Jean Djorkaeff : « Nous étions moins performants »
Le 24 avril 1968, la France ne faisait pas le voyage à Belgrade pour rien : défaite 5-1 en « barrages » qualificatifs pour l'Euro contre le futur finaliste de l'épreuve, la Yougoslavie. Jean Djorkaeff était embarqué dans cette galère. Il revient pour nous sur le naufrage et compare les époques.
Racontez-nous ce 5-1 encaissé à Belgrade en 1968…}}
On a fait un début de match catastrophique en prenant rapidement trois buts. C’est jamais facile, surtout à l’extérieur. A l’époque, la Yougoslavie était une très grosse équipe par rapport à nous. On s’était peut-être trop échauffés avant le match. Il faisait très chaud et quand on est entrés sur le terrain on était cuits, essoufflés. On avait du mal à repartir. Mais ils étaient sûrement meilleurs que nous.
Quel était le contexte de l’Equipe de France à l’époque par rapport à aujourd’hui ?
Y’a pas de comparaison. Maintenant, on a beaucoup plus d’arguments. Depuis ces temps-là, l’Equipe de France a beaucoup progressé. Elle est devenue championne du monde. Même s’il y a des problèmes en ce moment, elle est capable, éventuellement, face à la Serbie, de faire un très bon résultat.
Quand on écoute les commentaires sur le match, on a presque l’impression que la Serbie est favorite.
Elle est favorite parce qu’elle joue chez elle et a quatre points d’avance. Même si elle perd, elle est encore devant. Et puis l’avantage du terrain compte quand même. Mais vu le match de la Roumanie, je pense qu’on est capables de faire un très bon résultat là-bas. On a beaucoup d’arguments quand même, sur le papier, on a une très belle équipe.
En 1968, c’était un peu la période creuse pour l’Equipe de France…
[Il coupe] C’est vrai. On avait de très bons joueurs mais on a eu une période difficile où on gagnait moins de matchs. On était sans doute moins performants parce qu’on avait moins l’occasion de jouer des matchs internationaux. Aujourd’hui, la plupart des joueurs font des matchs très importants, en coupe d’Europe. Nous, on n’avait que le championnat.
Mais si la France ne se qualifie pas, ça pourrait être une nouvelle période creuse.
Là, vous vous avancez. C’est vrai que s’ils ne se qualifiaient pas, ce n’est pas qu’on retomberait dans des situations délicates, mais ça mettrait un frein à la montée en puissance de l’Equipe de France.
Donc vous croyez à la qualification ?
Oui. Si on regarde le match contre la Roumanie, on a très bien joué. Il nous a manqué un peu de réussite dans la finition. Partant de là, on peut faire de très bonnes choses en Serbie. Même gagner. On parle de problèmes, mais je suis très confiant.
Quand vous avez joué contre la Yougoslavie, Mai 68 montrait le bout de son nez alors qu’à Belgrade, Tito était en place, vous vous souvenez de ce contexte-là ?
Je ne pense pas que ça puisse jouer dans le contexte d’un match de foot. Sur un terrain, tout le monde veut gagner. Les qualités des footballeurs, c’est avant tout d’être très bon, le reste c’est différent.
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