L1 : OM-Bordeaux, le tournant de la saison ?
On ne s'emballe pas. Si Lyon va gagner à Nice (17 heures), les Rhône-et-Saône resteront leader. Mais s'ils perdent ou font match nul, ils se feront dépasser par Bordeaux, forcément vainqueur d'un OM à la ramasse, ce soir au Vélodrome (21 heures). « Forcément vainqueur » ? Ben, ouais. Il le faut. Pour la crédibilité de la L1.
Bordeaux est plus compact, plus physique, plus déterminé. Le groupe vit bien. Y’a qu’à voir l’attroupement potache de toute l’équipe autour de Diawara quand il a marqué sur lob au Parc, mercredi en Coupe de la Ligue. On a senti qu’en fait, les Bordelais fêtaient un autre bonne nouvelle, essentielle : Laurent Blanc a re-signé pour deux ans. Psychologiquement, c’est très important pour la continuité de vie du groupe. Contre Paris, c’était un peu la répétition générale avant la tuerie de ce soir. Déjà, cette branlée aux Parisiens, chez eux. Du 3-0 à la Clint Eastwood : « Dans la vie, il y a ceux qui tiennent la pelle et qui creusent et puis il y a ceux qui tiennent le revolver. Toi, tu creuses… » Lolo Blanc tranquille contre Paris. Cavenaghi, préservé pour ce soir, n’est pas entré (pas besoin), Jussiê n’est entré qu’en deuxième mi-temps et Wendel s’est juste égayé 5 minutes (entré à la 85ème). La bonne surprise de la soirée, c’est le très bon match de Bellion, ressuscité des morts, soit un atout offensif de plus pour Bordeaux, vu le début de saison à l’eau de rose de David-le-témoin-de-Jéovah… Lolo Blanc a eu l’intelligence de refiler le brassard à Diarra, histoire de lui donner un supplément de dimension, déjà énorme cette saison. Et puis, la concurrence commence à faire ses effets. Déjà perceptible en début de saison aux entraînements du Haillan (on y était), l’émulation au sein du groupe booste les 11 retenus à chaque match. Cavenaghi, Jussiê, Henrique, Trémoulinas : désormais titulaires après avoir essuyé du bordel sur le banc en début de saison, les gars ont bouffé à coups de crocs les Jurietti, Planus, Bellion et Fernando. On le répète mais c’est vrai : ces quatre changements ont modifié la donne et tiré les Girondins vers le haut. Résultat : Bellion et Gouffran (pas mal du tout contre le PSG mercredi) se sont bougés et refont surface et Fernando commence à comprendre que l’option sénateur inamovible n’a pas cours chez le Président. Obertan n’a pas su s’accrocher (et apprendre !) : tant pis. De toutes façons, il n’est que prêté à Lorient.
Voilà, l’équipe est au complet. Dans le foot français la dynamique est actuellement bordelaise. Dans le jeu et dans l’impact physique (Gourcuff, Chamakh, Diarra, Diawara, Henrique, Fernando), les Girondins sont au-dessus. Ramé revient dans les buts ce soir. Très important : la fin de saison dépendra aussi du bon comportement ou non du gardien bordelais, pièce maîtresse mais qui apparaît parfois comme le maillon faible de l’équipe. Dès ce soir, on devrait être un peu mieux renseigné.
Et Marseille ? Question : est-ce que Gerets y croit encore vraiment ? Déjà, on ne sait pas s’il va rester à l’OM ou partir, d’où le malaise à la Commanderie. Eric-le-Belge a beaucoup donné, pardonné, couvert, encouragé, défendu, soutenu, fait confiance… Pour quels résultats ? Pour des taules inadmissibles, des « non matchs » (0-3 à Eindhoven en C1 ; trois défaites à dom en L1, 0-3 contre Grenoble et Nancy puis 0-2 contre Auxerre et le 0-1 fantomatique à Lyon en Coupe de la Ligue). L’explosion en vol de Ben Arfa (vraiment mal barré, le Hatem) annonce-t-elle l’explosion en vol de l’OM en ce début février ?… Y’a des chances. Marseille n’y est plus. La faute à pas de chance, avec les absences trop longues de Niang et Cana, et puis à cause de tous les « non matchs » (voir plus haut) qui ont plombé le parcours des Phocéens. La tendance lourde penche pour la continuation du désastre. D’ailleurs, on ne parle que d’exploits individuels pour espérer battre Bordeaux : peut-être que Brandao, peut-être que Wiltord, peut-être que Valbuena, peut-être que Ben Arfa… Marseille a du mal à jouer en équipe ces derniers temps. D’où ses errements tactiques au Vélodrome, les boulevards offerts à l’adversaire, les espaces gigantesques où flottent quelques joueurs phocéens totalement dégroupés. Contre Bordeaux, ça risque de faire mal.
Ceci dit, l’OM repart d’un autre pied (le bon ?) avec ses trois « nouvelles » paires de couilles : Hilton retrouve Rodriguez en charnière axiale (bye-bye Zubar), M’Bami larronne à nouveau avec Cheyrou (quelle déception, le Benoît !) et devant Brandao copine avec Wiltord (les deux ensembles : why not ?). Problème : on parle d’éventuels exploits individuels ou de ces paires reconstituées, mais on ne parle jamais de collectif. Il est là le drame des Marseillais. A titre de comparaison, le PSG, Toulouse ou Lille (voir Lyon, même si diminué) ne sont pas géniaux mais ils peuvent s’appuyer sur un réel sens collectif. Tout simplement. Or, dans ce domaine, aujourd’hui, le top c’est Bordeaux… Alors ? « Réveil » des Marseillais, ce soir ? En tous cas, si Bordeaux ne gagne pas au Vélodrome on aura la confirmation que la L1 est bien un championnat moyen. Pas nul, pas excellent : moyen. Parce que si aucune équipe ne profite du surplace d’un OL actuellement en déclin (aucune victoire à Gerland en L1 depuis le 16 novembre !), c’est qu’y’a quelque chose qui ne tourne décidément pas rond en France foot…
Chérif Ghemmour
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