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Mathias Autret : « C'est une chance d'avoir fait vibrer autant de monde autour de soi »

Propos recueillis par Thomas Morlec
18 minutes

Au terme d'une saison très compliquée du côté de Caen, Mathias Autret (34 ans) a fini par tirer un trait sur sa carrière de footballeur pro. Après une quinzaine d'années au haut niveau, le Breton passé par Brest, Lorient, Lens et Auxerre se livre sur ses joies, ses peines et ses projets futurs. Entretien-fleuve avec le meilleur ami des arbitres.

Mathias Autret : « C'est une chance d'avoir fait vibrer autant de monde autour de soi »

Tu as annoncé ta retraite professionnelle vendredi dernier mais tu restes actif en National 3, à la Saint-Pierre de Milizac, dans le Finistère. C’est quoi le projet ?

Au début, à chaque fois que l’on me demandait si j’allais signer en amateur, je répondais non. Mais dès que j’ai raccroché les crampons, l’envie a commencé à revenir, donc pourquoi pas à Milizac. Mon seul et unique but, c’est de prendre du plaisir, en gagnant forcément et ça, l’entraîneur Yohann Boulic l’a vite compris quand on s’est eu au téléphone. On a repris depuis deux semaines, et effectivement je kiffe. Je suis tombé sur un groupe où les mecs sont top, il n’y a pas de concurrence ou de tensions. Je ne sais pas si c’est lié au monde amateur mais il y a une qualité de fou et un très bon staff. Le pied finalement.

Qu’est-ce que tu peux faire de nouveau depuis que tu es à la retraite ?

(Directement) Je peux choisir ! Pendant le mois de juillet, on est parti un week-end à Caen voir des amis. On a été au festival Beauregard, c’était la première fois de ma vie que j’allais à un festival ! Après le premier jour, je me suis demandé si on restait plus ou pas. Et là, ma belle-sœur, la femme de Valentin Henry, m’a dit : « Mais tu te rends compte de ce que tu viens de dire ? Tu as le choix entre rester ou de partir ! ». Sa réflexion m’a sauté aux yeux. Pouvoir choisir ce que l’on fait de sa vie, ça fait du bien. J’ai raté beaucoup de moments avec ma famille. Par exemple, la semaine dernière j’ai fait un foot avec mon filleul et ses potes pour son anniversaire. Des plaisirs simples, mais pouvoir revoir mes amis aussi, c’est génial. Désormais, je raterai moins de choses.

Comment tu occupes tes journées à part ça ? 

Avec ma femme, on a ouvert une société de nettoyage directement après ma retraite. C’était un projet de longue date. On nettoie, on nettoie, on nettoie, on ne s’arrête pas ! Hier j’ai bossé toute la journée sur un appart un peu sale et après être rentré, je me suis douché, je suis parti à l’entraînement et c’était dur. En me couchant le soir, j’étais rincé, mais je n’ai pas le blues pour autant. Je suis quelqu’un d’un peu hyperactif, donc rester à la maison à ne rien faire, c’était impossible. J’avais juste envie de bosser et d’avancer.

Tu avais envie de vite tourner la page de la petite mort ?

Au départ, je voulais quand même attendre la fin août pour voir ce que donnait le mercato, s’il y avait des trucs intéressants ou pas. Plus ça allait, plus je me disais que même si un projet super se présentait, je n’étais pas sûr d’avoir la motivation pour y aller. Par exemple, mon agent m’a un jour appelé pour savoir si je parlais portugais. Limite, je n’avais pas envie de le rappeler, de peur qu’il ne m’annonce qu’un club était super chaud de me signer. On a donc coupé court et annoncé dans la foulée que je me retirais.

Je pensais tellement à la possibilité qu’il arrive un truc négatif que ça devenait trop compliqué de s’engager dans un nouveau projet.

Mathias Autret

Est-ce qu’il n’y avait pas aussi la peur de faire la saison de trop ? 

En fait je pensais tellement à la possibilité qu’il m’arrive un truc négatif que ça devenait trop compliqué de m’engager dans un nouveau projet. J’avais peur de revivre ce que je venais de vivre avec Caen, une saison galère. D’abord collectivement, parce qu’on est descendus, mais aussi personnellement, parce que j’ai été mis de côté de façon un peu injuste à mes yeux (en seconde partie de saison, Autret n’est apparu qu’à quatre reprises, pour un total de 72 minutes disputées NDLR). Même si je n’étais pas ultra-performant, je ne pense pas avoir mérité ça.

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Avoir ce traitement à 34 ans et après une carrière comme la tienne, il y avait de l’incompréhension aussi, non ? 

Oui parce que quand Bruno Balthazar arrive (en décembre 2024, NDLR), je sais que c’est un excellent coach, contrairement à ce que les gens et les Caennais ont pu penser. Sauf qu’il m’a complètement mis de côté et ne m’a même pas pris une fois dans le groupe alors que je suis un joueur qui correspond parfaitement à son style de jeu. À cette époque, on ne gagnait pas et ce que j’ai mal vécu, c’est de ne pas avoir essayé autre chose alors que ça ne fonctionnait plus. On ne me regardait même pas, j’étais banni. J’adore ce monsieur et j’adore aussi l’entraîneur, mais quand il ne m’a pas pris dans le groupe pour la première fois, ça m’a piqué. Je me suis dit : « Allez Mathi, on va se bouger un peu ». Du coup, j’ai mis tous les curseurs à fond à l’entraînement, j’ai fait des super semaines au bout desquelles je me suis dit qu’il allait être obligé de me prendre et finalement, je n’étais même pas dans le groupe. Quand il m’a convoqué pour me dire qu’il me prendrait pas, je lui ai dit : « Coach, si un jour c’est définitif, dites-le moi ». Deux semaines après, il m’a annoncé qu’il ne me prendra jamais. Ça a été très honnête de sa part, mais c’est vrai que j’ai aussi trouvé ça bizarre, j’avais l’impression qu’il y avait autre chose.

Je n’ai pas aimé le sentiment de voir le navire couler tout en restant à quai sur le banc de touche, sans pouvoir me mouiller.

Mathias Autret

Quelle a été sa justification ?

Il a commencé par me dire : « T’es en fin de contrat, t’as 34 ans, il y a le mercato en ce moment si tu veux partir. » Ensuite, il s’est montré un peu flou. En fait, je n’avais même pas envie de chercher à comprendre plus parce que, une fois de plus, je l’aime bien ce bonhomme-là. Si ça se trouve, c’était juste mon style de jeu qui ne lui plaisait pas. A côté, mes coéquipiers me demandaient si j’avais des soucis avec le club, ils trouvaient ça bizarre que je ne sois pas pris dans le groupe avec les semaines que je faisais à l’entraînement. Pourtant, on parle de gars qui n’avaient aucun intérêt à me le dire, même si j’étais plutôt apprécié, parce que dans ce milieu, on n’est pas gentil comme ça, pour rien… Plus tard, avec Michel Der Zakarian (nommé mi-février, NDLR), c’était pareil. Il m’a dit qu’il n’avait pas de doute sur mon niveau mais sur mon rythme, étant donné que je n’avais pas joué depuis longtemps. Mais forcément, si on ne me fait pas jouer, je vais rester sur un mauvais rythme !

Ce n’est pas la seule chose étonnante qu’on a vue cette saison, à commencer par la manière dont l’entraîneur Nicolas Seube a été évincé

C’est vrai que c’est spécial, surtout que Nico a été mis dans des mauvaises conditions : on a eu un mercato à retardement, beaucoup de ses demandes n’ont pas été satisfaites, la direction a changé alors qu’on était en stage avec les anciens dirigeants… S’il avait échoué après avoir été mis dans des conditions idéales, bah, c’est le jeu. Mais là… Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, je n’étais pas à l’origine de son départ. Sur les réseaux, j’ai lu que j’aurais mal vécu le départ de Jean-Marc Furlan (en novembre 2023, NDLR) et tout fait pour que Nico se fasse virer derrière. En réalité, je m’entendais très bien avec lui, on a joué ensemble, notre relation était bonne.

 

Quelle est ta plus grosse déception finalement ?

D’avoir vu mes coéquipiers galérer sans pouvoir les aider. Je n’ai pas aimé le sentiment de voir le navire couler tout en restant à quai sur le banc de touche, sans pouvoir me mouiller. Je voulais me dépouiller sur le terrain pour sauver le club et même si ça n’aurait probablement rien changé, j’aurais aimé être dans la bataille. J’ai continué à jouer le jeu jusqu’au bout à l’entraînement, rien que pour que mes collègues puissent avoir une opposition. Personne ne pourra prétendre que je n’ai pas été pro. Les gens pourront toujours dire : « Oui, il est quand même bien payé à jouer au foot. » Ouais bah… oui, oui. Mais ce n’est pas pour autant que j’étais heureux.

Malgré la rétrogradation en National, tu restes confiant pour l’avenir de Malherbe ?

Malgré tout le mal que j’ai vécu dans ce club, je n’en veux à personne, c’est le foot. La place de Caen n’est pas en National, plutôt en Ligue 2, voire mieux. (Il réfléchit) Bon, je pense quand même que ça va être compliqué, en tout cas cette année. Mais je serai le plus heureux s’ils y arrivent. J’ai rencontré le nouveau coach avec son adjoint (Maxime d’Ornano et Alexandre Raulin, NDLR) et je pense que ce sont des gens bien, qui travaillent bien. D’après les retours que j’ai eus, les joueurs kiffent aussi, donc j’espère vraiment que ça va le faire. Rien que pour mon beau-frère Valentin Henry, je souhaite que ça marche. Pour l’actionnaire aussi : c’est le capitaine de l’équipe de France. Je suis fan de foot, je suis fan de l’équipe de France, je souhaite donc du bonheur à tout le monde.

Tu as disputé 106 matchs en Ligue 1, 293 en Ligue 2, marqué 60 buts et délivré 60 passes décisives. Ce sont des chiffres qui te rendent fier ?

J’ai surtout vécu des moments de fou, inoubliables. J’ai percé à Brest, mon club de cœur, j’y suis revenu, j’ai réussi à remonter, à jouer en Ligue 1, j’ai même porté le brassard de capitaine des Ty-Zefs ! J’ai rencontré des gens incroyables, j’ai eu des émotions folles donc, oui, je suis ultra fier de ma carrière. Elle aurait pu être plus belle, il n’y a pas de doute, mais elle aurait aussi pu être moins bonne. Je raccroche la tête haute et surtout, en n’ayant aucun regret.

Tu as aussi toujours été au bout de tes contrats, ce qui est particulièrement rare dans le foot. Pourquoi ? 

Parce que je me sens bien partout, c’est pour ça que je n’ai jamais voulu partir avant la fin, ce n’est pas moi qui décide de m’en aller. À Lens, j’ai vécu une deuxième saison un peu compliquée avec (Alain) Casanova. On n’a pas réussi à travailler ensemble et j’ai dû partir, c’était dur. Quand on monte et qu’on se maintient en Ligue 1 avec Brest pendant le Covid, j’apprends que le coach ne compte plus sur moi. Du coup, je dois aussi partir de Brest et j’étais dégoûté. Après, je vais à Auxerre pour trois ans. On monte, on redescend et finalement, même chose. A chaque fois, je n’avais pas envie de partir mais j’ai fait en sorte que ça se fasse en bons termes. C’était important pour moi, je préfère éviter d’aller au clash avec les clubs, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé.

 

Ce qui explique tes come-backs à Brest et à Caen.

En 2010, je pars en mauvais termes avec Brest. C’est la seule exception à la règle et c’est le seul regret que j’ai dans ma carrière. Quand je revenais jouer à Le-Blé, c’était tendu à chaque fois, mais ça ne changeait rien à l’amour que j’avais pour ce club et ses supporters. On était comme un vieux couple qui s’engueule un peu, mais qui s’aime au fond. Je m’en suis rendu compte en revenant y jouer avec Lens. Rejouer à Francis Le-Blé, revoir ce maillot rouge… ça m’a donné envie de retourner à Brest, j’en avais besoin. Je suis né à Morlaix de mère portugaise donc je suis 50% breton mais j’ai grandi en Bretagne. J’aime sincèrement ma région, j’aime les Bretons, j’aime leur caractère de gens qui ont la tête dure. J’aime aussi la pluie, la tempête, la côte…  Bref, je suis un gars d’ici.

Comment ça s’est arrangé finalement cette histoire ?

J’étais toujours en contact avec Gregory Lorenzi, que j’ai connu joueur et qui est depuis passé directeur sportif. Quelques semaines avant mon dernier match avec les Sang et Or (en 2017 NDLR), il m’a fait une proposition. J’étais partant, que Brest remonte en Ligue 1 ou pas. Je savais aussi que j’allais j’allais au devant de problèmes parce qu’une partie des ultras et du public n’avaient toujours pas digéré mon précédent départ, donc on a fait une réunion avec les directeurs de chaque association d’ultras. J’ai pu expliquer mon point de vue sur la question et je suis parvenu à recréer du lien avec 90% des supporters. Il y a encore un petit pourcentage qui est toujours fâché mais moi je les aime quand même.

J’aime sincèrement ma région, j’aime les Bretons, j’aime leur caractère de gens qui ont la tête dure. J’aime aussi la pluie, la tempête, la côte…

Mathias Autret

On peut dire que tu as le club dans la peau, au propre comme au figuré. La preuve avec ce tatouage de pirate réalisé en 2019.

Bien sûr ! On l’a fait pour la remontée en Ligue 1 avec Julien Faussurier et Quentin Bernard. D’autres l’on fait plus tard, notamment notre analyste vidéo, et il me semble que l’intendant du club, Mathieu Jezequel, l’a aussi. Quentin avait un ami tatoueur qui  venait régulièrement aux matchs et était là pour la montée. Résultat, le dimanche, après avoir bien festoyé, on était allongés en train de se faire tatouer chez lui, totalement fatigués de notre week-end. (Rires.) Ce sont de bons souvenirs.

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C’est rare d’avoir une telle relation d’amitié avec ses coéquipiers ?

Avoir des potes dans le foot, c’est facile. Au début on est tout le temps ensemble et puis après, on se quitte, on s’envoie un message de temps en temps pour se souhaiter l’anniversaire et point barre. Mais à Brest, c’est beaucoup plus fort. À l’époque, quand quelqu’un disait « Barbecue chez moi ? », on était 15 ou 20 à débarquer, alors que dans d’autres groupes, on est cinq maximum. Il y avait un truc particulier qui s’est passé et un supplément d’âme qui grandissait à chaque montée de Ligue 2 à Ligue 1 – et j’en ai fait quatre ! On n’était pas toujours le meilleur XI mais par contre, il y avait une réelle solidarité entre nous. Cette année-là à Brest, c’était la plus forte de toutes, il ne pouvait rien nous arriver parce qu’on était ensemble.

Lors de mon premier pion au Blé, quand j’ai vu toute la tribune Foucault les bras en l’air et avec le smile, le premier truc que je me suis dit c’est : je fais un métier de fou.

Mathias Autret

Quels sont tes autres souvenirs marquants ?

Je retiens mon premier match à Bollaert, après la rénovation… J’ai ressenti des choses, je me suis dit « waouh ! ». En plus, je marque lors du premier match, je me retourne, je cours, il y a Pierrick Valdivia qui me tend les bras, je saute et en fait il me porte au-dessus de lui. J’ai eu le sentiment d’être le roi du monde, d’être invincible. Je voyais, il y avait 34 000 personnes comme des dingues, moi je venais de marquer pour mon premier match à domicile avec un club mythique… C’est une sensation incroyable ! Sinon la deuxième montée avec Brest, les barrages avec Auxerre, c’était la folie aussi. En fait, ce que je retiens, ce sont surtout des moments de communion entre les joueurs avec le public. Lors de mon premier pion à Le Blé, quand j’ai vu toute la tribune Foucault les bras en l’air et avec le smile, le premier truc que je me suis dit c’est : je fais un métier de fou, il faut que j’en marque d’autres. Parce qu’en fait, tous ces gens-là, ils ont peut-être des problèmes dans leur vie ou des galères mais l’espace d’un instant avec tes coéquipiers, tu parviens à leur faire tout oublier. Il y a très peu de personnes qui ont un métier comme ça. J’ai fait vibrer du monde autour de moi, c’est une chance.

 

Qu’est-ce qui, à l’inverse, a été usant dans ton parcours ? 

Les critiques ne m’ont jamais trop atteint mais les commentaires sur les réseaux sociaux… je trouve ça complètement dingue. Maintenant, j’en suis arrivé au point où, quand je vais sur X ou sur Instagram et que je vois qu’il y a un joueur qui se fait défoncer, j’en viens à être énervé pour lui. Les gens ne comprennent pas que derrière le footballeur, il y a un homme. Quand tu traites un joueur de nul, nous, on peut en n’avoir rien à faire, mais derrière il y a des proches qui peuvent lire ces commentaires et que ça peut atteindre. Les gens viennent, prennent leur portable mais ils n’ont jamais tapé dans un ballon, ils n’ont jamais fait une interview face caméra – qui plus est fatigué – et ils viennent commenter, critiquer, râler, insulter, alors que si tu leur pose deux-trois questions après un footing de dix minutes, ils vont bégayer. Ça, ce sont des trucs que je n’arrive plus à comprendre.

Tu as toi-même été pris à partie par des supporters de Laval

Après une interview d’après-match justement. Je suis frustré, énervé, fatigué… Alors oui, mon analyse n’est pas bonne, j’ai revu le match après coup, mais on m’en parle toujours aujourd’hui alors que moi, je m’en fous. Les journalistes m’aimaient bien parce qu’ils savaient que j’allais ouvrir ma gueule, sans filtre… Mais les interviews où ça envoie un peu de steak, ce n’est même plus marrant, certains disent : « L’autre, il a encore ouvert sa gueule, ce connard. ». A la fin je disais carrément non, je n’y allais plus, parce que j’étais énervé et je me disais que ça ne servait à rien. Quand je faisais une interview, le journaliste qui me posait la question aurait pu répondre à ma place, parce qu’en fait je disais ce qu’il voulait entendre.

On est obligé de faire des interviews lisses qui emmerdent tout le monde et après on va dire que les footballeurs ne font que de la langue de bois. Mais c’est à cause des personnes qui reprennent tout et en font des gros titres pour rien qu’on en arrive là.

Mathias Autret

D’une certaine manière, le foot devient de plus en plus aseptisé, tu ne trouves pas ? 

Nous, les joueurs, on n’a plus le choix parce que tout est sujet à polémique. Au final, on est obligé de faire des interviews lisses qui emmerdent tout le monde et après on va dire que les footballeurs ne font que de la langue de bois. Mais c’est à cause des personnes qui reprennent tout et en font des gros titres pour rien, si ce n’est pas rechercher du buzz, qu’on en arrive là. Quand tu vas publier cette interview, tu auras un ou deux pimpins qui vont en extraire une partie et qui vont dire : « T’as vu ce qu’il a dit, c’est pas bien » et tout, alors qu’ils n’ont même pas lu tout l’entretien.

Qu’est-ce qui t’inquiète pour le football des années à venir ? 

Je suis très pessimiste. J’ai bien peur qu’on aille dans un foot qui, à mon sens, va devenir beaucoup moins intéressant. Le côté aseptisé, langue de bois, où l’on ne peut plus rien dire, sans parler de l’aspect financier qui prend un pas énorme… Maintenant, on préfère prendre un mec inconnu au bataillon de 18 ans qui n’a encore rien fait plutôt qu’un gars de 34 ans qui a déjà prouvé. Attention, je vis encore des émotions de fou en le regardant, j’ai kiffé le PSG et le Stade brestois en Ligue des champions et j’espère que ça va durer. Mais pour ce qui est de l’extra-foot, des réseaux et tout ça, je suis super inquiet.

Ton parcours est 100% hexagonal. Tu n’as jamais été attiré par l’étranger ? 

Au-delà du fait de ne jamais avoir eu de proposition vraiment intéressante, ça ne m’a pas spécialement intéressé non plus, contrairement à ma femme qui aurait aimé vivre une expérience à l’étranger. Moi je n’ai jamais eu envie de partir. Franchement j’aime la France, le championnat français, la Ligue 2 et évidemment la Ligue 1.

Est-ce qu’il y a une proposition folle que tu as refusée ?

L’Azerbaïdjan. Il me semble que c’est le club où jouait alors Steven Joseph-Monrose (Neftchi Bakou ou FK Qabala, NDLR), je ne sais même pas comment ils sont tombés sur mon profil. On venait de monter avec Brest, j’allais réaliser mon rêve de jouer en Ligue 1 avec mon club, donc, ce n’était pas du tout dans mon esprit. En plus, je ne parlais pas très bien anglais ! Ils ont demandé à ma femme directement quel salaire je voulais, mais on a répondu que c’était pas le sujet. Il y a aussi eu l’Arabie saoudite quand je suis arrivé en fin de contrat avec d’Auxerre. Mais là encore, j’ai tout de suite dit non à mon agent. Ce n’était pas mon foot. Le plus important, ce sont les aventures humaines… Signer là-bas, ça n’aurait été que pour l’argent. J’étais bien plus heureux d’aller à Caen.

Dans le fond, les arbitres professionnels vont-ils te manquer ? 

Franchement, pas du tout. (Rires.) J’ai l’impression que cela va repartir en N3… J’ai du mal, je ne veux pas leur taper dessus ni rien, mais je n’y arrive pas avec cet arbitrage. Même quand à l’entraînement les coachs prennent le sifflet, ça me rend dingue. Je ne sais pas pourquoi. Ça m’a fait perdre le fil de matchs parfois tellement je m’énervais. Après, je n’ai jamais pris de rouge pour contestation, je n’en ai pris qu’un pour une faute anodine au milieu de terrain, même pas méchante. Mais c’est vrai que j’ai du mal. J’ai bien peur qu’avec Milizac je me retrouve de nouveau dans des situations où il me faudra contrôler mes nerfs. Par contre, ce qui va me manquer, c’est l’adrénaline quand tu joues dans un stade de 20-30 000 personnes. Quand on jouait la montée avec Brest et Auxerre, que l’on remplissait le stade un samedi après-midi, l’excitation était terrible.

Tu t’imagines rester dans le foot encore longtemps ?

Honnêtement, je ne vais pas dire jamais, mais il y a vraiment peu de chances que je retourne au monde pro d’une façon ou d’une autre. Ça ne m’attire pas. Si je jouais au foot, c’était juste pour taper la balle avec les copains, c’était pas pour les à-côtés. Et si je m’implique en tant qu’adjoint, entraîneur ou directeur sportif – attention je n’ai pas les compétences du tout – j’aurais tous les mauvais côtés. L’extra-sportif, gérer les égos, franchement, ça ne va pas me faire vibrer.

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Propos recueillis par Thomas Morlec

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