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La nouvelle donne
C'était prévisible. Manolo Jimenez vient de se faire éjecter par ses dirigeants. L'éviction de l'entraîneur andalou sonne ainsi le glas de l'âge d'or du FC Séville. Reste à savoir quelle voie compte bien prendre un club qui aspire à entrer dans le cercle très fermé des grands d'Europe.
Séville a définitivement touché le fond mercredi soir en concédant un match nul à la dernière minute contre le dernier de la Liga, Xerez. A quelques minutes près, Manolo Jimenez aurait d’ailleurs pu conserver son poste, comme l’a confirmé après le match le directeur sportif du club, Monchi : « Si Leandro n’avait pas égalisé en toute fin de match, Manolo serait encore avec nous. Mais cette nouvelle contre-performance met en danger l’avenir sportif et économique du club, et ça, nous ne pouvions plus nous le permettre » . Avec deux Coupes de l’Uefa, deux Coupes du Roi et une Supercoupe d’Europe glanées lors des six dernières années, le FC Séville apparaît comme l’adolescent modèle du football européen. Après avoir connu une croissance sportive et économique exponentielle, les Rojiblancos doivent faire face à leur première véritable grande crise de croissance. Pour le polémique président Del Nido, une page importante de l’histoire récente du club vient d’être tournée : jamais sous le mandat du petit chauve, un entraîneur n’avait été viré en pleine saison. C’est désormais chose faite.
Arrivé sur le banc andalou après le départ surprenant de Ramos pour Tottenham, Jimenez devait assurer à la base un court intérim. Malgré une élimination en huitième de finale contre Fenerbahçe et une cinquième place en championnat peu flatteuse, les dirigeants sévillans ont néanmoins finalement reconduit le bail de Jimenez pour une année supplémentaire. La saison suivante, l’entraîneur andalou glane une troisième place qualificative pour la Champion’s. C’est cette compétition qui aura sa peau. Car l’élimination contre le CSKA aura scellé la triste sort de Jimenez. L’optique d’une finale de Coupe du Roi n’aura pas suffi à convaincre ses dirigeants de le garder… Séville ne veut plus et ne peut plus se contenter des compétitions nationales pour continuer à grandir. Le chapelier fou avait d’ailleurs donné le ton en début d’année : « Je veux que Séville soit en crise quand nous perdons un match. La crise, c’est l’apanage des plus grands et les Rojiblancos doivent désormais franchir un nouveau cap pour figurer parmi l’élite européenne » . Avec Jimenez, forcément, c’était loin d’être le cas.
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30 mois de perdus ?
Séville aura perdu deux ans et demi avec l’ère Manolo Jimenez. Aucun titre, aucun exploit et même pas une seule confirmation après la moisson de titres qui avait suivi la première victoire en Coupe de l’UEFA, la première remportée par un club andalou. Avec le départ de Jimenez, les Sévillans vont vraisemblablement laisser tomber une gestion qui a atteint ses limites : celle d’un club familial, qui faisait jusqu’ici confiance aux hommes de la maison. Désormais, l’heure n’est plus à la consanguinité, mais aux résultats, seul baromètre déterminant dans le football de très haut niveau. Quelque part, en effet, Jimenez représente aussi la fin d’un cycle débuté avec Caparros et porté au firmament par Ramos. L’actuel entraîneur de Bilbao avait laissé une génération en or (Reyes, Navas, Capel, Baptista, Ramos, Puerta) et beaucoup d’argent dans les caisses du club grâce à la revente de ces jeunes promesses. Un autre homme de la maison, Juande Ramos, avait de son côté élaboré un véritable style de jeu au FC Séville. Et glané des titres. Beaucoup de titres. Cet héritage-là -ainsi que le fardeau de la mort de Puerta-, Jimenez n’a jamais su le gérer, ni quoi en faire. Avec lui, l’intensité de jeu et le pressing du bloc-équipe ont littéralement disparu. En sus, les sommes historiques investies dans des nouveaux joueurs, Jimenez n’a pas donné satisfaction. Et c’est un euphémisme.
Critiqué par le Sanchez Pizjuan pour ses choix tactiques plus que douteux, le costume d’entraîneur du FC Séville a toujours semblé trop grand pour celui qui a pourtant réalisé toute sa carrière de formateur au club. Avec lui sur le banc de touche, le FC Séville a stagné pendant deux saisons entières. Désormais tout est à reconstruire. Les dirigeants rojiblancos doivent pour ce faire redonner du rêve et des garanties à leurs socios. Finies les expérimentations. Finis les entraîneurs du cru. Désormais, les Andalous aspirent à débaucher des tacticiens réputés du calibre d’Aragones ou pleins de promesses comme Michael Laudrup, capables de leur redonner un second souffle. Problème : l’ancien sélectionneur espagnol et le Danois ont tous les deux décliné l’offre proposée, prétextant qu’ils ne souhaitaient pas reprendre une équipe à seulement quelques semaines de la fin du championnat. Du coup, c’est Antonio Alvarez, l’entraîneur des équipes de jeunes, qui devrait assurer l’intérim jusqu’à la fin de saison. L’ancien adjoint de Juande Ramos a l’occasion de remporter une finale de Coupe du Roi dans quelques semaines. S’il parvient à enlever ce trophée, les dirigeants sévillans auront alors une véritable occasion d’indiquer la voie qu’ils veulent donner au club. Ou rejouer un mauvais remake de l’ère Jimenez….
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