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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire de la Juventus (1er)

Par Robert Maggiori

De Platini à Gentile en passant par Trezeguet, la Juventus aura vu défiler des champions en tout genre : des esthètes, des leaders nés, des buteurs compulsifs, des porteurs d'eau et même quelques salopards, qui ne rechignent pas à faire le sale boulot. Autant d'hommes qui ont écrit l'histoire de la Vieille Dame, si belle et si terrible à la fois.

#1 - Giampiero Boniperti

Giampiero Boniperti n’est pas un joueur de la Juventus, ni d’ailleurs un dirigeant de la Juventus. Même pour ceux qui de la Vieille Dame ne sont pas amis, Boniperti est la Juventus, comme l’est l’ « Avvocato » Gianni Agnelli, qui pendant tant d’années en fut tout à la fois le Père, le Fils et le Saint Esprit laïc. Boniperti a revêtu pour la première fois le maillot blanc et noir il y a juste 70 ans, un 2 mars. Pendant quinze ans, il a été le principal joueur de l’équipe, et pendant dix-neuf autres années en a été le président hiératique et intraitable, qui réussit à imposer la Juventus au niveau international. Comme joueur, il a marqué 179 buts (seul Alessandro Del Piero le dépasse), gagné cinq Scudetti et deux Coupes d’Italie. Comme président, il a à son actif neuf championnats, deux Coupes d’Italie, une Coupe intercontinentale, une Coupe des champions, une Coupe des coupes une Supercoupe européenne et une Coupe UEFA. Et pourtant ce n’est pas un tel palmarès qui fait que Boniperti soit la Juve par antonomase, « la Juve en personne » , si on peut dire. C’est le style. Gianni Agnelli, parce que Fiat avait participé au boom économique des années 1960, avait un vrai pouvoir, pas seulement industriel : il suffisait qu’il s’habille de telle ou telle façon, mette par exemple sa montre par-dessus la manche du pull, qu’il aille en vacances à tel endroit, pour aussitôt susciter modes et engouements. Il donnait le la de la vie mondaine, culturelle, voire politique.

Un bel homme, toujours calme

Boniperti avait le même pouvoir, mais symbolique – et acquis sur le terrain. Il avait une façon de bouger qui à elle toute seule était une «  esthétique du mouvement » . Ses adversaires, surtout en début de carrière, l’appelaient « Maryse » , à cause de ses boucles blondes. Mais sa « féminité » , c’était son élégance, sa mobilité, cette manière d’arpenter le terrain tête haute, de caresser la balle dans ses dribbles et de la passer selon des balistiques improbables que seuls ses coéquipiers pouvaient deviner. Quand à la Juventus arriveront de Leeds (1957) le géant gallois John Charles, et, de River Plate, le feu follet argentin Omar Sivori – trois Scudetti en quatre ans –, Boniperti jouera davantage au milieu du terrain. Charles, au centre de l’attaque, était la bonté même et la générosité : il prenait tous les ballons de la tête, mais s’élevait droit, sans utiliser les bras ni jouer des coudes, préférant prendre les coups plutôt que de les donner – ce qui ne l’empêchait pas de marquer but sur but.

Sivori, sur l’aile droite, était davantage « voyou » , rusé, provocateur, doté d’une capacité de dribble très court qui désarçonnait n’importe quel arrière. Avec le « Géant gentil » et « El Cabezón » , Boniperti constituera le « Trio magique » (204 buts en Serie A). Il était, à proprement parler, le réalisateur, au sens cinématographique, ou le maître de la régie, distribuant rôles et fonctions, apprenant à tous la science du placement et de la géométrie dans l’espace. Certains ont pensé malicieusement que son charisme était tel que non seulement il décuplait les qualités de ses partenaires, mais qu’il impressionnait ses adversaires et, même, « dirigeait » l’arbitrage. C’était un bel homme, toujours calme, sobre dans ses mots comme dans son attitude – qui décida, sans faire aucune déclaration éclatante, de quitter les terrains tout de suite après la conquête du Scudetto 1960-1961. À la présidence de la Juventus – à laquelle l’avocat Agnelli l’appela, après une longue période où Boniperti disparut des médias –, il conserva le même style, très british.

Vidéo

Une vache offerte

La Juventus est honnie, détestée par la moitié de l’Italie – mais ceux qui l’aiment l’aiment parce qu’elle a, à leur yeux, conservé toujours l’élégance et le style de Giampiero Boniperti. Dans la constellation bianconera, il y eut et il y a beaucoup d’étoiles : Platini, Zidane, Del Piero, Baggio, Scirea, Davids, Nedvěd, Cabrini, Deschamps, Tardelli, Paolo Rossi, Pippo Inzaghi, Tévez, Trezeguet, Zoff, Buffon, Pirlo, Cannavaro, Pogba – si on ne veut pas remonter plus loin dans le temps. Mais pour beaucoup, même ceux qui ne l’ont jamais vu jouer et s’en tiennent à la légende, la Juventus c’est Boniperti. À chaque but qu’il marquait, dit-on, l’Avocat lui offrait une vache, qu’il allait lui-même chercher dans la propriété familiale des Agnelli. Le fermier finit par s’en plaindre, car Giampiero Boniperti choisissait les vaches les plus belles, et, surtout, celles qui étaient pleines. C’était, en plus, un homme avisé.

Par Robert Maggiori

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