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JC Plessis : «La meilleure équipe de L2»

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JC Plessis : «La meilleure équipe de L2»

14h39 : «Euh, attends, là je suis encore à table, et à Strasbourg, ça dure longtemps. Rappelle dans une heure ». 15h45 : «C'est bon, je veux juste me garer pour pas me faire choper. Tiens, là, sur le parking de la mosquée. [Répondant aux instructions de son GPS...] C'est bon, ouais, ouais, elle est têtue cette nana ! Ok, je suis garé». Discussion avec l'un des plus fervents supporters du Stade Brestois, Jean-Claude Plessis, toujours aussi bavard.

En tant qu’ancien de la maison brestoise, vous devez jubiler ?

J’ai vu le président à Lyon l’autre jour pour le match contre le Bayern, j’ai vu l’ex-président qui est resté un de mes potes, M. Jestin. Jestin comme moi on était très heureux. Si on avait pu participer à la fête, on y serait allés, voilà. Parce que c’est beau. J’ai connu Brest qui dégringolait, j’ai connu Brest en difficulté, j’ai connu Brest avec Yvinec et je fais partie des anciens du Stade Brestois, comment dirais-je, par cooptation, parce que j’étais président de l’AS Brestoise à l’époque. Et Brest, c’est une terre de football, c’est tellement ancré dans leur culture. Je veux dire qu’en Bretagne, il y a le bateau, un peu la voile et le foot. Brest, c’est une ville de foot. Ils ont mis le temps mais c’est magnifique pour eux.

On la sentait depuis un moment cette montée, non ?

Oui, je leur avait dit. C’était sans doute l’équipe qui jouait le mieux en L2, franchement. Elle avait un fond de jeu. Bravo. Ça faisait longtemps qu’ils couraient après une équipe-type, ils bouleversaient toujours leur équipe, et là je trouve qu’ils ont fait un bon boulot, je suis content aussi pour Dupont.

Quelle est la force de Brest cette année ?

Ils ont des individualités qui ont changé le collectif. Et je connais quelques joueurs qui sont là-bas, ils m’ont tous dit qu’il y avait un état d’esprit de vainqueur. Il y a une choses qui marque. Je les ai vus jouer quelque fois mal, ce qui était rare, mais même en jouant mal, ils finissaient par gagner. C’est ça un champion, c’est Marseille aujourd’hui. Il va y avoir un penalty à la 94ème minute, ils vont égaliser au moment où personne s’y attend. Ce n’est pas un coup de pouce de quiconque, c’est la chance du champion. Il y a des années où tout va bien, des années où tout va mal.

Des joueurs à suivre pour la prochaine Ligue 1 dans cet effectif ?

J’ai mon copain Daf, bon, ce n’est plus un jeunot. C’est surtout leur attaquant, Nolan Roux, ah oui, ça, c’est bon, très bon. On a eu des révélations en L2 cette année : Nolan Roux, Modeste, et l’attaquant de Tours, Giroud qui va à Montpellier. Ce sont des gars très au-dessus du lot.

Daf, il pensait se la couler douce en Ligue 2, et pas de bol, il remonte en L1…

Il est content, attends, ça veut dire qu’il porte bonheur. Il est important dans l’équipe Daf, j’en parlais avec le président et l’entraîneur. Un Daf, c’est le type le premier arrivé, le dernier parti, qui montre le sérieux, qui est capable d’aller voir les joueurs en disant que c’est pas comme ça qu’on progresse, qu’il faut travailler, être sérieux. On peut bien vivre tout en étant sérieux. Tu sais, il est musulman, mais musulman modéré. Il est capable d’aller voir les jeunes en disant t’en fais trop mon vieux, les jeunes qui déconnent comme c’est souvent le cas avec les jeunes Blacks qui sont en liberté. C’est un grand frère pour eux. Il a une notoriété en Afrique extraordinaire. Comment de fois l’entraîneur m’a dit que Daf c’était un gars aussi important sur le terrain qu’en dehors. Il faut des gars comme ça dans une équipe.

Dommage que votre pote Jestin ne connaisse pas en tant que président cette montée ?

Ouais, il y a bossé pendant 14-15 ans. C’est vrai que je le regrette pour lui, il aurait mérité ça. C’était un choix, c’est comme ça. Mais n’oubliez pas qu’à l’époque, Michel Jestin sortait d’une période difficile professionnellement, entre la grippe aviaire, la vache folle et compagnie. À un moment donné, il fallait qu’il se reconcentre dans son métier. Je suis très content pour lui car dans son métier, il est redevenu un des leaders mondiaux. C’est son enfant Brest aussi, Michel Guyot a pris la place, c’est la vie du club ça. Jestin, c’est un mec extraordinaire, mais moi je l’aime en tant qu’homme. C’est plus qu’un ami pour moi.

A priori, on n’a pas à craindre la folie des grandeurs, l’époque Yvinec tout ça ?

Le foot a changé depuis. Y avait un président pour lequel j’ai beaucoup de respect, Yvinec, il a fait la grenouille, il a voulu être aussi gros que le bœuf d’à côté, Bordeaux avec Bez. A un moment donné, évidemment tu peux pas suivre. Et puis il y a surtout eu l’affaire Charlie Shaker, qui l’a embobiné. En plus à Brest, il y avait à cette époque la ville à droite la plus bête du monde, qui avait gagné les élections, qui s’est déchirée, qui avait fait démissionner le maire Berthelot. Les principaux revenus du club, c’était la mairie, et puis ils se sont fâchés avec Leclerc [le nouveau maire]. Tout est arrivé au pauvre Yvinec qui était ambitieux, qui n’a pas vu que ça allait lui tomber sur la tête. Et la preuve, les procès l’ont disculpé de ces malversations. Le pauvre type, il avait un business qui marchait très très fort et il s’est retrouvé ruiné. Aujourd’hui, il fait des tableaux, il peint, il est peinard. Et il doit être heureux de ce retour, très heureux.

Brest, vous ne les voyez pas redescendre illico l’année prochaine ?

Ah non. Je ne les mettrais pas comme Montpellier, mais plutôt dans le ventre mou du championnat pour apprendre. Il va falloir bâtir une équipe. Le plus dur commence. Mais je fais confiance à Corentin Martins qui a bien réussi, parce qu’on l’oublie mais Corentin, il est à la base du renouveau aussi. Je suis assez confiant, comme pour Caen. En revanche je ne crois pas du tout à terme à Arles-Avignon, mais, ça c’est autre chose.

C’est-à-dire…

Non mais je suis très clair, je trouve incongrue la montée d’un club comme ça. On va me rappeler le côté sportif mais on peut très bien faire du football en chaussettes… D’accord ils vont monter sportivement mais qu’est-ce qu’un club comme Le Mans va faire de son personnel, de ses secrétaires, il va les virer aussi, il va licencier ? C’est trop grave ça. Franchement. Les gens d’Arles-Avignon, ils le disent bien : c’est une embellie sportive mais l’année prochaine on va redescendre. C’est du foutage de gueule, c’est comme ça qu’on trouve personne pour investir dans le football. Moi, j’étais partisan quand j’étais à la Ligue de Football de faire une licence Ligue 1, qui fait que tu montais seulement si tu avais les conditions requises, mais avant. Là, c’est dramatique, il y a un club de Ligue 1 qui est structuré, qui a investi dans un nouveau stade, qui pourrait déposer le bilan. Bon, il ne le fera pas Legarda, c’est un malin. Mais quand tu vois un club qui n’a rien, qui n’a pas de structures, qui n’a pas de stade, avec un entraîneur malin et quelques bons joueurs, qui vont à l’abordage… et qui méritent, attends, ce n’est pas les joueurs qui sont en cause. Mais un club qui ne dépense pas dans les structures, dans les stadiers et qui met tout dans les joueurs… Moi, j’en ai marre du misérabilisme de certains, ça me fatigue. Pour faire du football et le faire bien, il faut un minimum de budget, il faut un minimum de choses. Alors, je sais que c’est très joli, ça fait plaisir, ça fait Cosette. Ils l’ont mérité leur montée mais avec quoi, où, dans quel stade, comment ? C’est ça le truc. Je vais encore passer pour un salaud mais bon, tant pis.

Pour terminer, Brest, 14ème l’année dernière et en L1 cette saison. Une trajectoire qu’on souhaite à Strasbourg, non ?

Sans aucun doute, mais je ne suis pas inquiet. Strasbourg remontera, si c’est pas cette année, ce sera l’année d’après. Il faut bâtir aussi, il faut prévoir. Aujourd’hui, le club est exempt de centre de formation. Le club n’a pas produit de joueurs depuis un certain temps. Il faut réfléchir à ça. Pourquoi Sochaux a encore une équipe qui va faire la finale de Gambardella ? Il y a un vrai travail de fond à faire. Mais Strasbourg va retrouver le devant de la scène. Je connaissais le club en tant que voisin. C’est un vrai bon club et j’ai découvert un bel outil, un très très bel outil. Et je leur dis toujours que dans les cinq ans, le club reviendra à sa vraie place, dans les dix meilleures équipes de France. C’est sûr.

Propos recueillis par Ronan Boscher

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