God save the Queens Park Rangers
Les Queens Park Rangers Fans ne sont pas (tout à fait) un groupe de supporters des QPR mais bel et bien le patronyme d'un nouveau groupe de rock outre-Manche. Qui en dit long sur la longue tradition foot et rock du club londonien – qui se morfond aujourd'hui dans le ventre mou de la Division One.
Ce devait arriver arriva : un groupe de rock a décidé de sévir sous le nom Queens Park Rangers Fans. Dans la veine des Bloc Party, Does it offend you yeah ou Hadouken, mais en plus cheap, QPR Fans sort son premier EP intitulé Big Dave Strikes Again, référence crâneuse au Bigmouth Strikes Again des Smiths.
Au vrai, QPR a toujours eu une relation privilégiée avec l’industrie musicale locale : Robert Smith des Cure ne ratait pas un match, Mick Jones (Clash) et Glen Matlock (Sex Pistols) idem. Aujourd’hui, c’est Pete Doherty qui incarne la version rock’n’roll du club : à 13 ans il écrivait dans le fanzine du club qu’il vendait à la criée les soirs de match, plus tard, il fera poser Kate Moss avec le maillot mythique des QPR sur la pochette de l’album des Babyshambles. On raconte aussi que lors d’un concert, une groupie lui a jeté le maillot du club, et que Pete, ravi, l’a revêtu pour le reste du concert, refusant de le rendre une fois le gig fini. On n’enlève pas le maillot des Hoops comme ça.
QPR, groupe rock’n’roll, donc. Sûrement parce que ce que Liverpool peut se vanter d’aligner en trophées, les Queens Park Rangers l’ont en anecdotes.
L’année même de sa création porte à discussion. Alors que le club est créé en 1887, le logo porte la mention 1882. Si le club arbore aujourd’hui des bandes bleues et blanches du plus bel effet (les Hoops, d’où leur surnom), il s’est longtemps cherché. A part pour son stade : depuis 1917 c’est Loftus Road. 35 000 personnes maximum mais ambiance au couteau garantie. Mais surtout, QPR a vu gambader sous ses couleurs l’immense Stanley Bowles, c’était dans les années 70.
Un sacré bonhomme, ce Bowles. Arrivé pour remplacer Rodney Marsh en 1972, il prend son numéro 10 et s’étonne qu’aucun autre grand joueur ne l’ait porté avant. Big Stan pourrait bien être du genre grande gueule. Bigmouth, lui aussi. Malgré son palmarès famélique, il ne voyait guère de joueur plus fort que lui, hormis Georgie Best, avec lequel il partageait un certain goût pour les provocations sur le terrain et les frasques en dehors.
Qu’importe que sa carrière finira dans le caniveau, Bowles restera à jamais l’idole de Loftus Road, le stade des QPR pour avoir, non pas gagné, mais dégommé un trophée. C’est la célèbre affaire dite de la FA Cup.
A l’époque une tradition voulait que le vainqueur de la Coupe d’Angleterre parade avec le trophée lors de ses matchs à l’extérieur. La provocation de trop pour Stanley : « Quelques-uns d’entre nous ont fait un pari sur qui pourrait faire tomber la Coupe avec la ballon. J’ai donc traversé le terrain de long en large balle au pied, tout le monde me regardait avec des grands yeux, et d’un coup, bang ! La FA Cup vole en l’air. Tout le monde savait que je l’avais fait exprès – les fans de Sunderland sont devenus mabouls. Ils voulaient mes couilles dans un sandwich. Je les ai chambrés un peu plus encore en marquant deux buts et au final, ça se termina avec une invasion du terrain. Au moins j’avais gagné mes 10 Livres et ma photo dans le journal télé du soir. Tout ça parce que je voulais juste faire une bonne blague » . Ce genre d’histoires ont fait la légende des QPR.
Aujourd’hui, pourtant, QPR semble être rentré dans le rang. Propriété de milliardaires dont l’Italien Briatore, qui annonce des transferts de plus en plus improbables (Del Piero). L’ancienne gloire de Chelsea, Vialli, est même pressentie au club, suivant une tendance pas forcément rassurante du côté de Loftus Road : les Midolthians ont eu les Lituaniens, Manchester City va accueillir les Thaïlandais, les Queens Park Rangers auront donc les Italiens. D’ici à ce que la tendance rock vire à la disco italienne…
Par Romain Canuti
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