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« J’ai été fait citoyen d’honneur à Sarreguemines »

Propos recueillis par Florian Lefèvre
7 minutes
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Dans la vie, Cédric Schamm, 40 ans, est agent SNCF. C'est aussi un sportif endurci qui a déjà bouclé un marathon juste au-dessus de la barre des 2h30. Et, c'est surtout l'homme qui a placé Sarreguemines sur la carte de France (à la frontière allemande de la Moselle) en trimbalant son drapeau bleu, blanc, rouge dans les plus grands stades de la planète.

Salut Cédric. Dernièrement, on a encore vu ton gigantesque drapeau à l’effigie de Sarreguemines lors de la finale de la Ligue Europa, en Suède, puis de nouveau lors la C1 féminine, à Cardiff. Tu as aussi réussi à marquer ton territoire lors de la finale entre le Real Madrid et la Juve ?Non, malheureusement. J’ai vu la finale des hommes dans un pub, comme beaucoup de monde. Mais il y avait une superbe ambiance dans la ville pendant trois jours.

D’où vient ta passion pour les drapeaux ?C’est une longue histoire. Je suis un grand fan de foot depuis tout petit. J’ai commencé à aller voir des matchs, d’abord à Metz dans les années 1980, puis, le déclic, c’était d’aller à San Siro avec mon père et mon frère. J’étais fan du Milan de Gullit-Van Basten-Rijkaard. J’ai commencé à faire des banderoles. À l’époque, je faisais partie du club des supporters de l’AC Milan à Paris. Après, il y a eu l’effet Coupe du monde 98. Je me promenais avec un petit drapeau français, avec la Coupe du monde dessinée dessus. Lors des grandes compétitions internationales, je voyais à chaque fois les supporters des autres nations – surtout les Scandinaves et les Anglo-Saxons – se balader avec des grands drapeaux. Comme j’habite à côté de la frontière allemande, je suis aussi beaucoup influencé par la Bundesliga. Et puis il y a la banderole « Grosblie » , qui suit partout le Bayern et l’Allemagne. En fait, ça représente un village à côté de Sarreguemines.

Quelle est l’histoire de ton drapeau bleu, blanc, rouge ?Il y a quelques années, j’avais un drapeau jaune où j’avais juste marqué le code postal de Sarreguemines. Je l’avais au Brésil en 2014. La banderole n’avait pas frappé les esprits parce que personne n’était au courant déjà que ça représentait la France. L’année suivante, j’ai été faire un semi-marathon à Göteborg avec des amis. Comme on arrivait dans le stade, on s’était donné un point de rendez-vous et c’était devant ce drapeau. Finalement, à la fin de la course, il n’était plus là. Les organisateurs l’avaient mis à la benne. Je pense que ça dérangeait par rapport aux sponsors (rires). On n’était à même pas deux mois des championnats du monde d’athlétisme à Pékin, donc on a refait un autre drapeau avec Sarreguemines sur fond de bleu, blanc, rouge. C’était parti.

On a l’impression de voir ton drapeau absolument partout, des JO de Rio aux 32es de finale de la Coupe de France. Tu ne manques aucun rendez-vous ? Je suis un grand fan de sport, à la fois en tant que pratiquant et en tant que spectateur. Au début, je regardais à la télé. Mais d’année en année, une fois qu’on a goûté à ça, c’est plus le même kiff : tu prends davantage de plaisir au stade. Les Euros de foot, je n’en ai pas manqué un depuis 1996. J’étais à Wembley pour la finale de 96… trois jours après mon bac. Je suis monté comme ça, j’avais trouvé un billet à l’arrache, à une demi-heure du coup d’envoi. Je l’avais payé 60 pounds – le prix du billet – à un Anglais qui le revendait parce que l’Angleterre s’était fait sortir en demies par l’Allemagne.

Il faut le prévoir longtemps à l’avance. Je suis agent SNCF, je fais les trois-huit dans une gare – là, je suis à Forbach. Pour ainsi dire, je prépare déjà l’année prochaine. Mon rêve, c’est d’aller voir les JO d’hiver.

Et tu arrives à combiner ces longs déplacements avec ton travail ?C’est pas évident. Il faut le prévoir longtemps à l’avance. Je suis agent SNCF, je fais les trois-huit dans une gare – là, je suis à Forbach. Pour ainsi dire, je prépare déjà l’année prochaine. Mon rêve, c’est d’aller voir les JO d’hiver (à Pyeongchang, en Corée du Sud) et d’aller ensuite éventuellement voir quelques matchs de la Coupe du monde en Russie. Mais il va falloir faire un choix. Ayant vécu la fameuse journée Russie-Angleterre à Marseille, s’il y a un point noir qui doit me rebuter d’aller en Russie pour la Coupe du monde, c’est le hooliganisme.

Tu réussis toujours à choper des billets à l’avance ou tu débarques à l’arrache ?C’est du 50/50. Si je n’arrive pas à me libérer à l’avance, je n’achète pas de billets, mais je peux y aller au dernier moment. C’est de la débrouille. L’Euro en France, c’était l’idéal. Je croisais des collègues qui me disaient : « On t’a pas vu hier soir, à Marseille ? » « Bah, si ! » « Qu’est-ce que tu fais là ? » , « Bah, je vais travailler. » Je voyage en train et surtout en avion avec les compagnies low cost. Je pars de l’aéroport de Luxembourg ou Francfort-Hahn, en fonction des tarifs et des horaires.

Tu t’es fait connaître l’été dernier aux JO de Rio. Comment as-tu reçu cette notoriété ?Elle m’est vraiment tombée sur le coin de la gueule (rires). Je ne m’attendais pas à ce que ça prenne de telles proportions. Au bout de trois, quatre jours à Rio, je me promenais dans le métro, et des supporters français m’accostaient. N’ayant pas de téléphone portable ni de compte sur les réseaux sociaux, c’est surtout mon frère qui m’envoyait des e-mails : « Tous les jours, on voit ton drapeau à la télé ! » Le buzz a commencé lors de l’épreuve en ligne de VTT femmes, quand on est montés à Vista Chinesa. Pour monter, c’est une expédition. Là-haut, il n’y a presque personne. Un cameraman me conseille de la mettre dans le rond-point. Et la banderole est passée à l’écran pendant toute la course. En rentrant du Brésil, j’ai été fait citoyen d’honneur aux côtés d’Aurélie Müller (qui a cru quelques minutes à la médaille d’argent aux 10 km de natation en eau libre, avant d’être disqualifiée, ndlr) et Nicolas Peifer (médaillé d’or au tournoi paralympique de tennis en doubles, ndlr).

Tout à l’heure, tu nous disais que ton ancien drapeau s’était fait dégager à Göteborg. Aux JO de Rio, il a fallu ruser ?Pour être franc, je n’aurais jamais pensé réussir à faire ce que j’ai fait à Rio. À part le basket et une soirée de natation, il n’y a pas eu trop de soucis.

J’ai vu le départ de la natation en eau libre devant Aurélie Müller, la nageuse de Sarreguemines, avec un copain. Quand on se voit, Aurélie me répète souvent qu’elle avait l’impression qu’on allait prendre le départ avec elle.

Et sur les événements de foot ?À l’Euro 2016, on a pu mettre le drapeau au premier tour, et plus on avançait dans la compétition, plus ça devenait compliqué. Les tribunes latérales, déjà, c’était hors de question. Et puis, à la fin, même en virage, c’était plus possible.

Où est-ce que tu es le plus fier d’avoir déployé ton drapeau ? J’ai vu le départ de la natation en eau libre devant Aurélie Müller, la nageuse de Sarreguemines, avec un copain. Quand on se voit, Aurélie me répète souvent qu’elle avait l’impression qu’on allait prendre le départ avec elle. On avait les pieds dans l’eau, il y avait ces trente nageuses, en face, une cinquantaine de bateaux avec les caméras, et au-dessus, les hélicoptères qui créaient des vagues avec leurs hélices. On se disait : « Mais, on est où, là ? »

Qu’est-ce qui pourrait t’empêcher de dresser ton drapeau dans le futur ?Dernièrement, je suis allé dans le kop de Bâle, pour un match face au Grasshopper Zurich. Je me suis dit : « Si je sors mon drapeau, dans trente secondes, ils vont le cramer. »

Dans cet article :
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