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« Il me fallait de l’espace, vu que je frappais comme un buffle »

Humoriste d’origine russe, Schoumsky n’est pas un grand connaisseur de foot. Pourtant, il a pas mal de choses à raconter sur un sport qu’il pratiquait dans la cour de récré. Une interview pleine de nostalgie. Et de tirs dans les parties.
Gamin, tu jouais au foot ? Oui, comme tout le monde. Mais je jouais surtout à viser les couilles. J’ai eu une croissance tardive, j’étais le plus petit sur le terrain, donc sujet à moquerie, car comme on le sait tous, en meute, les ados sont globalement intellectuellement proches d’une pelle. Du coup, par pure vengeance, mon but était de tirer comme un bourrin des boulets de canon droit dans les roupettes. Quand ils étaient pliés en deux par la douleur, ils étaient enfin à ma taille. Malin, non ? Mais du coup, tout le monde flippait même quand je faisais une passe. Vu que j’aimais bien les ambiances coups et blessures, on m’a vite fait bifurquer sur le rugby. De toute façon, il y a trop de sérieux pour moi dans le foot, même quand t’as dix piges, on te parle vraiment comme si tu étais un futur grand. Et je ne suis pas fan du fait d’être traité comme un poulain ou un cheval de compète, on devient bête à manger du foin, le principal devrait quand même rester l’amusement.
Tu as un souvenir précis de ta carrière de footballeur de cour de récré ? Une fois, j’ai mis un but en pleine lucarne sur une reprise de volée depuis le milieu de terrain ! Le tir de l’espace. J’ai été une star pendant 48h à l’école. Puis, quelques jours plus tard, j’ai marqué contre mon camp… Et là, j’ai soudainement perdu tous mes nouveaux amis. L’école de la vie, putain.
Tu avais un bon niveau ? Globalement, je crois qu’on avait tous un bon gros niveau de merde. En ce qui me concerne, j’étais extrêmement moyen. Ça allait à peu près, dans le sens où je n’étais pas le boulet qu’on prenait en dernier dans la cour de récré, mais je ne brillais pas plus que ça. Je n’étais pas non plus celui qui faisait les équipes, quoi (rires).
Tu te souviens du plus nul de la récré ? Oui, il était gros. Les enfants n’aiment pas les gros, ils les traitent de gros. Original, hein ? Comme je te l’ai dit, à cet âge-là, le pue englue les terminaisons nerveuses et inhibe l’imagination. Le pauvre gros courait sans jamais toucher le ballon, la vérité c’est que personne ne lui passait. Au final, on ne saura jamais s’il était vraiment nul, en revanche je peux certifier que tous les autres étaient vraiment cons.
Tu avais un poste de prédilection ? Je jouais souvent latéral ou gardien. Comme je tapais comme un buffle, fallait que j’ai de l’espace, il valait mieux avoir du recul, à l’arrière. J’ai toujours bien aimé les gardiens, je ne sais pas pourquoi. C’est vraiment le poste le plus ingrat, car tu es tout seul à tout te ramasser dans la gueule. Ils me rappellent mon souvenir, t’arrêtes un but t’es un roi, tu t’en prends un, t’es une merde. Quel poste cruel.
Et tu supportes une équipe en particulier ? Je suis de Paris, mais je n’ai pas d’amour particulier pour le PSG. À une époque, j’éprouvais un petit quelque chose pour Saint-Étienne, mais c’était plus pour faire chier un pote à moi qui était à fond pour l’OL, car dans le fond, je m’en fous globalement.
Et l’équipe de France ? Alors là, c’est particulier. On a quand même en nous un truc de vachement primitif, je ne sais pas exactement quelle zone du cerveau ça touche, la reptilienne sûrement, mais quand l’équipe de France gagne, tu es content. Tu ne sais pas vraiment pourquoi, mais ça marche. Moralement, tu te sens mieux et ça t’aide à passer une bonne soirée. Il y a un peu de chauvinisme latent. Même quand la France gagne au hand, alors que c’est un sport que tu ne regardes jamais, tu vas être content. Bon après, soyons honnêtes, il y a quand même des sports où ça ne marche pas. Par exemple, si la France gagne au curling, à la pétanque ou au lancer de crotte de nez, je n’éprouve même pas un frémissement de joie, faut pas déconner non plus.
L’Euro, tu vas quand même le regarder ? Je ne regarderai que si la France gagne. Donc, non, je ne vais sûrement pas le regarder.
Tu n’es pas du genre à aller faire la teuf sur les Champs en cas de victoire ? Non. Quitte à me déboîter la tête, je préfère que ce soit entre amis. Dans la foule, tu risques de faire la fête avec un mec qui adore maître Gims ou Zaz, et ça, c’est inacceptable. Je choisis les gens avec qui je fais n’importe quoi.
Les histoires de rivalité entre supporters, ça te dépasse un peu, donc ? C’est rigolo quand ça se limite à trois vannes, genre « Marseille, Marseille, on t’encule ! » J’ai pris Marseille au hasard, hein… Mais c’est tout. Je conseille d’ailleurs le sketch qu’on avait fait avec Golden moustache sur Youtube, « Chant de supporter » , ça parle de ça. Après, la haine de l’adversaire, c’est quelque chose qui me dépasse même totalement, je conçois qu’il y ait les équipes ennemies et tout ça, mais quand ça dégénère c’est quelque chose que j’ai du mal à comprendre. Ça reste que du sport, il ne faut pas rendre le truc trop sérieux.
Il y a un joueur qui te plaît plus que les autres ? Il y a un joueur que j’aime bien, c’est Zlatan Ibrahimović, il me fait penser à Cantona. J’aime bien la façon qu’il a de se jouer des médias. Il a l’arrogance drôle pour moi. Il sait comment le monde du foot fonctionne et il sait manier ça à la perfection, mais toujours avec humour, je ne le trouve jamais méchant.
Tu as un souvenir d’interview précis ? Oui, quand Gainsbourg dit à Withney Houston qu’il veut la baiser. Ah tu me parles de Zlatan ? Du coup, je dirais l’interview où il dit à un journaliste qu’il ferait mieux de se la fermer avec le sourire. Toujours le dire avec le sourire. C’est ça qui est fort, je trouve.
Tu aimais le Cantona joueur. Et l’acteur ? Je le trouve crédible dans sa reconversion, il a ce truc des acteurs à l’ancienne, un peu comme Lino Ventura. Il a clairement quelque chose quand il apparaît à l’écran. Bon après, on sait qu’il ne jouera pas autre chose que du Cantona, mais ce n’est pas grave, car il le fait bien. Personnellement, je suis client. Il a quelque chose d’intense. Et puis il reste le type qui a taclé en sautant les deux pieds joints façon Ninja. Si je devais illustrer l’expression « péter un plomb » , c’est cette vidéo que je prendrais.
Schoumsky jouera son spectacle En attendant Claire Chazal à partir du 6 février, tous les samedis, à 19 h, au Théâtre de l’Archipel.
Tout le monde veut prendre son gardienPar Gaspard Manet