- C1
- Lyon/Dinamo Zagreb (2-0)
Les notes de l’OL
L'OL a fêté comme il se doit vingt ans passés sur la scène européenne en pliant son match face au Dinamo Zagreb en une mi-temps à peine. Et en rejouant à sa manière une autre partition de 1991, celle de Nevermind, dont on célébrait dans le même temps l'anniversaire.
Hugo Lloris (5) : Hugo préfère les matchs où sa défense se met à tanguer sévère pour enchaîner les arrêts décisifs. Ce soir, dans un match où on a compris qu’il n’y avait rien à craindre ou presque, il a eu la politesse d’attendre la 66ème pour effectuer son premier arrêt. Sur une frappe d’un Brésilien qui veut devenir croate, porte un blaze en forme d’hommage à Nasri et qui rappelle Anthony Modeste ou Florent Malouda, on ne sait pas trop. Avant de remettre ça l’air de rien à dix minutes de la fin lorsque Leko s’est taillé un joli passage dans la défense lyonnaise. Un mec Polly, on vous dit.
Anthony Réveillère (7) : Certains marquent leur territoire en envoyant gifles en loucedé et chatouilles bien senties sur les chevilles adverses. Réveillère n’a eu besoin que de quelques coups d’épaules et de courses à propos pour marquer le sien. Il s’est même permis d’en rajouter une couche en réglant un deux-contre-un avec l’autorité du mec qui gravite à plus de soixante parties de Ligue des Champions. Territorial Pissings.
Bakary Koné (6) : En le voyant foirer toutes ses relances dans le premier quart d’heure, on s’est dit qu’on tenait enfin cette limite qui finirait par éclater tôt ou tard au grand jour. Pas possible qu’un type tout droit sorti de l’underground du National puisse s’imposer comme le tube du moment avec autant de facilité. Toute cette pression médiatique qui monte d’un cran à chaque fois va bien finir par rappeler d’où il vient. Jusqu’à ce que son but le rapproche un peu plus du hit. Aussi improbable qu’un Smells Like Teen Spirit.
Dejan Lovren (6) : Non seulement Lovren connaît par cœur le club qui l’a formé, mais en plus il continue à mater le championnat croate chez lui. Ce qui a forcément fini par gêner ses anciens coéquipiers les quelques fois où ils se sont approchés des buts lyonnais. Something In The Way.
Aly Cissokho (6) : Au sein du collectif lyonnais qui se dégage, Aly donne parfois l’impression d’être un joueur solide et léger à la fois. Solide dans ses courses, sa complémentarité avec Bastos, ses centres envoyés à l’occasion. Léger dans son replacement, brouillon dans ses intentions. Un peu comme le Lithium, quoi.
Kim Källström (7) : A la 23ème, Kim Källström a réussi à transformer une récupération dans les pattes adverses en passe décisive pour Gomis. Mais c’est surtout sa façon d’occuper le milieu comme sa maison aux alentours de la 60ème qui a fini par convaincre que le passage de Djila Diarra par Tola Vologe cet été avait laissé quelques traces. Ne restait plus alors qu’à envoyer depuis le rond central, presque immobile, ces passes mi-longues, un coup à gauche, un coup à droite et faire de ce match son Lounge Act.
Maxime Gonalons (7) : Pour qu’un jeune mec issu de la formation s’impose en un début de saison comme un des patrons de l’équipe, il doit avoir de l’or dans les pieds. Gonalons a failli perdre le sien par amputation. En général, vingt ans, c’est le plus bel âge, celui qu’on passe avec ses potes sur PES. Max préfère monter sur la Dombes pour tâter de la carpe avec le paternel. Comme tous les mecs de sa génération, on se dit qu’il devait punaiser des posters de Ronaldo dans sa chambre d’ado. Au lieu de quoi, il a passé ces dernières années à envoyer du « Monsieur » à Toulalan, aussi respectueux qu’admiratif. Ce soir, une fois de plus, il a rappelé que pour régler la question du milieu à Lyon, mieux valait être un type ordinaire. Oui, comme dans On A Plain.
Clément Grenier (6) : La classe de certains gestes, son jeu en première intention ou ses coups de pieds confirment qu’il y a bien quelque chose de piquant chez lui. Mais il lui manque encore cette épaisseur – ce que l’on appelle en général l’expérience – pour emporter définitivement la mise. Comme en fin de première mi-temps où il offre à Kevala son seul sauvetage XXL de la partie. A la façon de certaines jeunes filles, Clément Grenier est encore un jeune joueur en fleur. In Bloom dans la version U.S.
Michel Bastos (5) : Une première mi-temps passée à forcer ses frappes, à répéter de manière trop mécanique cette fois les centres directs vers Gomis, à se perdre dans les partitions solo. Epuisé. Une seconde mi-temps plus digne de ses dernières prestations, à soigner les derniers réglages du jeu en piston avec Cissokho, à sécher Leko en une course ou grâce à ce jeu pratiqué à la petite semelle. Epuisant. Drain You.
Jimmy Briand (4) : Briand pourrait rappeler quelque chose de Govou. Même débauche de tous les instants, mêmes limites techniques qui le condamnent à manquer l’essentiel à l’approche des buts. Et pourtant, les supporters lyonnais ne semblent toujours pas disposés à le considérer comme une idole à la Sid. Parce que Jimmy n’a pas ce chic pour planter des buts impossibles. Parce qu’il n’a pas encore collé de doublé au Bayern. Parce qu’on n’a pas encore partagé de whisky-coca à la Marquise avec lui. Autant de raisons de faire chanter Stay Away aux chœurs de Gerland.
Bafé Gomis (7) : Le match vient à peine de débuter que Gomis se retrouve seul face au but ouvert sur un centre tendu à la Bastos de Grenier. Sa reprise finit au-dessus de la barre. Laurent Blanc peut alors rappeler Hoarau. Une vingtaine de minutes plus tard, lancé dans la profondeur par Källström, Bafé trompe Kelava avec un geste qui devait rester la propriété de Tiago, le lob tout en délicatesse. Il est 21 heures 10, Laurent Blanc vient de perdre officiellement le 06 de Hoarau. Ne lui reste plus qu’à tourner le SMS qui annoncera à Bafé qu’il est retenu chez les Bleus. Come as you are, c’est pas mal…
Alexandre Lacazette (4) : Depuis Benzema, on a rarement vu un joueur suscitant autant d’attentes du côté des supporters lyonnais. Après avoir déçu samedi dernier pour sa première titularisation face aux Girondins, on attendait de le voir en qualité de supersub, précisément là où il a pu gagner son titre de meilleur buteur du Mondial U20. Il s’en est fallu d’un rien pour qu’il remette ça l’espace d’un lob malin. Preuve qu’il risque d’être plus difficile que prévu pour Lacazette de trouver sa place dans cet OL. A moins qu’il s’en foute. Pour faire comme Govou qui savait comme personne le refrain de Breed : « I don’t care… » .
Jérémy Pied (non noté) : Treize, c’est le nombre de Lyonnais qui ont joué sur la pelouse de Gerland ce soir. Treize, c’est aussi le nombre de titres que compte Nevermind. Chez les Gones comme chez Nirvana, tout semble avoir été fait pour qu’on oublie le treizième type comme le treizième titre. Fantômes. Endless, Nameless.
Serge Rezza
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