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Le Docteur Fuentes à Las Palmas
Quand il est question de pharmacopée louche dans le sport un nom surgit : Eufemiano Fuentes. Ce dernier a été bazardé responsable médical de l'Universidad Las Palmas CF. Que va-t-il se passer aux Canaries ? Sofoot.com fictionne.
Avril. « Peut-être me donneront-ils le prix Nobel dans vingt ans, peut-être vont-ils me construire un monument commémoratif » . Même s’il échoue en troisième division ibérique, le docteur Fuentes garde une haute estime de lui-même. Certain de son boulot, il déboule au centre d’entraînement avec sous le bras la dernière parution du Journal of Obstetrics & Gynecology. Normal, Fuentes est gynécologue de formation. Soucieux de renforcer son staff, il se rappelle aux bons souvenirs du monde médical interlope. Il jette son dévolu sur Ben Johnson : un type qui gobait le 100 mètres en 9,79 à Séoul 88 et a été le préparateur physique de Diego Maradona et d’Al-Saadi Kadhafi ne peut être qu’un excellent bras droit.
Juillet. Fuentes insiste pour que le stage de préparation se tienne en France. Si Ben Johnson se charge des sprints, le docteur voit les choses en grand question foncier. Au menu que du costaud : Galibier, Tourmalet, Ventoux et Aspin. Et pas seulement pour s’oxygéner. Non ! Ça bouffe du bitume, les mollets de coq s’épaississent au fil des bosses. T-shirt de l’équipe Kelme sur les épaules, le docteur s’occupe du ravitaillement et vilipende les membres du grupetto. Quand le coach trouve à se plaindre de l’état physique dans lequel il récupère ses joueurs, Fuentes lui rétorque alors : « Le sport de haut niveau est un cirque dans lequel la santé des athlètes est reléguée au second rang » .
Août. Avec ses 21 virages et son pourcentage moyen de 7,9, l’Alpes d’Huez se dresse. Tradition oblige, l’Olympique Lyonnais au grand complet s’attaque à l’ascension. Las Palmas fait rougir le braquet alors que les Gones roulent sur la jante. Seul Claude Puel s’accroche en vulgaire suceur de roue. Mais le mental ne suffit pas : l’entraîneur lyonnais est lâché dans les derniers lacets. Le docteur Fuentes exulte et regrette que Jean-René Godart ne soit pas là pour immortaliser l’instant.
Septembre – octobre. En ce début de saison, Las Palmas a fière allure dans son ensemble moulant floqué d’un Livestrong, nouveau sponsor. Pas de chaussettes montantes, des socquettes. Défi physique, pressing incessant, vitesse. Le triptyque fait mouche et asphyxie les adversaires. Amplement suffisant en troisième division. Côté récupération, Fuentes a sa botte secrète : de la barbaque. Contador lui a recommandé le boucher.
Novembre. Masse musculaire, résistance à l’effort, globules rouges. Les derniers examens sont bons. Ben Johnson et Eufemanio Fuentes vont fêter les excellents résultats au clubhouse tenu par Riccardo Ricco en exil. A la télévision, la sélection espagnole balade l’Écosse : « Si je dis tout ce que je sais, nous pouvons dire adieu à la Coupe du monde et à l’Euro » , murmure le gynéco. Johnson et Ricco ne relèvent pas.
Décembre – Janvier. Les contrôles antidopage s’avèrent négatifs. Au classement, Las Palmas s’échappe. Le matelas est suffisamment confortable pour que Fuentes change de braquet niveau « médecine thérapeutique » , selon ces mots. S’en est trop pour l’entraîneur qui démissionne. Il est remplacé par Manolo Saiz qui a fait ses preuves comme directeur sportif de la Once. Sa première exigence ? Un ailier ayant un profil à la Jan Ullrich.
Février. Raël entre au capital du club. Au meeting de Lausanne, le défenseur droit de l’équipe bat le record d’Espagne du triple saut. Teddy Tamgho tremble.
Mars. Victorieux depuis le début de la saison, Las Palmas accroche les play-offs. Déjà. Si « le corps d’un cycliste professionnel n’est pas fait pour endurer trois semaines d’efforts continus » , Fuentes estime que jouer une fois par semaine est indécent. Les sorties à vélo s’intensifient.
Avril. Usain Bolt vient porter la bonne parole aux Canaries et des nuggets. Comme à son habitude, il met au défi l’équipe de le coucher sur 100 mètres. Le jamaïcain gagne d’une courte tête.
Mai. Le Las Palmas de Manolo Saiz et Fuentes s’aligne au Giro quand l’équipe B besogne en Segunda B. Mais les deux hommes ont surestimé la résistance des joueurs. Lanterne rouge au classement par équipe, les derniers coureurs canariens finissent dans la voiture-balai sur les hauteurs du Mortirolo.
Juin. Descente de la Guardia Civil. Fallait bien que ça arrive. La pharmacie du club est perquisitionnée. Ben Johnson, menottes aux poignets, se dit victime d’un coup monté et radote sur Seoul. Planqué derrière le secret médical, Fuentes ne moufte pas. Il fait la promesse de ne plus se frotter à la médecine sportive et reprendra un cabinet de gynécologue. Jusqu’à quand ?
NB : Tout ceci n’est qu’une fiction.
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