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La LFP en bout de chaîne alimentaire

Par Nicolas Kssis-Martov

Selon L’Équipe, la LFP réfléchit à lancer sa propre chaîne pour diffuser une Ligue 1 dont, pour l’instant, aucun diffuseur ne veut. Avec un abonnement à 25 euros. Un choix et un prix qui révèlent autant le fiasco du dernier appel d’offres que l’absence totale de réalisme des dirigeants du foot pro.

La LFP en bout de chaîne alimentaire

La LFP navigue à vue. Elle ne sait plus comment parvenir à vendre ses droits télé – qui seront de toute façon amputés de 20% la saison prochaine par CVC selon l’accord signé avec la société d’investissement. Tous les candidats potentiels font la sourde oreille, conscients de la faiblesse de la position de la ligue aujourd’hui. La piste beIN Sports, un temps présenté que le potentiel repreneur, s’est sérieusement refroidie. Pour tenter de renverser le rapport de force et, qui sait, mettre un coup de pression sur de futurs médias intéressés, en l’occurrence l’unique et seul sauveur potentiel, Canal+, la LFP a sorti de son chapeau un projet de chaîne propre. Le prix à payer de cette indépendance, intitulée « plan B » (un nom qui sent la défaite quel que soit le domaine), serait de 25 euros par mois pour gagner le droit de suivre – qu’importe son opérateur – les exploits de Strasbourg, Paris ou Auxerre sur la scène nationale.

Le rêve que caressent les grands leaders du foot pro tricolore, Vincent Labrune en tête, serait de parvenir via des accords avec des partenaires à garantir sur 5 ans un chiffre d’affaires moyen de 750 millions d’euros. Avec le doublement des droits internationaux, environ 150 ou 160 millions, cela permettrait dans les faits de coller davantage aux ambitions annoncées au départ (l’éternelle illusion du fameux milliard afin de se rapprocher des revenus des grands championnats européens), moins comme précédemment la part que va prélever CVC.

Les chaînes ne font pas des chats

Derrière ces batailles de chiffres et les tentatives de rassurer des clubs ultradépendants de la manne des droits télé (la DNCG leur a envoyé une petite note anxiogène à ce propos), se cache un étrange sentiment de déconnexion du réel, surtout venant de « patrons » pour la plupart issus du monde cruel du « privé ». La valeur de la Ligue 1 ne s’estime évidemment pas uniquement en matière de qualité du spectacle offert sur les pelouses ou de présence de stars (il n’en reste plus pour l’instant depuis le départ de Kylian Mbappé). Elle s’appuie aussi sur l’attachement du public (bref le marché intérieur), et de ce point de vue le retour de Saint-Étienne dans l’élite et donc du derby avec Lyon constitue une des rares bonnes nouvelles récentes.

Donc à quel niveau s’élève réellement le pouvoir d’attraction de notre championnat quand les abonnés de Canal (10 millions environ) vont profiter pour 45 euros de la Premier League, des Coupes d’Europe, du Top 14 en plus de son offre ciné et série pour toute la famille ? Maxime Saada a dû sourire en ouvrant le quotidien sportif au bureau et en découvrant ce scoop. La chaîne cryptée, ou le cynisme commercial cumulé avec la rancœur des égos qui ont construit un mur d’hostilité face aux prétentions de la Ligue 1, ne doit guère paniquer devant cette menace fantôme.

Chaîne de sévices publics

Concrètement, les dernières données disponibles ne s’avèrent guère encourageantes. Monter une chaîne en peu de temps peut très bien se faire, l’ex-Téléfoot en est l’exemple. Mais le pass Ligue 1 sur Amazon ne regroupe apparemment qu’1,5 ou 1,7 million de clients. Et impossible de connaître les scores (parfois, selon les fuites, se comptant seulement en dizaines de milliers de téléspectateurs) match par match (cela risquerait de doucher certaines vanités). Certes, le streaming illégal dope sûrement et paradoxalement la visibilité de la L1, tout comme certaines rencontres phares projetées dans les bars, à l’instar du classique PSG-OM. Il n’empêche, l’étiage de la partie de la population prête à débourser ses deniers pour un Nice-Toulouse demeure plutôt bas. À 25 euros, il faut avoir une sérieuse dose de confiance, voire d’autopersuasion, et n’avoir effectué aucune étude de marché, pour y croire.

Alors que, paraît-il, le foot affronte la concurrence d’autres divertissements sportifs, y compris le rugby poussé par Canal+, mais aussi des propositions « modernes » telle que la King’s League, réduire encore la voilure des parts d’audience potentielle constitue-t-elle vraiment la bonne stratégie ? Ce feuilleton s’avère risible au fil des épisodes. Surtout, oser exiger du passionné de foot, en cette période de crise et d’inflation, de casser sa tirelire pour assurer le bonheur du foot pro et réparer l’erreur du deal avec CVC a des faux airs d’arnaque sociale. Et s’il ne s’agit que d’un coup de bluff, que Vincent Labrune ne s’assoie jamais à une table de poker…

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