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- Bayern/Lyon
L’Etat de Bavière contre le Roi Lyon !
Les statistiques des équipes françaises contre le FCB sont trompeuses. On dénombre 11 victoires pour 9 défaites en faveur des Bavarois en 25 rencontres, soit un pourcentage très honorable. En revanche, dés qu'il s'agit d'une qualification en matchs aller-retour, le cynique prédateur du sud de l'Allemagne se réveille. Seul l'ASSE, lors de la saison 1969-70, a pu éliminer le titan bavarois en élimination directe.
Le « Wut-Rede »
C’est le discours fédérateur pour la naissance du nouveau jeu allemand. Déjà échaudé par la déconvenue de l’Euro 2000, Beckenbauer a, dans la nuit du 6 au 7 mars 2001, des mots très durs à l’encontre de toute son équipe à la fin du match contre l’OL. C’est un discours devenu légendaire, une harangue de banquet, le « Wut-Rede », les propos de la colère. La fin de l’histoire est connue, le FC Bayern ne perdra plus un seul match et l’emportera à chaque fois à deux reprises contre Manchester United et le Real Madrid. En finale, l’équipe de l’entraîneur Ottmar Hitzfeld gagnera la LDC contre Valence aux tirs aux buts.
Le discours du Kaiser, le voici : « La question est toujours la même : comment a-t-on perdu un match ? Aujourd’hui ce fut une catastrophe ! La façon dont nous avons joué n’a strictement rien à voir avec le football. Nous avons pratiqué une autre discipline sportive que le ballon rond. Nous avons juste montré que nous n’étions pas présents physiquement. Ce n’est pas du football, c’est l’équipe traditionnelle d’Uwe Seeler, celle de la Préhistoire. Je m’excuse de dire cela mais c’est ainsi. Depuis les tribunes, c’était encore pire que ce que vous avez pu, vous, éprouver sur le terrain. Encore une fois, cela n’a rien à voir avec le football. Nous sommes certainement dans une situation où nous pouvons encore nous sauver et trouver des solutions. En revanche, nous devons reconstruire complètement notre jeu. Messieurs, il est cinq minutes avant le gong de minuit. L’expérience aujourd’hui était du côté de notre vainqueur. C’est l’Olympique Lyonnais ! Ce n’est pas le Real Madrid, le FC Barcelone ou bien Manchester United. Et nous avons aujourd’hui reçu une leçon magistrale. Pourquoi ? Parce que les réglages n’ont pas fonctionné. Parce que nous produisons encore un football non adéquat, tout simplement. On jouait ainsi il y a 30 ans ! Vous devez immédiatement vous remettre à vaincre.
La seule chose qui fait gagner au football : c’est le combat. Quand on ne remporte pas les duels, on est toujours le second. C’est aussi valable avec une équipe comme celle d’aujourd’hui, qui est certainement bonne mais n’est pas une des meilleures d’Europe. On a montré qu’on était des minimes, et on peut même être content de dire « merci beaucoup » pour n’avoir perdu que sur un score de 3-0 ! A l’avenir, nous ne pourrons plus nous le permettre, sinon autant nous trouver tout de suite un nouveau job ! Pour corriger cela, il faut commencer dès demain. Nous devons aller jusqu’aux limites de nos forces, celles qui nous font nous transformer en chiens enragés. Sinon nous nous retrouverons à la fin de la saison les mains vides. Et cela c’est exactement ce que nous ne voulons pas. Je m’excuse encore pour ce que je suis en train de vous dire. Si vous aviez besoin de cours particuliers, je vous dirai tout autre chose. J’ai sûrement vu, ce soir, pire que ce que je parviens à exprimer, mais je crois que cela suffit. C’était jusqu’au début du match un déplacement très plaisant » .
Faiblesses et forces du FCB
Vous l’aurez compris, la rage de vaincre est donc une caractéristique importante du football allemand et plus spécifiquement des équipes bavaroises. Cela n’empêche pas de pointer les faiblesses de ce club. C’est presque devenu une vieille rengaine : 8 buts encaissés en tout contre la Fiorentina et Manchester United. La défense est loin d’être irréprochable. La non-polyvalence Van Buyten-Demichelis est criante. Deux droitiers. Butt, le gardien, déjà finaliste de la LDC avec Leverkusen en 2002, a sa carrière derrière lui et ne remplace pas par le talent le Titan Kahn. Badstuber, suspendu pour ce match, et très friable lors du 1/4 retour contre Manchester United, sera remplacé par Contento, encore plus jeune. Le capitaine et leader de vestiaire, Van Bommel, sera aussi absent. Le couloir gauche Contento-Ribéry est néophyte. Le n°7 de l’EDF justement. Dans quel état se présentera t-il sur le terrain ? Si l’on se réfère à sa dernière prestation en Bundesliga, c’est loin d’être satisfaisant.
A l’opposé, Van Buyten en s’intercalant au milieu apporte une plus value offensive, tout comme son jeu de tête sur coups de pieds arrêtés. Le couloir droit Lahm-Robben coulisse parfaitement. Le Néerlandais, capable à lui tout seul de changer la physionomie d’un match. Pour preuve : sa place de leader au classement de l’efficacité en Bundesliga. Autre atout : l’explosivité offensive ! Avec les Robbery, Olic et le jeune Müller, attention aux contres. Cela va vite. A moins que le facétieux entraineur Van Gaal décide d’aligner un vrai 9 avec Gomez. Et puis 7 cartons jaunes pour les Lyonnais.
Les rencontres FCB/OL
La première confrontation entre les 2 équipes a lieu le 22 novembre 2000 et s’achève par une courte victoire de l’équipe allemande, à domicile. Les Français sont rarement dangereux. Seuls le défunt Marc Vivien Foé et Steve Marlet se présentent devant Kahn. Hitzfeld, devant les absences de Sagnol et Salihamidzic, organise sa défense autour du libero Sforza et gagne logiquement le match 1-0 grâce à Jens Jeremies. Ridiculisé au match retour, puisque perdu 3-0 (doublé de Govou et but de Laigle), le Bayern München s’écroule à Gerland et provoque donc la fameuse fureur du Kaiser Beckenbauer. Le 21 octobre 2003, le FCB rate une forte chance de qualification directe pour les 8èmes de finale de la LDC en se faisant reprendre à la 88ème minute par un but de Peguy Luyindula, après celui de Roy Makaay. A noter que Giovani Elber est, cette fois ci, du côté lyonnais. Deux semaines plus tard, l’OL l’emporte en Bavière malgré un nouveau but du Batave, goal amené par une combinaison de rêve entre Michael Ballack et Ze Roberto. Les Brésiliens Juninho et Elber, dans un match dominé par l’équipe bavaroise, apportent la victoire aux visiteurs. Le 30 septembre 2008, le Bayern, à nouveau, manque une option de qualification pour les 8èmes de finale devant 64 000 spectateurs dans l’Allianz Arena suite à un but contre son camp de Martin Demichelis. Heureusement, Ze Roberto égalise. Ribéry, excellent au cours de cette rencontre, n’est pas récompensé à cause de la maladresse des attaquants Toni et Klose. Enfin, après un rude combat gagné en déplacement contre l’OL et lors de la dernière journée, les Bavarois prennent la première place du groupe. Doublé de Klose et but de Ribéry en première mi temps alors que Govou et Benzema réduisent le score en seconde période.
13ème 1/2 finale de LDC pour le FC Bayern et 1ère pour l’Olympique Lyonnais ce mercredi pour un véritable face à face. Le premier à élimination directe. Un demi en Bavière, cela n’existe pas !
Traduit de l’allemand par Maxime Marchon, source die Welt
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