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Gazélec : la lumière au bout du tunnel

Par Laurent Di Fraja, à Ajaccio

Pensionnaire de l'élite il y a encore huit ans, le GFCA évolue désormais en Régional 2 du fait de la liquidation judiciaire de sa société, en janvier dernier. Aujourd’hui, l’association du club prend le relais et le club se reconstruit, grâce à la mobilisation d’une nouvelle équipe dirigeante, à des joueurs ambitieux, et au soutien indéfectible de ses supporters.

Illustration during the French cup match between Gazelec Ajaccio and Lille on March 7, 2021 in Ajaccio, France. (Photo by Matthieu Mirville/Icon Sport)
Illustration during the French cup match between Gazelec Ajaccio and Lille on March 7, 2021 in Ajaccio, France. (Photo by Matthieu Mirville/Icon Sport)

En ce mercredi pluvieux de septembre, la buvette de la tribune latérale du stade Ange-Casanova fait le plein. Pourtant, cela fait plus de huit mois que le quartier de Mezzavia n’a pas connu la ferveur d’un match de football de son équipe fanion, la faute à une liquidation judiciaire en janvier dernier, ayant fait chuter le club du National 3 au Régional 2, soit le septième échelon national. Heureusement, l’association GFCA, placée en redressement judiciaire le 28 février dernier, a pris le relais, permettant de sauver les 400 licenciés dans les catégories de jeunes. Ce sont eux qui garnissent la plupart du temps la pelouse et les travées du stade pour les entraînements et les matchs (des U6 aux U19). Au comptoir, Louis Poggi met la main à la pâte pour aider les bénévoles et servir les parents venus accompagner leurs petits. Pour celui qui a évolué pendant 16 saisons au Gaz’, les souvenirs d’un passé glorieux contrastent violemment avec l’histoire récente du club, pensionnaire de Ligue 1 il n’y a pas si longtemps (2015-2016). « Ces décisions de justice sont arrivées comme un coup de massue, j’estime que l’on s’est acharné sur nous », déplore-t-il.

Mobilisation à tous les étages

Entre les anciens dirigeants du club inquiétés par la justice, les comptes du GFCA saisis ou les relégations en pagaille, les dernières années du Gazélec ont été cauchemardesques. Lorsque le tribunal de commerce d’Ajaccio décide de la liquidation de la SAS (société par actions simplifiée) du GFCA le 30 janvier, provoquant la radiation des équipes seniors de leurs championnats respectifs, tout le monde craint que le club ne soit définitivement mort et enterré. « On avait réuni les joueurs avant le début d’année et, pour leur bien, on leur a demandé de partir, se souvient Robert Bonardi, ancien entraîneur de l’équipe première, aujourd’hui responsable technique et entraîneur des U19 nationaux. Certains étaient en larmes, ils ne voulaient pas s’en aller, mais nous étions obligés de les forcer pour ne pas mettre leur carrière en danger. Quand j’y repense, c’était déchirant. »

Il faut être fou amoureux pour sacrifier des jours de semaine et des week-ends pour s’investir dans un club de septième division, car c’est notre place désormais.

Arthur, vice-président des Diavuli 1910

Pour les fidèles gaziers, l’angoisse est immense. « On a vraiment eu peur de perdre notre club, témoigne Nicolas, président des Diavuli 1910, le groupe de supporters. Le GFCA, c’est une histoire de famille, on est tombés dedans quand on était petits, ça ne s’explique pas. » Malgré tout, « l’union sacrée autour du Gaz permet de garder espoir », avance Félix Bonardi, bénévole historique. « Les socios, I Diavuli 1910, l’Amicale des Anciens, les fans de toujours… Tout le monde s’est mobilisé pour récolter des fonds pour aider le club. Cette ferveur populaire, c’est l’esprit GFCA. »

De l’espoir dans le noir.
De l’espoir dans le noir.

Des fonds qui permettent au nouveau conseil d’administration, qui désigne Louis Poggi comme président de la structure, d’aborder sereinement le rendez-vous du 28 février. Ce jour-là, le tribunal judiciaire d’Ajaccio place l’association en redressement judiciaire, et soulage tout un peuple. Une immense victoire qui autorise les juniors à poursuivre leurs saisons, qu’ils concluront avec des résultats historiques : victoires en Coupe de Corse pour les U14, U16 et U18, maintien en Nationaux pour les U17, rejoints par les U19, fraîchement promus. « Notre priorité, ce sont les jeunes, rappelle le président. On veut maintenir cette stabilité pour qu’ils s’épanouissent le mieux possible chez nous. » « Tous ces résultats récompensent un travail de plusieurs années axé sur la maturité, la compétitivité et la qualité technique », se réjouit Robert Bonardi.

Remettre les Gaz’

Après une saison de tous les diables, le GFCA se tourne désormais vers le retour de son équipe fanion sur les terrains. Le 12 juillet, la Fédération française de football autorise le club à repartir en Régional 2. Dès lors, il faut constituer un staff et une équipe en un temps record, le 15 juillet étant la date limite pour la validation des mutations des joueurs avant la fameuse « hors période ». Jean-Marie Ferri, défenseur mythique du Gazélec entre 1983 et 1997, est nommé entraîneur de l’équipe première. « Louis Poggi m’a contacté pour me proposer le poste. On s’est rencontrés à Bastia, et après une journée de réflexion, j’ai donné mon accord, relate-t-il. Ce club a une place particulière dans mon cœur, on veut retrouver un statut qui nous correspond mieux. »

Pour ce qui est du recrutement, beaucoup de joueurs se rapprochent du club de manière spontanée. Qu’ils arrivent des quatre coins de l’île, du continent ou même de l’étranger. C’est le cas de Laurent Pomponi. L’Ajaccien de 27 ans débarque du FC Differdange, en première division luxembourgeoise. Vainqueur de la coupe nationale et qualifié pour les tours préliminaires de Ligue Europa Conférence, des soucis liés à son contrat lui font quitter le Grand-Duché. « J’avais des propositions en France en N2 et N3, mais quand je me suis entretenu avec le président et plusieurs amis qui ont rejoint le club, ça s’est fait naturellement, confie l’avant-centre, qui a voyagé au fil de sa carrière entre l’Île de Beauté, le Pays basque et le Luxembourg. Si je rentrais en Corse, c’était uniquement pour le projet du Gazélec. Je trouve ça merveilleux de faire partie de la reconstruction d’un club historique. Dès le début, j’ai senti un engouement particulier : les supporters et bénévoles venaient m’aborder pour m’encourager. Même les médias s’intéressent à nous alors qu’on est en R2 ! Cela montre que nous sommes un club à part. »

Si je rentrais en Corse, c’était uniquement pour le projet du Gazélec. Je trouve ça merveilleux de faire partie de la reconstruction d’un club historique.

Laurent Pomponi

Sur le terrain, il peut compter sur le soutien de son président, qui a décidé de rechausser les crampons pour aider le club. Une double casquette mûrement réfléchie. « Je dois donner des directives en tant que président, mais sur le terrain, je suis sous la houlette de mon entraîneur, rappelle Louis Poggi. J’ai voulu garder ce rôle de joueur, car j’ai envie d’inculquer les valeurs du GFCA aux arrivants. Je suis davantage un homme de terrain que de bureau. Et puis, c’est toujours difficile pour moi de faire le deuil de ma carrière. »

Louis Poggi, époque Ligue 1 (en novembre 2015 contre Bastia).
Louis Poggi, époque Ligue 1 (en novembre 2015 contre Bastia).

Après une préparation en accéléré sans match d’avant-saison, le GFCA rend visite à la réserve du Gallia Lucciana, près de Bastia, pour la première journée du championnat de R2, le 10 septembre. Évidemment, les supporters n’auraient manqué ce retour pour rien au monde, et une dizaine d’entre eux parcourt 130 kilomètres pour assister à ce jour mémorable. « Pendant huit mois, on a empêché des milliers de passionnés de supporter notre équipe, soupire Arthur, vice-président des Diavuli. Il faut être fou amoureux pour sacrifier des jours de semaine et des week-ends pour s’investir dans un club de septième division, car c’est notre place désormais. »

Dans les vestiaires avant la rencontre, l’émotion est forte. « On avait des frissons lors du discours du coach, livre Laurent Pomponi. On est plus motivés que quiconque à relever le club, on doit faire le nécessaire. » La partie se solde par un match nul 2-2 avec un doublé de Pomponi. Un match au goût de victoire pour le président : « Cela montre que le travail effectué depuis ces derniers mois, ces nuits blanches passées au stade, tout cela n’a pas été vain. Toute la famille du GFCA s’est mobilisée, et cela a porté ses fruits. » Deux semaines plus tard, les Ajacciens retrouvent enfin leur stade. Craquage de fumigènes, écharpes et drapeaux au vent : les Diavuli assurent le show dans la tribune située derrière les buts. Face à Pieve di Lota, les Gaziers s’imposent 1-0 sur un but de Laurent Pomponi devant plusieurs centaines de supporters. Après le match, les joueurs restent un long moment sur la pelouse, à chanter et célébrer avec le public. Un soulagement de retrouver les frissons de la victoire et le plaisir du football. Preuve que la flamme du Gazélec brille toujours, malgré les tempêtes.

Par Laurent Di Fraja, à Ajaccio

Tous propos recueillis par LDF.

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