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Jean-Paul Boëtius : le sourire du Suriname
Difficile de combattre un cancer, alors deux... En deux ans, Jean-Paul Boëtius a remporté son combat à deux reprises pour finalement rejouer au football à 31 ans. Lundi 16 juin, il a effectué sa deuxième sélection avec le Suriname, lors de son entrée en lice en Gold Cup contre le Costa Rica (défaite 4-3) et affrontera le Mexique cette nuit. Une belle récompense pour ce joueur frisson que l’on pensait ne plus jamais revoir sur un terrain.

Il est des étapes dans la vie dont on se passerait bien. Jean-Paul-Boëtius ne le sait que trop bien, et sans forcément regretter son CV. Prometteur à ses débuts sous Feyenoord où il a titillé les étoiles avec les Oranje, le natif de Rotterdam a ensuite enchaîné les expériences à Bâle, à Genk, à Mayence et au Hertha Berlin avant d’atterrir récemment à Darmstadt en D2 allemande. Un léger déclassement qui n’a pas empêché le milieu de 31 ans de sauter le pas le 11 juin dernier et de représenter le Suriname, pays de naissance de ses parents, pour honorer sa première sélection lors des qualifications à la Coupe du monde 2026 (match nul 1-1 contre Salvador). Non, l’étape dont il se serait passé, c’est cette pause entre 2023 et 2025, où il a dû concentrer ses efforts sur un autre type de match : celui contre une tumeur testiculaire.
Partenaire particulier
« Quand tu entends le mot cancer, tout le monde pense que tu es gravement malade et que tu vas mourir, assurait « Djanda » pour le site du Hertha en novembre 2022, après un premier traitement qui l’a obligé à couper quelques semaines. J’ai reçu de nombreux messages. Sébastien Haller m’a également soutenu. Deux semaines après l’opération, j’étais de retour sur les terrains. » À l’époque, trois autres joueurs de Bundesliga étaient touchés par la maladie : Sébastien Haller, Timo Baumgartl et le coéquipier en club de Boëtius, Marco Richter, opéré en mars 2022. « Marco m’a beaucoup soutenu, affirmait-il. Nous avons toujours ri de plusieurs choses et même pendant la maladie, nous avons continué à rire. C’est mon gars ! »
J’ai toujours eu en tête de revenir dans le monde du football et de tout faire pour cela.
Revenu rapidement sur les prés allemands, le garçon rechute en mars 2024 et annonce être touché une nouvelle fois par la maladie. « Même si j’ai vaincu le cancer une fois, il s’est propagé à mes ganglions lymphatiques », avait écrit le cousin d’Urby Emanuelson. Le joueur avait même dû suivre une chimiothérapie pendant son combat qu’il a remporté une nouvelle fois. « Je suis impatient du jour où je vais pouvoir vous retrouver sur le terrain », avait-il conclu. Boëtius 2. Cancer 0.
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« J’ai toujours eu en tête de revenir dans le monde du football et de tout faire pour cela, déclarait Jean-Paul Boëtius à 433nl. Il ne faut pas s’enfoncer davantage physiquement. La première semaine après la chimiothérapie, j’étais fatigué. La deuxième semaine, j’étais au TIFA (programme d’entraînement pour les footballeurs aux Pays-Bas, NDLR). » Pour le voir retrouver un club, il aura fallu attendre janvier 2025, soit un an et demi de pause. À Darmstadt, où il a retrouvé Killian Corredor, ancien goleador de Rodez, le natif de Rotterdam a pu redevenir le joueur qu’il était, tout simplement heureux de rejouer au ballon rond, après des années de galères et de combats. « Je veux revenir à mon niveau le plus vite possible », assurait le joueur auprès du média du SV98 après son arrivée. Depuis, il a signé deux passes décisives en douze rencontres avec le club de la Hesse.
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Objectif : Mondial 2026
Avec les Oranje, l’histoire aurait pu également être belle pour le dribbleur, mais il n’aura connu qu’une seule sélection. Titulaire avec Robin van Persie, Wesley Sneijder, Quincy Promes et Kevin Strootman sous les ordres de Louis van Gaal, rien que ça, face à la France le 5 mars 2014, pour une défaite 2-0. Mais le Suriname l’aura finalement attiré dans ses filets, pour jouer la Gold Cup, qui a commencé le 14 juin et s’achèvera le 6 juillet. Les Jaguars se sont inclinés, lundi 16 juin, contre le Costa Rica 4-3, « dans un match décisif » selon Boëtius, mais restent concentrés pour aller glaner une qualification historique. « Bien sûr, c’était mon rêve à l’époque de jouer plus de matchs pour les Pays-Bas, rappelle le milieu offensif dans une interview donnée à son club actuel. Mais c’est la vie. En 2018, j’ai parlé à la FA surinamaise pour la première fois, mais je n’en étais pas sûr à 100 % à l’époque. Aujourd’hui, je suis très fier de jouer pour le Suriname. »
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Dans son histoire, le Suriname n’a participé qu’à trois reprises à la Gold Cup (1977, 1985 et 2021), bien que le pays soit sur le sol sud-américain. Mais pour voir les Surinamiens passer les poules, il faut remonter à 1977, avec une jolie sixième place à la clé. Sans Sheraldo Becker, blessé et joueur star de cette équipe du Suriname (cinq buts en seize sélections), l’équipe entraînée par Stanley Menzo, ancien gardien des Girondins de Bordeaux entre 1997 et 1998, devra s’employer pour sortir d’une poule relevée, composée du Costa Rica, du Mexique et de la République dominicaine. Avec la défaite de lundi, ça risque d’être très compliqué. « Le Suriname est un pays fou de football, poursuit l’ancien de Feyenoord. Le pays n’a pas beaucoup d’habitants, seulement 600 000, mais on sent qu’il est fier de son équipe. » Toujours en lice pour disputer la Coupe du monde, le Suriname pourrait également s’envoler vers les États-Unis et participer pour la première fois de son histoire à la plus grande des compétitions. Une récompense pour cette formation qui a construit un effectif solide depuis plusieurs années. Et pour Jean-Paul Boëtius, ça va bien au-delà de tout cela…
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