Le foot US aussi fort que Britney Spears ?

Avant, dans les seventies, le foot aux USA c’était n’importe quoi. Des terrains pourris, un championnat dans chaque fuseau horaire, des stars (Pelé, le Kaiser, Johan 14, etc.) payées à prix d’or juste pour changer un peu des rock stars anglaises devenues vraiment trop trop trop décadentes dans les night parties. Du foot disco, quoi.

Aujourd’hui, ça rigole pas. L’Amérique veut décoller, invoque la Nouvelle Frontière et se promet d’aller sur la lune ! D’où Beckham au Los Angeles Galaxy, histoire de bien relancer la MLS (championnat US) une bonne fois pour toutes. Mais ce n’est que la partie émergée du citron. Depuis 1994, Nike est partenaire de la fédé US. Un partenariat de 100 millions de dollars sur une durée de 15 ans, avec la création d’un INF Clairefontaine pour les jeunes Ricains, basé à Bradenton, en Floride. En parallèle, le « Project 40 » , sorte de super sélectionnage de ces jeunes talents qui a permis de sortir dès la Coupe du Monde 2002 entre autres quatre jeunes remarqués : Landon Donovan, DaMarcus Beasley, John O’Brien ou Clint Mathis. Récemment, les -20 ans US, éliminés dimanche par l’Autriche en quarts de la Coupe du Monde en cours, ont fait plutôt bonne impression (victoire contre le Brésil). Leur chef de file, le prodige (?) Freddy Adu a semble-t-il confirmé sans tapage les grandes qualités décelées à ses débuts. En tout cas, en Amérique il intéresse toujours les médias, c’est déjà ça, comme dirait la Souche.

Précisons qu’en Copa America, les USA avaient fait impasse. Bob Bradley (le coach étasunien) avait débarqué au Venezuela sans cinq de ses meilleurs GI’s : Donovan, Beasley, Mastroeni, Onyewo et Adu, précisément. Captain Bradley a juste profité de l’occasion pour offrir à ses jeunes boys la possibilité de se frotter aux cadors de l’autre Amérique (les Argentins ont mordu les USA 4-1).

Articulé autour des sélections (A et jeunes) plutôt que de son championnat encore neurasthénique, le foot US progresse. Qualifiés permanents à la Coupe du Monde sans discontinuer depuis 1990 dans la zone certes facile du CONCACAF, les USA s’imposent désormais comme le N°1 Nord-Américain, au détriment du Mexique, pourtant en très nets progrès. L’Amérique a ainsi gagné la Gold Cup en 2002, 2005, 2007. Du coup, en matches amicaux, les States sont devenus un adversaire nettement moins snobé que par le passé.

Reste à mieux tirer profit de la wild card latino en Copa America, c’est à dire mieux optimiser cette invitation épisodique (1993, 1995, 2007) faite par l’Amsud aux gringos, et venir avec une vraie équipe. Histoire d’apprendre, justement.

Voilà. Une présence quasi automatique en Coupe du Monde (zone CONCACACF !…) grâce à une FIFA toujours dollarement soucieuse de voir le soccer s’imposer enfin en terre yankee. Un sport toujours n°1 chez les scolaires, jusqu’à 16 ans, qui atteste que le terreau foot existe. L’effet Beckham qui entraînera là-bas à terme d’autres stars du foot mondial (Edgar Davids était pressenti, Capello se tâte). Les tournées estivales régulières des grands clubs européens qui font souvent le plein dans les grandes villes. La création de la Super Liga (1ère édition du 24 juillet au 29 août) qui opposera les meilleurs clubs US aux meilleurs clubs mexicains (un championnat mexicain de plus en plus relevé sportivement et de plus en plus prospère, grâce aux droits TV). Des sponsors décidés à investir dans la MLS et ESPN prêt à couvrir la compétition (voir So Foot n°44, article « Beckham Burger » ). En fait, le seul point noir du football US, c’est ses footballeuses. Ces abruties ont des résultats tellement balaises (2 fois vainqueurs et 2 fois troisièmes en Coupe du Monde !) qu’elles entretiennent encore aux States l’idée à la con que « le soccer, ça sera toujours qu’un sport de gonzesses » .

Alors, de simples indices isolés ou une tendance forte ? Il faudra d’abord faire le bilan précis (sportif, financier, affluence stades, audimat,…) de la MLS qui s’achèvera le 21 octobre prochain avec la fin du championnat régulier puis le 18 novembre avec la finale dudit championnat. Quoi qu’il en soit, quand l’Amérique décide de mettre le paquet dans un sport, elle arrive parfois à des résultats surprenants. Au milieu des années 80, les USA, partis de quasiment rien, sont devenus N°1 du volley-ball mondial (médaille d’or JO 84 et 88, championnat du monde 86, grâce entre autres aux hallucinants Steve Timmons et ‘Karch’ Kiraly, sorte de Michael Jordan du volley), sur la base universitaire d’un programme Blitzkrieg qui a tout balayé sur son passage. Mais, bon, le foot c’est pas le volley, comme disait Van Damme.

Chérif Ghemmour

NB : Ah, ouais !… Pourquoi Britney Spears ? Les chiffres, toujours : 5 560 675 connections pour la Spears sur YouTube contre « seulement » 2 500 312 visiteurs pour L-O-L-I-T-A. La jeunerie US bat donc la vieille Europe et annonce le futur : Coupe du Monde 2014, USA bat France en finale. Nasri pleure dans les bras d’Alizée après son tir au but raté.