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Le premier festival d’Avignon

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Le premier festival d’Avignon

Où l'on se souvient qu'Avignon avait déjà connu une saison catastrophique en première division. C'était il y a 35 ans, c'était le foot à papa. Sur scène : Claude Le Roy, Albert Batteux, un Argentin de San Lorenzo et... Rimbaud.

En pleine épidémie de révolutions arabes Claude Le Roy était encore à Oman. « C’est beaucoup plus chaud au Yemen, analyse l’intéressé.Ici, il y a quelques manifestations mais l’autre fois j’en ai croisée une, les militants distribuaient des dattes et des bonbons. C’est bon enfant » . Visiblement pas assez, puisque le vainqueur de la CAN 88 va prendre les rênes d’une nation bien plus tranquille, la Syrie… Bref. Avant de globe-trotter dans les pays du Golfe ou en Afrique, on oublie souvent que l’entraineur-consultant a été joueur dans des clubs aux noms rutilants : Evreux, Rouen, Amiens, Laval, Ajaccio, et donc Avignon. Car lorsqu’on parle de football, la ville du festival est la meilleure preuve que la foudre peut tomber deux fois au même endroit.

« Le kiné, c’était le kiné du village »

La « performance » de l’Athletic Club Arles-Avignon, qui se traine en ce moment à la dernière place de Ligue 1 avec douze petits points, n’est effectivement pas inédite pour la commune du Vaucluse. Il y a trente-cinq ans déjà, l’Olympique Avignonnais avait terminé sa pige d’une saison en première division à douze unités de l’avant-dernier avec une différence de buts de -50. Une malédiction ? « Ce n’est pas vraiment comparable, assure Jean-Claude Hoffmann, deuxième gardien de l’époque. Tout est arrivé trop vite pour l’ACA. Nous, nous étions à deux doigts de la montée depuis plusieurs années » . Lorsque l’entrepreneur local Guy Sauget reprend le club en 1966 l’ambition est en effet clairement affichée : il veut la D1. Au mercato de 1975, il sort donc le chéquier et s’offre une poignée de joueurs ayant l’expérience de l’élite : Pech débarque du FC Nantes, Joly de Valenciennes, Castellan d’Ajaccio, Giordani de Bastia et Chazaretta, le seul étranger, est un Argentin recruté à San Lorenzo.

Le cocktail fonctionne. Après une victoire en barrages, l’équipe entrainée par Marc Bourrier gagne son ticket pour la première division. « Il y a eu un bel enthousiasme dans la ville, le stade s’est rempli, se souvient Claude Le Roy. Et puis nous avons soudé l’équipe en allant faire un stage d’avant-saison plutôt folklorique à Saint-Chély-d’Apcher, en Lozère » . La bataille sémantique est engagée avec Jean-Claude Hoffmann : « Plutôt que folklorique, je dirais que c’était rustique. Le staff technique n’était composé que de l’entraineur. Le kiné, c’était le kiné du village. On a fait un match de préparation contre Reims sur un terrain que n’utiliserait même plus une équipe réserve » .

Albert Batteux à la rescousse

On est donc loin du bordel ambiant qui a servi de préparation à Arles-Avignon l’été dernier. Le résultat est pourtant similaire : l’Olympique Avignonnais commence sa saison par une défaite 3-1 à Marseille et enchaine cinq défaites lourdes en guise de baptême du feu. « Il faut dire que nous n’avons pas été avantagés par le calendrier, justifie Hoffmann, le goal du banc de touche. Après Marseille, nous avons reçu Nice, une très belle équipe à l’époque, puis nous avons affronté le PSG. J’aurais préféré commencer par des plus petits. Sans parler des blessures qui nous ont accablés, c’était la loi des séries » .

Malgré les mauvais résultats, la situation en interne ne se dégrade pas. « Paradoxalement, ça a été une saison très sereine et j’en garde un excellent souvenir » , affirme Le Roy. Pour trouver les racines du mal, il faut donc se tourner vers la presse locale de l’époque, dans laquelle le président Sauget s’épanchait sans langue de bois : « Nous avons réalisé un recrutement trop sage. A la place d’une ou deux des valeurs moyennes que nous avons incorporées, nous aurions du mettre à notre service un ou deux grands joueurs » . L’époque n’étant pas vraiment aux recrutements en cours de saison, c’est Albert Batteux, ancien sélectionneur de l’équipe de France, entraineur de Reims et de Saint-Étienne, qui vient prêter main forte à Marc Bourrier sur le banc. Quelques points sont grappillés mais il devient rapidement évident qu’Avignon ne prolongera pas l’aventure au delà du printemps 76.

Rimbaud et Marius Trésor

« Nous avons tout de même terminé la saison sur une victoire contre Marseille à domicile, s’enorgueillit Claude Le Roy. Un stade plein, un match à haute tension. D’ailleurs il y avait eu une belle bagarre entre Marius Trésor et Jacques Castellan. Jacky avait du laisser trainer le pied… » Malgré ce fait de gloire, aucun des acteurs de l’époque ne fera de grande carrière par la suite. Excepté Le Roy, bien sur, qui ajoutera bientôt à son CV de coach une ligne consacrée à la comédie ( « j’ai un projet assez important au théâtre avec mon ami Gérard Gelas, je veux faire découvrir un peu mieux Rimbaud aux gens » ). Jean-Claude Hoffmann, qui n’était jamais passé professionnel, s’est lui consacré à son métier d’inspecteur du travail. De son côté, l’Olympique Avignonnais a bien failli remonter à plusieurs reprises dans les années qui suivirent mais a fini par s’enfoncer à coups de problèmes financiers, de liquidations et de changements de nom successifs.

Lorsqu’il est parvenu à se hisser en L1 l’année dernière, l’ACA n’a donc pas un instant songé à faire appel aux bons conseils des anciens combattants. « C’est un club qui a disparu, comme certaines personnes de l’époque, s’attriste Jean-Claude Hoffmann. Pour ceux qui ont vécu ça, c’est un peu comme un souvenir d’enfance, comme les colonies de vacances ou le service militaire. Pour eux, c’était les belles années » . Les supporters d’Arles-Avignon auront au moins la mélancolie pour eux après le mois de mai.

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