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La Juventus encore titrée : la couronne sans gloire

Par Adrien Candau
La Juventus encore titrée : la couronne sans gloire

En battant la Sampdoria, la Vieille Dame a remporté son neuvième Scudetto de rang. Un énième succès qui vient récompenser une saison laborieuse, parfois insipide, mais qui a sacralisé la supériorité écrasante de ses individualités et la puissance de feu incomparable de son effectif. Mais l'impérialisme exercé par le club piémontais sur la Serie A dit-il encore vraiment quelque chose de la qualité intrinsèque des Juventini, au plus haut niveau ?

Essentialiser est un délicat exercice. On ne tombera néanmoins pas dans la caricature ou l’excès en concédant que la Juventus n’est pas précisément réputée pour être un club qui a fait du joga bonito une obsession maison. L’ex-légende et président bianconero Giampiero Boniperti, jamais avare de bons mots, avait résumé en une phrase restée à la postérité l’identité stylistique de la Vieille Dame : « À la Juventus, gagner n’est pas important. C’est l’unique chose qui compte. » Comprenez : peu importe le flacon, pourvu qu’il y ait l’ivresse. À ce titre, la Juve cuvée 2019-2020, qui vient à nouveau de remporter le Scudetto, son 9e de suite, s’inscrit sans rougir dans la tradition du club bianconero. L’heure devrait être à l’extase, à la célébration intégrale, mais il n’en sera sûrement rien. Banalisé, l’exploit n’est plus qu’une étape, une ligne supplémentaire dans un livre d’or déjà boursouflé par les hauts faits qui y sont relatés. Que dire, néanmoins, de cette domination hégémonique ? Tristement, pas grand-chose. On pourra seulement la chroniquer comme on raconte une histoire maintes fois ressassée, entrecoupée des soupirs lassés d’une audience depuis longtemps blasée.

Et à la fin, c’est la Juve qui gagne

Évidemment, il faut tout de même saluer cette équipe-là. Au plus haut niveau, la constance est un défi permanent, et à ce petit jeu, la Juve, qui s’appuie sur une stabilité institutionnelle, économique et sportive sans commune mesure en Italie, mérite toutes les louanges. Reste qu’il est devenu presque douloureux de la voir piétiner sans vergogne la Serie A. Pas parce qu’elle ne mérite pas d’y prolonger son règne. Mais bien car elle peut désormais y imposer sans sourciller sa domination, même quand elle rend une copie collective qu’on qualifiera au mieux de moyenne, au pire d’insuffisante, au regard du rendu pour le moins irrégulier de ses prestations. Son succès ce lundi face à une Lazio décimée par les blessures est finalement à l’image de la saison piémontaise, comme sa victoire dominicale devant la Sampdoria qui lui donne officiellement le trophée : décousu collectivement, laborieux, parfois crispant, mais aussi marqué par le sceau de l’inévitabilité.

Car à la fin, même sans briller, même dans la souffrance, c’est toujours la Juventus qui gagne. Point final. Qu’en est-il de Maurizio Sarri et de son jeu symphonique, rythmique, fluide comme une partition classique, qui avait enchanté l’Italie du temps de ses années au Napoli ? Mort. Enterré. Le tout avec l’aval du principal intéressé, qui disait d’entrée que « cette équipe-là ne jouerait jamais comme ses équipes du passé ». À l’heure de faire les comptes, il est aussi difficile de surligner les individualités qui ont marqué de part en part la saison bianconera. Seuls Dybala, véritable clé anglaise du collectif juventino, Szczęsny, souvent irréprochable sur sa ligne et, évidemment, Cristiano Ronaldo, pour son bilan statistique monstrueux, sortent réellement du lot.

Les rivaux ne répondent plus

Quels enseignements peut-on, dès lors, retirer de ce nouveau Scudetto de la Juve ? D’abord, que la concurrence, même si elle a gagné en intensité cette année, a encore un gouffre à franchir pour réussir à faire trébucher le Goliath blanc et noir. La Lazio de Simone Inzaghi, longtemps accrochée aux basques de la Vieille Dame avant de s’effondrer, a plus que quiconque illustré le phénomène : les Laziali, dernièrement ravagés par les blessures, ont cruellement payé les insuffisances de leur banc, un défaut largement accentué par le calendrier accéléré de la Serie A dû à la crise sanitaire. L’Atalanta, superbe équipe au demeurant, ne fait pas le poids en matière de pure qualité individuelle. L’Inter d’Antonio Conte, sur courant alternatif cette saison, n’a pas trouvé de continuité dans ses résultats, tout particulièrement lors de la seconde partie de l’exercice en cours.

La Roma de Paulo Fonseca, moins armée sportivement que les Nerazzurri, est autant, sinon plus irrégulière. Le Napoli, certes renforcé défensivement par le rigorisme tactique de Gattuso, est lui rentré dans le rang, alors qu’il ne reste plus grand-chose des flamboyances collectives entrevues du temps de l’ère Sarri. Enfin, l’AC Milan, malgré son excellente fin de saison, n’évolue actuellement plus dans les même hauteurs, aussi bien sportives que financières, que cette Vieille Dame-là.

L’Italie ne suffit pas

Alors, est-ce la Juve qui est devenue trop grande pour l’Italie, ou est-ce le reste du foot transalpin qui a rapetissé ? Un peu des deux. Néanmoins, si l’on se fie aux performances des clubs de Serie A en coupes d’Europe lors de la dernière décennie, on serait plutôt tenté d’opter pour la seconde option. Si un club transalpin ne remporte pas la C1 ou la C3 en 2019-2020, ce sera la première fois dans l’histoire du foot continental qu’on n’aura pas vu un club italien soulever soit la Ligue des champions, soit la ligue Europa, sur dix saisons de rang. Les deux finales de la Juve en Ligue des champions en 2015 et 2017 rehaussent certes le bilan transalpin, mais le différentiel de palmarès sur la dernière décennie avec les autres ligues du big 4 n’en reste pas moins considérable : depuis l’exercice 2010-2011, les clubs espagnols ont collectionné six victoires en C1, les formations anglaises deux et les écuries allemandes une, grâce au succès du Bayern en 2013. En C3, le couple anglo-espagnol a aussi remporté à lui seul 9 des 10 dernières éditions de la compétition.

Le dernier sacre continental d’un club italien remonte, lui, à la C1 2009-2010 remportée par l’Inter. Une éternité, et dix saisons où la Juve a mis au pas une Serie A, qui, si elle reste dans le quatuor des meilleurs championnats européens, ne parvient plus à régner au niveau international. Seul club italien équipé sur la durée pour tutoyer les sommets du foot européen, la Juve peut-elle se contenter d’un jeu minimaliste et d’un Scudetto minoré par la faiblesse relative de la concurrence ? Probablement plus. À l’issue de l’exercice en cours, la confirmation ou non de Maurizio Sarri sur le banc turinois fera peut-être d’ailleurs office de vraie synthèse du bilan des siens. L’avenir du Mister dans le Piémont sera sûrement lié aux performances continentales de ses hommes, dont les prestations en C1 ont jusqu’ici soulevé plus d’interrogations que d’enthousiasme cette saison.

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