Le président et le sorcier
L'affaire "Guy Roux" a fait réagir le petit microcosme politique et le café du commerce. A tel point qu'on ne sait plus trop faire la différence entre les deux... Il serait quand même bon d'y voir plus clair dans ce débat, non ?
Laurent Blanc et Guy Roux. Ce sont pour l’instant les deux grosses sensations de ce timide mercato post-électoral. On se faisait du souci pour le président. Après avoir été pressenti un peu partout (Edf, OM, Montpellier), on le voyait déjà en CFA apprendre le métier ou, pire, secrétaire d’Etat.
Un mec de cette qualité, après tout ce qu’il a fait pour le rayonnement de la France dans le monde, franchement tomber aussi bas, dans l’amateurisme… Il aurait pu finir mal, alcoolique, à côtoyer des RMistes toute la journée dans ses Cévennes natales. Heureusement qu’on a le sens de la patrie à Bordeaux.
Et puis il y a Guy Roux à Lens, feuilleton en cours. L’anti-Laurent Blanc, Guy Roux, un mec que tout prédestinait à ne jamais avoir son nom sur une feuille de match, parti de rien, et qui est devenu en se levant tôt, sans prendre ni week-end ni vacances pendant des années, une figure incontournable du milieu. Classé aux monuments historiques. Un sacré exemple pour la jeunesse. Tellement bien élevé le gars qu’il a attendu la retraite pour tromper sa femme ! Le fameux démon de midi, vous savez…
On lui pardonne, évidemment : c’était Lens ou rien, il l’a dit, pour la ferveur du public. Et ce cadeau des supporters, une lampe de mineur qu’il a exposée sur sa cheminée et qui lui faisait de l’oeil tous les soirs. C’est beau comme un discours d’Henri Guaino. Mais c’est sincère.
Et puis voilà que Guy Roux serait trop vieux pour travailler. C’est ce que dit la Ligue. C’est la loi. « Stupide » tranche Christine Lagarde, la ministre de l’économie qui fait l’unanimité, au café du commerce. « Guy Roux, c’est Guy Roux, quand même, et à 68 ans, on était bien content de le trouver le général, non ? Alors, s’il peut sauver la L1… » ; « On va quand même pas le forcer à partir à l’étranger s’il veut travailler, l’important c’est qu’il paye des impôts en France ! La France crève déjà de ça. » Il y a quand même des petits bémols : « Qu’il prenne la place d’un chômeur tout aussi compétent que lui, c’est possible… Mais en attendant, au moins, il pourra former Francis Gillot, et ça c’est positif » ; « C’est dommage qu’il rempile, j’aimais bien ses commentaires à la télé. Il était payé pour ça en plus de sa retraite ? »
On vient d’apprendre à l’instant que, suite à la prise de position publique de Mme Lagarde, de nombreuses personnalités ont signé la pétition de soutien à Guy Roux, et notamment Christian Poncelet, le président du musée Grévin, le pape Benoît XVI, Jacques Séguéla, et même Jean-Claude Brialy, qui avait tout prévu dans son testament. La rupture tranquille, c’est vraiment trop puissant.
Par Vincent Riou
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