser ou soumettre tout ce qui pourrait se mettre en travers de sa route au nom d’un principe élémentaire : une toute-puissance devant laquelle il faudrait s’agenouiller avec humilité et reconnaissance. Ainsi, de la même façon que Donald Trump méprise le droit international et les institutions qui en sont le fondement, les Madrilènes prétendent se passer des instances du football telles que l’UEFA pour instaurer par exemple la Supeligue dans l’unique but de rassasier une goinfrerie financière sans limite. Pour le Real, le foot se résume à un business et à son bénéfice. De la même façon que l’homme à la mèche blonde imagine désormais dompter la géopolitique et sa complexité infinie, avec les astuces ou les arnaques d’un banal deal dans l’immobilier.

Complot et victimisation

Autre similitude frappante : la victimisation paradoxale et permanente. Dans le camp du bien, le sentiment d’injustice nourri par les coups tordus de forces obscures et malfaisantes sert à souder les partisans contre un ennemi commun. Donald Trump, pourtant enfant gâté de l’establishment, se pose ainsi en seul et unique adversaire d’un État profond toujours prompt à confisquer la juste victoire des « vrais Américains ». De la même manière, Florentino Pérez tend à transformer ses supporters en « Proud Boys », milice du masculinisme autoflagellateur, prêts à renverser par tous les moyens les contempteurs de la juste cause madrilène. Dans cette perspective, l’échec ne peut être que le fruit d’une malveillance plus ou moins occulte, voire d’un complot.

L’un des points essentiels réside dans le refus de tout contre-pouvoir, quelle que soit sa légitimité, qui oserait contrarier l’avènement du nouveau démiurge. Donald Trump méprise la justice, et n’y voit qu’un obstacle injurieux à ses projets (elle l’a privé, selon lui, de sa victoire contre Joe Biden). De la même manière, le Real ne supporte plus qu’on résiste au moindre de ses caprices. Le cas du dernier Ballon d’or l’a, évidemment, illustré. Mats Hummels, champion du monde 2014 avec l’Allemagne, avait alors déjà établi la comparaison avec ce qui se passait outre-Atlantique après la décision de boycott de la cérémonie par les Merengues. Dans son podcast Alleine ist schwer, il soulignait : « Utiliser l’expression “manque de respect” alors qu’on n’a pas gagné une élection, ça a des traits légèrement trumpiens. » Le Real, à l’instar du président américain, se réjouit et se régale du chaos qu’il provoque. Et si Florentino Pérez attendait des supporters qu’ils envahissent les bureaux de la fédération espagnole, voire de l’UEFA, à l’image des partisans de Donald Trump saccageant le Capitole ?

Le Clásico attire toujours autant les téléspectateurs français

Par Nicolas Kssis-Martov

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