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Juventus-Inter, la difficulté des grands rendez-vous
C'est une certitude : bien que disputé à huis clos, ce Juventus-Inter est un choc de Serie A. Un match entre deux adversaires qui luttent pour le Scudetto. Problème, les deux formations ont prouvé cette saison qu'elles étaient en grande difficulté lorsque le match relevait d'une importance capitale.
Au classement des phrases les plus entendues dans la bouche des footballeurs, le fameux « l’important c’est les trois points » trône tout en haut. Mais il existe d’autres maximes répandues dans le milieu du ballon rond. Parmi elles : « Les grands joueurs sont toujours là dans les grands matchs. » Une phrase qui, d’après Google, est notamment sortie de la bouche de Thiago Silva et d’Oscar. Si les deux hommes n’ont pas toujours appliqué cet adage à la lettre, il n’en reste pas moins qu’il a été vérifié à de nombreuses reprises. À l’image des Coupe du monde réalisées par Ronaldo, Zinédine Zidane, Pelé ou Diego Maradona. Ou encore les statistiques de Lionel Messi dans les Clásicos et celles de Cristiano Ronaldo lors des phases à élimination directe de Ligue des champions. Et si cette théorie fonctionne pour les joueurs, elle marche aussi pour les équipes. Et ça, la Juventus l’a longtemps montré, hormis lors des finales de C1. Mais ça, c’était avant.
La Vieille Dame a les genoux qui grincent
Car oui, le huitième de finale aller de Ligue des champions au Groupama Stadium face à l’Olympique lyonnais (1-0) l’a montré, la Juventus n’a pas su dévorer son adversaire comme elle a pu le faire par le passé lorsque l’adversaire était français ou d’un niveau inférieur au sien. Et s’il a dégommé l’arbitrage de la rencontre face à l’OL, Maurizio Sarri a aussi lâché quelques balles à ses propres joueurs en conférence de presse : « On a manqué de rythme en attaque. À la fin, on s’est approchés du but de Lyon, mais ce n’est pas assez pour un match de Ligue des champions. Si on bouge le ballon à cette vitesse, ça va être difficile. On n’a pas laissé beaucoup d’occasions à l’adversaire, mais on a trop peu montré en attaque. Pendant la première période, ce n’était pas la Juventus que l’on connaît. » L’entraîneur italien a tort, cette Juventus-là a déjà été vue à plusieurs reprises par les supporters lorsque le match relève d’une importance supérieure.
Non pas en début de saison où la Vieille Dame s’est montrée sans pitié avec ses adversaires en phase de groupes de Ligue des champions. Comme avec le Napoli (4-3), l’Inter (2-1), l’AC Milan (1-0) ou encore l’Atalanta (3-1) en championnat. Sauf que tout a changé, ou presque, avec l’arrivée de l’hiver. Il y a d’abord eu ces revers face à la Lazio en Serie A (3-1) et en Supercoupe d’Italie (3-1). Mais aussi celui à Naples en championnat (2-1) et ce nul obtenu à la dernière seconde sur un penalty de CR7 lors de la demi-finale aller de la Coupe d’Italie contre l’AC Milan (1-1). Avant cette défaite à Lyon en C1 donc. Autant de matchs où la Juventus a semblé sans idée, incapable de bousculer son adversaire et misant tout sur son duo d’attaque Cristiano Ronaldo-Paulo Dybala qui a, lui, plutôt répondu présent. La faute à des milieux qui se cachent lorsqu’ils ne ratent pas leurs passes et à des défenseurs qui ne feraient pas tache avec un maillot du Téfécé sur le dos. Et visiblement cela agace les deux offensifs qui ont eu une petite discussion à la mi-temps du match à Lyon où il était question d’un « manque d’effort » et de solitude : « On est tout seuls là-bas, les milieux de terrain ne nous apportent aucun soutien. »
Dis-moi contre qui tu perds, je te dirai qui tu es
Mais que la Juventus se rassure, l’Inter, son adversaire du soir, y arrive encore moins lorsque le standing du match s’élève. Alors oui, il y a eu une victoire face à la Lazio en début de saison (1-0), une autre à Naples en janvier (3-1) et deux succès dans le derby contre le colocataire de Milan. À l’issue du dernier remporté 4-2 le 9 février dernier, Antonio Conte s’était d’ailleurs livré sur le calendrier des Nerazzurri au micro de SkySports : « À présent, nous avons des matchs importants à disputer, déjà face au Napoli, ensuite avec la Lazio. Il faut de la patience, du temps, car les choses ne se font pas du jour au lendemain. » Deux rencontres jugées importantes par le technicien italien qui se sont soldées par le même résultat : une défaite. Mettant ainsi l’Inter en mauvaise posture en Coupe d’Italie après sa défaite 1-0 à domicile contre le Napoli à l’aller, et en championnat où la Lazio pointe désormais à 8 points, avec deux matchs en plus.
Ces jambes qui tremblent lorsque le nom de l’adversaire est plus ronflant s’étaient déjà vues un peu plus tôt dans la saison en Ligue des champions. Avec notamment cette « finale » disputée à San Siro face au Barça lors de la dernière journée de phase de groupes. La donne était simple : une victoire et l’Inter était qualifiée pour les huitièmes. En cas de défaite ou de match nul, il fallait espérer que Dortmund ne fasse pas mieux. Heureusement pour les coéquipiers de Romelu Lukaku, le Barça, déjà qualifié, débarque avec une équipe C, avec notamment 4 joueurs titulaires (Wague, Todibo, Alena, Pérez) partis au mercato d’hiver. Une formalité ? Eh bien pas du tout puisque l’Inter s’incline (1-2) et rejoint par la petite porte la Ligue Europa. Quelques semaines plus tôt, avant un match contre Dortmund en C1, Antonio Conte avait déclaré : « C’est un match important, contre une équipe forte. Mais ça n’est qu’un match. Les finales, ça arrive plus tard. » Et plus tard, c’est déjà maintenant. Et ça commence par ce match à Turin face à une Juventus qui, elle aussi, va devoir prouver qu’elle peut gagner un match important. Sinon, la Lazio (qui n’a aucun souci à ce petit jeu) saura en profiter.
Par Steven Oliveira