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Kilani: « Les Lions de l’Atlas ont manqué d’humilité »

Propos recueillis par David Sfez
4 minutes
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Dans le film « Sur la planche », Leila Kilani met en scène le quotidien de quatre jeunes travailleuses installées à Tanger. La journée, elles travaillent à la chaine dans des usines à crevettes ou de textile. Une fois la nuit tombée, elles chapardent pour arrondir leurs fins de mois. Si le ballon rond est ignoré dans son film, à l’occasion la Coupe d’Afrique des Nations, la réalisatrice marocaine revient avec nous sur la contre-performance des Lions de l’Atlas et ses souvenirs mais aussi de foot et cinéma…

Tout d’abord, votre impression sur l’élimination du Maroc au premier tour de la CAN ?C’est la faute aux joueurs. Ils ont manqué d’humilité… J’ai l’impression qu’ils se voyaient déjà vainqueurs avant la CAN, notamment lors de nos matches de préparation qui se sont bien déroulés. Finalement le couperet est tombé sur nous. Blang ! On a dû rentrer à la maison… Au moins, les joueurs n’auront même pas de courbatures…

Est-ce une surprise pour vous ?On aime les Lions, dans le faste pas quand ils ressemblent à des chats maladifs et paresseux… De toute façon, dès le début, cela semblait compromis après notre mauvais départ face aux Tunisiens qui, eux, étaient solidaires, pugnaces et agressifs! Il nous aurait fallu un miracle contre le Gabon…. Qui n’a pas eu lieu. Les supporters sont là pour se faire des illusions, ils croient au miracle : c’est la règle du jeu mais bon, la chronique d’une défaite annoncée est toujours plus facile à faire après coup.

Votre favori pour la suite compétition ? Je vois bien la Côte d’Ivoire aller au bout. Leur sélection, c’est du lourd. Rationnellement, on les suit. Même si à part le Maroc mes chouchous, dans cette compétition, restent les Soudanais.

Votre meilleur souvenir footballistique ?France – Brésil, 1998. Mes copines et moi hurlant au-dessus de nos talons. L’explosion de joie à l’Hôtel de Ville de Paris devant l’écran géant. Une nuit de concorde joyeuse pour le peuple de Paris. C’était l’invention d’une nation transfigurée à partir de cette image exemplaire mais surtout une projection fantasmée sur la victoire black-blanc-beur.

Et votre pire souvenir ?L’élimination du Maroc à la Coupe du Monde 1986 au Mexique, avec les Bouderbala, Krimau ou Timoumi. Le Maroc fut le premier pays africain à passer le premier tour d’une coupe du monde. Je me souviens des deux matches nuls 0-0 contre l’Angleterre et la Pologne que j’ai regardés avec mon père, et puis cette victoire folle, et la liesse générale : les femmes et les enfants ont rejoint les hommes dans la rue. Pour vous dire, ma mère a même commencé à discuter foot avec notre voisine de Rabat… Après il y a eu l’élimination. La douche froide en huitièmes de finale contre la RFA avec le but sur coup-franc tiré rapidement par Lothar Matthäus. Mon père avec qui je suivais la compétition était sous le choc. Je me souviendrai toujours de ses yeux rieurs qui se sont éteints d’un coup.
Pourquoi les meilleurs films sur le foot sont ceux où on voit le moins de scènes de jeu ?Il y a une longue tradition qui lie le foot et le ciné. Ils ont une articulation commune, ils sont tous deux les projections d’une société, la projection fantasmagorique d’une nation. Mais les matchs de foot sont presque toujours plus que dramatiques. Et cette dramaturgie « naturelle » ne fait pas bon ménage avec le cinéma. Pour filmer les joueurs, les lignes, l’espace ou la balle, la télé le fait très bien. En fait, le foot colle mieux à la télévision ou au jeu vidéo. Ça parait très difficile de « remettre en scène » un bon match. Prenez le film sur Zidane (Zidane, un portrait du 21eme siècle ndlr), on est aux confins de l’art contemporain, pas dans le cinéma mainstream; on oublie le foot, on est dans Zidane. On ne regarde pas un match, une équipe qui étend son jeu. On est face à la solitude d’un homme. Une énigme métaphysique. Quand on tourne autour du foot, ça marche: parce qu’on n’affronte pas de face la recréation de cette dramaturgie.
Enfin si vous deviez faire un film sur le football, quel sujet souhaiteriez-vous aborder ?Une défaite. Parce que les défaites sont tout aussi mythiques que les victoires. Parce qu’elles semblent injustes, qu’elles sont lyriques. Sans oublier le fait qu’elles peuvent rester au travers de la gorge, voire engendrer des frustrations et larmes. Certaines défaites ont marqué l’histoire comme la finale Saint-Étienne/Bayern Munich en 1976. Ce fut mon premier souvenir de foot. A l’école française Claude Bernard de Casablanca, à la cour de récré: des petits garçons ont rejoué le match pendant des années…

« Sur la Planche » , réalisé par Leila Kilani est en salles depuis Mercredi 1er février

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Propos recueillis par David Sfez

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