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L’Espagne, des raisons d’y croire

Par Antoine Donnarieix
L’Espagne, des raisons d’y croire

C'est bien connu, plus on s'élève et plus dure est la chute. Après son élimination au premier tour du Mondial, beaucoup de monde s'est amusé de la sélection espagnole comme lorsque l'on souhaite assister à la défaite d'un grand champion. De retour sur terre, La Roja n'a désormais plus qu'un objectif : laver l'affront.

Elle est venue, elle a vue, elle a perdu. Annoncée comme le grand favori du Mondial brésilien, l’Espagne n’a pas pu tenir son rang et apparaît sans contestation possible comme la grande perdante de cette Coupe du monde. Ironie du sort, le destin a voulu que le stade de sa capitulation soit celui du Maracanã, là où le Brésil avait pensé connaître son premier grand succès en 1950, là où l’Allemagne aura finalement succédé à la Selección, après quatre grands rendez-vous à buter sur l’Italie et… l’Espagne, en 2008 et 2010. Un scénario que peu envisageaient avant la compétition, même si les raisons d’une telle contre-performance restent explicables. « L’Espagne avait trop de matchs dans les jambes, explique après coup Abel Resino, ancien gardien de l’Atlético Madrid. Ils étaient trop fatigués à l’entrée du tournoi. Tous les joueurs sortaient d’une grosse saison avec leurs clubs respectifs : le Real, l’Atlético en Espagne, mais aussi en Angleterre avec Manchester City. » Avec une finale de Ligue des champions 100% espagnole et une Liga haletante jusqu’à l’ultime journée, il n’y avait plus de carburant. Fort heureusement, le talent n’a pas disparu. Loin de là.

De l’art de bien jouer

Après la déroute contre les Pays-Bas et avant le choc contre le Chili, le discours est le même qu’en 2010 et la défaite 1-0 contre la Suisse. Cette fois-ci, Xavi remplace Fernando Torres dans le rôle du pacificateur : « Nous allons gagner ou mourir avec notre style de jeu. » Une phrase qui caractérise en tout point la volonté de la Roja de persévérer dans ses principes qu’elle chérit tant : une forte possession de balle, davantage de vitesse, de technique et de possibilités pour déstabiliser le bloc, étirer les lignes et le fatiguer à courir derrière la balle. Manque de fraîcheur physique oblige, le schéma n’a pas pu fonctionner cette année. Et alors ? Il reste toujours l’identité de jeu pratiquée par l’Espagne. Celle qui, sans oublier la première étape constructrice de Luis Aragonés en 2008, a fait si mal au monde pendant quatre ans. Au lendemain d’un Mondial loupé, tout jeter à la poubelle serait un gâchis monumental comme l’explique l’ancien international et défenseur du FC Barcelone, Miguel Angél Nadal. « Si nous remontons dans le passé et que nous voyons nos résultats, on peut affirmer que le tiki-taka fonctionne. Cette fois ça n’a pas marché, mais ça ne veut pas dire que l’idée est à oublier. La seule chose à gérer, ce sera l’arrivée de nouveaux joueurs au sein de la sélection. Chaque joueur a des qualités dans l’effectif, mais c’est avant tout un esprit collectif qui doit prédominer pour que tout cela fonctionne, c’est un ensemble. » Trouver les bons éléments pour asseoir de nouveau sa domination, la tâche ne sera pas aisée, mais les possibilités d’y arriver existent.

L’avenir est à eux

Le premier choix fort de l’équipe nationale post-Mondial, c’est d’avoir su garder son cerveau, Vicente del Bosque. Combien de fédérations auraient coupé court à une idylle de six ans avec, en trois compétitions, une première étoile sur le maillot ibérique et la conservation d’un titre de champion d’Europe ? Del Bosque, c’est l’incarnation de cette Espagne joueuse, talentueuse et surtout victorieuse, l’un des plus beaux palmarès actuels en tant qu’entraîneur et une cote de popularité quasi inchangée en Espagne après le revers brésilien. Sans coup de tonnerre imprévu, c’est bien lui qui posera ses pieds sur le sol français à l’été 2016. « Sa trajectoire a été fantastique et je n’ai aucun doute sur le fait qu’il puisse continuer à gérer l’équipe nationale de la meilleure des façons, analyse Nadal. Quand tu es joueur, tu sais malgré tes triomphes et ton charisme qu’un jour ou l’autre, les jambes ne suivront plus et tu devras prendre ta retraite. En tant qu’entraîneur, si tu as la motivation et que tu crois en ton travail, ce n’est pas la même chose. » Pour mener à bien son prochain défi, le sélectionneur devra donc trouver les héritiers de ceux qui n’ont plus leurs jambes de vingt ans : l’emblématique Xavi, la barbe rousse Xabi Alonso, le meilleur buteur du pays David Villa, Iker Casillas et ses 156 sélections… Des joueurs couronnés de succès indiquant à la nouvelle promo, déjà sacrée à l’Euro 2013 U-21 en Israël, le chemin vers l’armoire à trophées. Sur les 23 Espoirs sélectionnés l’an passé, seulement 2 ont fait partie de l’aventure avec l’équipe A au Brésil : David de Gea et Koke. Un mal pour un bien finalement, car c’est autant de cartouches en stock, comme Tiago Alcántara, Daniel Carvajal ou Asier Illarramendi, après avoir laissé refroidir le canon du fusil.

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Par Antoine Donnarieix

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