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Et si la Tanzanie était une future grande d'Afrique ?
Engagée dans la quatrième CAN de son histoire, la Tanzanie est une sélection qui travaille bien et en silence. Si la bande de Miguel Angel Gamondi, nommé sélectionneur un mois avant la compétition, fera de son mieux dans cette édition marocaine, elle a déjà les regards tournés vers 2027, quand elle accueillera le tournoi pour la première fois.
Mardi dernier, au complexe sportif de Fès, la Tanzanie débutait sa CAN contre le Nigeria. Un premier match ponctué par une défaite (1-2), mais l’essentiel est ailleurs. En se qualifiant pour la quatrième Coupe d’Afrique de leur histoire (1980, 2019, 2023, 2025), les Taifa Stars s’imposent peu à peu comme une nation émergente du continent. Le fruit d’un remarquable travail réalisé au pied du Kilimandjaro depuis plusieurs années.
« C’est un pays qui n’est pas forcément cité quand on parle du football africain mais qui a tout pour bien faire », introduit Pierre Lechantre. Le tacticien français, qui a parcouru (entre autres) le continent africain durant plus de vingt ans, a vécu sa dernière expérience sur un banc en Tanzanie, au Simba SC (2017-2018). « Comme dans beaucoup de pays, il y a beaucoup de problèmes qui sont regrettables. Mais mon expérience au Simba m’a permis de voir que la Tanzanie a tout pour devenir une grande nation du football africain dans les prochaines années », estime-t-il. Rien que ça.
Deux locomotives et des moyens
Le 23 octobre 2023, au stade Benjamin Mbaka de la capitale Dar es Salaam, devant plus de 60 000 personnes, le Simba SC – le mastodonte national – recevait le géant du football africain, Al Alhy, en quarts de finale de l’AFL, la Super League africaine créée en 2023. Malgré le match nul (2-2), l’aventure des Msimbazi Street Boys s’arrêtera là. Peu importe : sous les yeux de Gianni Infantino et d’un certain Arsène Wenger, chargé du développement du football à la FIFA, la Tanzanie a montré qu’elle voyait les choses en grand.
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Ces ambitions se matérialisent par ses deux géants, le Simba SC et les Young Africans, qui performent depuis plusieurs années sur la scène continentale. Les deux clubs sont placés dans le top 15 africain, respectivement cinquième et douzième du classement CAF. La Tanzanie, elle, est sixième au ranking. « Ce sont des clubs détenus par des milliardaires qui ont donc les moyens, plus que d’autres clubs d’Afrique de l’Est et du contient en général », rappelle Lechantre. Le Simba SC et les Young Africans se partageant les titres de champion national depuis plus de 25 ans (seul l’Azam FC, en 2014, est parvenu à s’intercaler). Outre leur puissance financière, ils ont fait leur réputation avec l’excellence de leur formation, réputée au-delà des frontières du pays.
« Le football tanzanien doit comprendre qu’il pourra se développer surtout avec un travail de formation au niveau local », déclarait en mars dernier Wallace Kaira. Le président de la Fédération tanzanienne de football, en poste depuis six ans, voit les choses en grand. « Nous avons un immense vivier de talents et nous devons le développer de manière efficace et cohérente. La CAN que nous accueilleront doit nous permettre d’aller encore plus loin », annonçait-il lors d’un comité de la CAF en mars dernier.
Ce pays n’a rien à envier aux autres grandes nations du continent. Le seul problème, c’est que les joueurs tanzaniens n’arrivent pas encore à s’exporter.
Le label Nos régions ont du talent n’est en effet pas réservé qu’à l’Hexagone. Pierre Lechantre : « J’ai été impressionné par la qualité des joueurs en Tanzanie, qui n’a rien à envier aux autres grandes nations du continent. Le seul problème, c’est que les joueurs tanzaniens n’arrivent pas encore à s’exporter. Plusieurs fois, j’ai fait marcher mes contacts en Europe pour leur dire de regarder vers la Tanzanie, qui n’est pas souvent regardée en Europe alors que la qualité est là. » Le football tanzanien peine à s’exporter, c’est un fait. Une exception : Mbwana Ally Samatta, premier joueur tanzanien à évoluer en Premier League (Aston Villa) et désormais au Havre, où il est devenu le premier ressortissant de son pays à jouer en Ligue 1.
Mission 2027
La Tanzanie accueillera la prochaine CAN, en 2027 (avec le Kenya et l’Ouganda), et sera ainsi présente dans le tableau pour la quatrième fois sur les cinq dernières éditions. Peut-être un détail pour vous, mais en Tanzanie, ça veut dire beaucoup. Les résultats sur le terrain sont de plus en plus prometteurs, et ils se maintiennent sur la durée. En atteste la campagne de qualification pour la CAN 2025, durant laquelle les Taifa Stars termineront deuxièmes de leur groupe, deux points derrière la RD Congo, et devant la Guinée. En 2023 déjà, malgré son statut d’équipe de chapeau 4, la Tanzanie avait pris la deuxième place de son groupe de qualif’ derrière l’Algérie, sans démériter dans ses confrontations face aux Fennecs (défaite 0-2 à domicile, nul 0-0 à Annaba).

Cette réussite s’explique par une politique globale, pas uniquement focalisée sur la sélection A. En Tanzanie, « la formation des jeunes talents et des éducateurs est la priorité », comme aime le rappeler le président de la Fédé. Les résultats suivent à tous les niveaux : exemple avec le championnat d’Afrique des écoles de football (sorte de CAN U15), que la Tanzanie a remporté en 2024 et 2025. Côté féminin, les U17 ont disputé la Coupe du monde 2022, la première de l’histoire du football tanzanien, et ont atteint les quarts de finale, en battant notamment la France (2-1). Sur cette lancée, la CAN marocaine a tout d’une répétition générale pour la Tanzanie, à moins de deux ans d’un rendez-vous capital pour son ascension. Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas…
Zerobrainer : « Un jour, la Tanzanie sera un pays de football grâce à mes contenus »Par Tristan Pubert
Propos de Pierre Lechantre recueillis par TP.
























