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Imhotep : « Quand l’OM n’exploite pas son potentiel, ça me fait mal »

Par Arnaud Clement
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Deux ans après Kheper, « Tonton » Imhotep, l'architecte sonore du groupe IAM, présente un nouvel opus en solo, Kheper Dub, qui, comme son nom l'indique, est un juste retour à ses premiers amours reggae et dub. L'occasion d'aborder sa fonction au sein de la formation marseillaise, mais aussi d'aborder, avec DJ Kheops entré dans la danse en cours d'interview, l'OM de Bielsa, le nouveau Vélodrome, l'Atlético Madrid et même José Touré.

Imhotep, on te présente souvent comme l’architecte sonore d’IAM. Est-ce qu’on peut dire que tu es un peu celui qui dicte le tempo du groupe, un peu à la façon d’Andrea Pirlo à son apogée à la Juve ?

En fait, non, je n’ai pas autant d’importance qu’un joueur comme lui. En gros, je m’occupe de la partie assez technique, c’est-à-dire de faire la jonction entre les besoins musicaux du groupe en termes d’instru, d’orchestration, de compo, de mixage. Donc pour faire l’analogie avec le football, je serais plus un kiné qu’un joueur comme Pirlo (sourire).

Donc tes gestes techniques, ce sont les samples, les consoles, le rythme… D’où t’est venue cette passion, qu’on ne pratique pas comme on va faire un match après les cours avec ses potes ?

C’est une passion que j’ai depuis tout gamin, qui m’a conduit à pratiquer différents instruments. Bien avant le rap, les boîtes à rythme et cette musique qui est avant tout électronique, je suis issu de l’ancienne école. Je jouais de la batterie, de la guitare, de la basse. J’ai aussi connu une bonne expérience avec le reggae et la dub, avec tout ce que cela implique en termes de techniques de mixage, d’équilibre sur les pistes. J’aurais aimé qu’on me parle de cette musique à l’école, mais à l’époque, il n’y avait que la flûte à bec… Le rock a aussi été un passage. J’ai eu ma période guitare, j’adorais le blues, je pouvais passer des nuits entières à taper du blues avec les collègues. C’était l’époque des Clash, de Police, d’un rock avec déjà quelques touches reggae. Mais ce qui m’intéressait dans le rock, c’étaient ses racines blues. J’ai toujours préféré Chuck Berry à Elvis Presley.

Après Blue Print ou Kheper, tu sors Kheper Dub le 13 octobre, un nouvel opus en solo. Le son qu’on y trouve est assez différent de celui impulsé par la philosophie de jeu d’IAM, non ?

Oui, ce qu’il faut savoir, c’est qu’avant d’être dans le hip hop, j’ai passé une bonne dizaine d’années dans le reggae et le dub. Même avec IAM, je n’ai jamais lâché et j’en ai toujours écouté, ça reste une passion pour moi. Je ne suis pas très fidèle en musique, je suis comme qui dirait « poly-gammes » . Et me passionnant toujours pour le reggae, je mettais ça de coté pour mes projets solo. Quand j’ai fait l’album Kheper il y a deux ans, j’ai gardé tous les morceaux reggae de côté, pour la deuxième partie plutôt reggae, qui est donc Kheper dub. Dans la partie orchestration-arrangement, je me sens un peu comme un coach. J’arrive avec mes ingrédients différents pour produire un mélange harmonieux.

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On sait qu’Akhenaton et DJ Kheops sont mordus de ballon au sein d’IAM. Shurik’n est aussi bien calé. Toi, quel est ton rapport au football ?

Bon déjà, pour la partie foot, Kheops viendra nous rejoindre pour apporter sa science (Il l’appelle dans le studio). Pour ma part, mon rapport au football est comme à celui que j’ai avec Marseille. Il y a des côtés que j’adore, et qu’aucune autre ville ne peut m’apporter. Mais il y a des mauvais côtés qui gâchent l’amour de l’art, du sport, du football donc. Quand Marseille n’exploite pas tous ses talents, ça me fait mal, car c’est une ville de potentiel. Comme le club d’ailleurs. Et on aimerait que la ville de Marseille soit coachée comme l’OM l’est en ce moment avec Bielsa : avec des gens qui impulsent des changements, qui se montrent proches des Marseillais et qui puisent dans les énergies de la ville. Là, sans trop dévier sur la politique, Gaudin est un peu notre Bouteflika à nous. Et le personnel politique ne recrute que dans l’entre-soi, ne se sert pas de toute la richesse issue de la diversité.

Ton parcours de vie t’a vu circuler en Algérie, à Nantes, dans la banlieue parisienne, à Marseille. Le tout avec des parents pieds noirs d’origine espagnole. Il n’y a que des terres de passion pour le ballon là-dedans…

Partout où j’ai vécu, le foot a été fil conducteur. Je ne suis pas resté longtemps à Alger, mais ma famille parlait beaucoup de ballon. À Nantes, j’étais en classe avec le petit frère de José Touré. Dans la région parisienne, j’étais inscrit dans un club. Je n’ai rien fait de spécial en football, mais en tout cas, j’aimais ce langage commun, ce « parler ballon » universel. Avec les gens du monde entier, et on l’a vu avec IAM avec tous les clubs de supporters de l’OM qui existent, de New York au Japon : quand tu évoques Marseille, l’OM est le premier réflexe. Ça fait chaud au cœur.

(À la demande d’Imhotep, DJ Kheops entre dans la partie pour apporter sa science du football)

Quels sont vos premiers souvenirs marquants en matière de football ?

Kheops : Ce sont des matchs vus à la télé, avec Skoblar, Magnusson, puis la Coupe du monde 1974. Je me souviens aussi des OM-Ajax, OM-Inter… Ça m’a marqué, mais sans plus. Je n’ai pas spécialement de joueurs qui m’ont fait rêver non plus, comme certains potes qui bloquent sur Platini. Moi pas. Bon allez, à la limite Johann Cruijff.Imhotep : Comme je te l’ai dit, mon premier gros kiff, c’est José Touré, que je pouvais voir jouer à l’époque à Nantes. Et comme partout où j’allais, les villes gagnaient au football en plus (rires)…

Tu avais la trentaine lors de la période Tapie, des stars et des matchs de légende de l’OM. Tu en gardes quelles images ?

Kheops : Nous, on a la coupe et personne ne l’a, c’est tout ce qu’on retient (rires). Et dire qu’il y en a qui pleurent et qui jettent des milliards pour l’avoir… Non, sinon, dans mes souvenirs, il y a OM-Benfica, la demi-finale de 1990. Les penalties contre l’Étoile rouge, je les ai chassés de ma mémoire (rires). Et sinon, l’année avant de descendre, on était juste monstrueux, peut-être la plus belle équipe d’Europe à l’époque. Et après, c’était la longue descente aux enfers…
Imhotep : À l’époque, j’ai plus été marqué par les réactions des Marseillais et la ferveur que ça a soulevée. Quand on a gagné la Coupe d’Europe, on enregistrait à Aix-en-Provence et je revois le tour du studio de Kheops à genou en pleurant. Je savais pas qu’il était malade à ce point-là. Sinon, un bon souvenir que j’ai, c’est le jubilé de George Weah bien plus tard, avec des joueurs de ma génération. Il n’y avait pas d’enjeu, c’était bon enfant et j’aime ce côté foot sans trop de pression, car l’argent en met beaucoup. Quand on retrouve ce plaisir de jouer, c’est pas mal.

Les temps changent et aujourd’hui, El Loco a presque déjà un statut d’intouchable à Marseille… Vous qui détestiez l’antithèse du jeu sous Baup ou Deschamps, vous êtes enfin servis ?

Kheops : On est contents du jeu de Marseille, le seul truc, c’est combien de temps ça va durer. Donc profitons de pouvoir vanner nos amis parisiens…Imhotep : On a tous pris des forfaits avec sms gratuits pour les assassiner.Kheops : Mais comme quoi, avec les mêmes joueurs que l’an dernier, on fait du bon boulot. Ça vient de qui ? L’entraîneur ou les joueurs ? Si ça vient de Bielsa, c’est que ses prédecesseurs ont du souci à se faire pour eux… Quand je regarde Bielsa à la TV en tout cas, que je le vois tourner en rond dans sa zone, on dirait qu’il a des soucis… On a l’impression qu’il vit tout seul, c’est impressionnant à voir.Imhotep : Ils sont plusieurs en lui en fait…Kheops : En tout cas, quand tu regardes l’OM par rapport à la concurrence, c’est pas mal. Mais attends de voir ce que vaut ta défense quand Ibra la chargera… Et l’an prochain, si on perd deux ou trois joueurs, des Mandanda, Gignac ou autre, on va se faire vider. Le mieux serait qu’on se fasse racheter en fait ! Parce que là, à côté, il y a Paris qui se blinde, alors que le reste du championnat se vide. Quand tu vois ce que font Lille, Guingamp ou Sainté en Europa League… Ça me dégoûte pas, mais je me dis que parfois c’est dommage, car je sais pas quel rôle on a, mis à part tenter de participer à une Coupe d’Europe. Regarde l’Atlético, qui est allé en finale de C1, le club s’est fait dépouiller derrière. Est-ce qu’il vaut mieux être champion ou non et garder tes joueurs ?

La fièvre pour l’OM en 2014 est-elle la même qu’en 1993 à vos yeux ?

Kheops : Ce n’est pas la même génération. D’abord ceux qui étaient dans les virages dans les années 1990 sont maintenant dans les tribunes. À l’époque, les gens étaient foufous dans le stade. Maintenant, on vient plus pour faire la fête, décharger l’énergie. C’était plus footeux à l’époque. Quand l’OM perd, que tu chantes, ouais, mais que tu fasses la fête, personnellement, je ne comprends pas…

L’OM fait un peu sa révolution entre ce nouveau manager, la nouvelle philosophie que celui-ci inculque et ce Vélodrome new look où les chants résonnent. Vous avez déjà pu tester ?

Kheops : Moi oui, j’y suis allé deux fois en virages, contre Nice et Rennes. Il y a de l’ambiance, ça revient. Bon, c’est pas extraordinaire, car il manque encore 10 à 15 000 personnes pour le remplir vraiment. Il n’y avait que 51 000 personnes pour le match contre Saint-Étienne. Après le seul truc dommage, c’est qu’il n’est pas assez fermé, je trouve. Tu prends la pluie dans la gueule. C’est vrai que c’est impressionnant comme ça résonne, mais moins que quand tu regardes à la télé. Et esthétiquement, il est beau de dehors, mais avec toute cette ferraille à l’intérieur… Ce qui m’impressionne par contre, c’est que tu sois en avion au-dessus de Marseille ou au large en mer, tu le vois.

Info : Kheper Dub, dans les bacs le 13 octobre.

Par Arnaud Clement

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