La renaissance du Real ?
Avalanche de bonnes nouvelles à Madrid ces derniers temps. Soleil dans les cœurs, soleil dans les caboches, Ramon est parti. Tout seul. Comme un con. Comme un plouc. Entretemps, il a pourtant viré l'infâme Bernie Schuster, recruté le jovial Juande Ramos et Lassana Diarra - on choisira de ne pas évoquer le mystère Huntelaar. Soit, outre sa démission, autant de raisons de pronostiquer la renaissance progressive du grand Madrid ?
Bon on va pas se mentir, la démission de Ramon Calderon est une vraie libération pour les socios du Real Madrid. Trop vulgaire, trop mythomane, trop bleus ses yeux, trop gris ses costards, trop rayées ses chemises, trop boutonnés ses cols… N’en jetez plus, la coupe est pleine.
Ramon Calderon, donc, ne pouvait décemment rester un jour de plus président du plus grand club de la planète. Incompatibilité totale de standing avec la fonction qu’il était censé occuper. Pour situer, c’est un peu comme si on refilait le Ministère de la Culture à Didier Barbelivien. Son binôme, Pedrag Mijatovic, serait, lui, en planque dans Valdebebas. Le Yougo a pris le maquis. Il sait qu’on le traque. Armé jusqu’aux dents, il attend qu’on vienne le débusquer. Sa fin semble pourtant inéluctable. RIP Omar Little. Comment pourrait-il échapper à la purge ??? Faut dire que son pote Calderon a quand même sacrément merdé. Flashback.
Dans la nuit du 15 au 16 décembre dernier, “Jamon” décide de poser sa démission. Il est dans l’œil du cyclone. Marca l’accuse d’avoir truqué le vote lors de la dernière Assemblée Générale de la Maison Blanche. Deux jours plus tôt, le journal madrilène dévoilait effectivement que “Jamon” et ses conseillers en charcuterie avaient permis l’entrée de personnes n’ayant pas droit de vote pour obtenir une majorité favorable à l’approbation, à main levée, des comptes du dernier exercice et du budget de l’actuelle saison. C’était le 7 décembre 2008. Le journal a de fait publié des photos des faux “compromisarios” (membres délégués) et des faux “socios” présents à ladite AG. En prenant bien soin de les cercler au feutre sur sa une.
Officieusement, la vérité est autrement plus marrante. “Jamon” aurait sollicité ses proches pour débaucher quelques trublions (10 pour être précis, on parle même d’un ami du rejeton Calderon supporter de l’Atlético Madrid) disposés à taquiner de la main levée. Imaginons d’ailleurs la scène un instant : un socio de l’Atletico qui vote le budget du Président à l’Assemblée Générale du Real. Surréaliste.
Oui mais voilà, Calderon s’est fait cintrer par Marca. Photos à l’appui. Donc ciao pantin ! La direction du Real Madrid a d’ailleurs approuvé lundi soir la tenue d’une nouvelle AG. En attendant, c’est Vicente Boluda qui assure l’intérim et qui claironne à qui veut bien l’entendre qu’il fera venir CR7 et Benzema s’il reste président après les prochaines élections. Sans doute un moyen de retarder l’offensive de Florentino Pérez, qui viendrait, lui, avec Kaka et Wenger dans ses valises. En résumé, c’est vraiment le bordel. Raul ne dit pas autre chose : « Nous les joueurs, désirons la stabilité institutionnelle, l’unité, quelque chose qui n’existe plus depuis plusieurs mois. Nous essayons de nous maintenir en marge, mais je ne peux pas dire que cela ne nous affecte pas » .
Le bannissement quasi salvateur de Calderon enfin acquis, la bande à San Casillas peut désormais se consacrer entièrement à assimiler un nouveau plan de jeu. Puisque Bernie (ici, ici et là) n’en avait pas. Ou plutôt si. Un. Axe, Axe, baby ! Juande Ramos a donc du pain sur la planche. Lorsqu’il a débarqué, l’équipe était à l’article de la mort. Plus d’esprit de solidarité, plus d’envie, plus d’imagination. Quant au moral des joueurs à la mi-décembre, il était juste à zéro. Et puis…
Juande Ramos a opéré un véritable retour aux fondamentaux. Un bon vieux 4-4-2 de derrière les fagots made in Séville, soit un double pivot au milieu Gago-Diarra hyperactif et créatif, deux ailiers tels Robben et Sneijder (???), et deux attaquants qui permutent dans l’axe. Higuain plein centre et Raul en pointe. Ou vice-versa. Le système sera de toute façon quasiment inamovible, ce qui implique une grande faculté d’adaptation pour un bon nombre de Merengues, pour ne pas dire autre chose. La plus grande interrogation à ce jour ?
Une chose est sûre en tout cas, Juande Ramos n’est pas Bernd Schuster. Lui a entre autres compris que faire jouer Drenthe ou Marcelo arrière gauche était tout simplement suicidaire. Alors il a fait quoi Juande ? Il a placé Heinze titulaire à ce poste et fait entrer les deux quiches 20 minutes par match à tout casser, les colle sur la ligne et le plus haut possible pour suppléer Sneijder notamment. Il a aussi compris la nécessité de jouer avec un double-pivot. L’arrivée de Lass a d’ailleurs déjà complètement rééquilibré l’équipe. Et c’est dans la compétitivité de ce double-pivot que réside la résurrection merengue. La défense n’en serait que plus performante. Car moins sur les nerfs. Parce que Cannavaro. Du clash en perspective, donc, mais de l’ordre. Putain enfin de l’ordre. Ça changera un peu du 4-6-0 de Schuster…
Par Jean Manche
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