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L’annus horribilis du Real Madrid
Alors qu’il ne manque plus que l’officialisation de la justice sportive, le Real Madrid est éliminé de la Coupe du Roi pour une faute grotesque. Un énième coup dur dans une année 2015 qui s’annonce comme l’une des pires pour le Madridismo. État des lieux d’une institution qui tremble.
D’un Submarino Amarillo à un autre, le Real Madrid retrouve Villarreal et son Madrigal. Un stade qui rappelle d’heureux souvenirs à des Madridistas qui n’y connaissent plus la défaite depuis 2009. Pourtant, le surnom de sous-marin jaune renvoie à d’affreux cauchemars toujours d’actualité. Pour sûr, le Cadix CF, autre club espagnol au surnom aquatique, tient bien sa qualification en Coupe du Roi aux dépens du monstre de Chamartin. Le tribunal arbitral du sport, saisi par la direction merengue à la suite de sa disqualification de la compétition royale, s’apprête à délivrer une décision finale en forme de secret de polichinelle ce mercredi. Même le service marketing blanc s’est résolu à rembourser toutes les entrées déjà aux mains des supporters. Un mois de décembre catastrophique, donc, qui conclut une année 2015 noire pour tout le Madridismo. Chahutée à tous ses étages, aussi bien sportif qu’institutionnel, la nébuleuse du Santiago Bernabéu suffoque. Et espère que le passage vers l’an 2016 annonce un changement de ton du côté de l’office de Florentino Pérez et sa clique, coupables de bien des manquements au code d’honneur blanc.
La stratégie sans queue ni tête de Floflo
L’année 2014 amorce ses derniers instants que le Real Madrid ne touche plus terre. Sacré champion du monde des clubs suite à une victoire sur les Argentins de San Lorenzo, il toise la planète du ballon rond du haut de son piédestal marocain. Florentino Pérez, pas peu fier de son œuvre, se pense alors l’égal de Santiago Bernabéu et Alfredo Di Stéfano, deux piliers historiques du Madridismo. Pourtant, le président merengue ne se doute pas que cette effusion de joie annonce une chute encore plus brutale. Comme un symbole, elle se joue en trois chapitres face au voisin honni de l’Atlético de Madrid. D’abord châtié en Copa del Rey, le Real reçoit ensuite une correction en Liga au Vicente-Calderón. Un 4-0 qui fait date dans l’histoire des derbis madrileños et qui engendre un malaise profond autour de l’ancien Chamartin – d’autant plus que Cristiano Ronaldo fête ses trente bougies le soir même en mondovision. « Il faut absolument changer d’attitude pour éviter que cela se reproduise dans le futur » , prévient alors un Carlo Ancelotti qui, quelques mois plus tard, prendra la porte dans l’incrédulité la plus totale.
Car plus que les mauvaises performances sportives – un constat tout relatif, puisque le Real, sans perdre, se retrouve éliminé en Ligue des champions, puis termine sur le second strapontin de Liga -, ce sont les choix de la direction qui étonnent. Pour sûr, la Junta Directiva de Florentino Pérez ne dispose plus de secrétariat sportif depuis le départ de Jorge Valdano. Sa stratégie, brinquebalante, en devient donc illisible pour tout bon supporter madridista. Une aficion qui se réveille même avec la gueule de bois lorsque, le 25 mai 2015, le magnat du BTP espagnol annonce le licenciement de Don Carletto. Soutenu par le public, adulé par ses joueurs, l’Italien n’entre plus dans les plans d’un président qui préfère un entraîneur au charisme moindre, plus à même de lui déléguer le protagonisme. L’arrivée de Rafa Benítez, au sang reptilien plus que latin, confirme ainsi la théorie d’une partie de la presse madrilène : plus qu’un président, le señor Pérez souhaite être le Real Madrid. Une personnification qui passe mal, d’autant plus que les bévues de sa direction s’enchaînent comme des perles. Un régal pour le voisin rojiblanco et l’ennemi blaugrana.
Où donc se cache le Señorio du Madridismo ?
Histoire de commencer ce nouvel exercice pied au plancher, le Real Madrid anime l’un des plus gros couacs de l’histoire moderne des mercatos. Chaud bouillant pour arracher David de Gea à Manchester United, il trouve un accord de dernière minute avec la direction anglaise. Problème, le fax du Santiago Bernabéu ne répond pas à l’heure fatidique et empêche le transfert du portier formé chez les Colchoneros. Un raté dans les grandes largeurs qui trouve une caisse de résonance avec l’épisode Cheryshev. Aligné bien que suspendu face à Cadix, le Russe coûte sa place en Copa del Rey au Real dès son entrée en lice. Une farce que Florentino Pérez interprète par le manque de communication de la RFEF. L’explication est pourtant autre : à la demande des clubs, la Fédération espagnole peut envoyer un fax en début de saison pour rappeler les joueurs suspendus. Une demande qu’aucun dirigeant merengue n’a formulé… À chacun de ces épisodes, la direction madridista réfute toute culpabilité de sa part. Une posture qui passe de moins en moins, auprès d’aficionados qui sont de plus en plus nombreux à demander la démission de Florentino Pérez. Où donc se trouve le Señorio si cher au Madridismo ?
Par Robin Delorme, à Madrid