- Euro 2020
- Gr. F
- Hongrie-France (1-1)
Filez donc ce brassard à Antoine Griezmann
À 30 ans, un cap que l’on qualifie souvent de celui de la maturité, le Barcelonais semble surtout avoir tout du bon capitaine. Et son attitude face à la Hongrie donne encore un peu plus d’épaisseur à une candidature, plus souvent posée par les autres que par l’intéressé.
Antoine Griezmann est un homme qui aime être entouré. Pas pour être au centre de l’attention, surtout pas. Non plus parce qu’il est trop lâche pour monter seul au front. Non, juste parce que c’est quand il est placé au cœur du jeu, avec les responsabilités – plus que le rôle à proprement parler – d’un vrai 10 qu’il brille le mieux : orientation, compensation, coup de pied arrêté, temporisation, lignes de passes… Son repositionnement dans l’axe à l’heure de jeu face à la Hongrie, après une heure à se bagarrer sur l’aile droite, l’a une nouvelle fois mis en lumière. Lui ne se cache pas être un des gros rigolards de la troupe, taquinant en permanence et avec bienveillance Ousmane Dembélé, et n’est pas le dernier à envoyer des pas de danse entre deux gorgées de maté. Mais résumer le gringo à ces clichés largement véhiculés dans les vidéos produites par la fédération ne serait pas lui rendre service. Car plus les jours passent, plus Antoine Griezmann se rapproche d’un brassard qu’il ne pourra bientôt plus refuser.
Le bon moment pour le bon homme
À Budapest, en plein cagnard, on a pu admirer son sang-froid pour, si ce n’est marquer le but égalisateur, tenter d’apaiser les siens, redresser comme il pouvait la barque. Sur une action, on le voit ainsi dans le rond central, dos au jeu, s’adresser à son dernier rempart Hugo Lloris. Avec une certaine poigne, il lui demande d’arrêter le jeu long, pour que ces Bleus puissent reprendre leur destin sous le pied. L’avenir ne lui donnera pas raison, puisque c’est une énorme chandelle du Niçois qui est à l’origine de son propre but. Mais qu’importe, l’intention est là, et cette façon de s’imposer par la voix était quelque chose qu’on ne lui connaissait pas il y a cinq ans de cela. D’ailleurs, à l’Euro 2016, il était justement interrogé à ce sujet. « Je ne suis pas quelqu’un qui s’exprime. Ni en sélection ni en club, assurait-il dans L’Équipe.Disons que je parle davantage sur le terrain, même si ce n’est pas trop fréquent non plus. Dans le vestiaire, en revanche, j’essaie d’être plutôt cool, relax.[…]Je ne me sens pas capitaine pour l’instant. Là, je suis dans la perspective de prendre du plaisir sur le terrain. Je n’ai pas envie de me prendre la tête avec l’extrasportif, de devoir aller parler à untel ou untel en dehors parce qu’il n’est pas bien, d’aller négocier les primes avec le président de la FFF. Pour l’instant, je laisse cela de côté. » Ou plutôt à Hugo.
Avec ses 103 capitanats, Lloris est clairement rodé à l’exercice de cette fonction. Il n’est pas question ici de dénigrer celui qui est LE capitaine idoine pour Didier Deschamps. Un homme serein, d’humeur égale, consensuel et formaté aux préceptes de son N+1. À savoir, briser n’importe quelle vague qui pourrait menacer l’équilibre du bateau. Mais à 34 ans, le portier a un âge, un poste, un caractère et une image qui le mettent un peu à contre-courant du reste de l’équipe. Aujourd’hui, Didier Deschamps l’a confirmé, ils ont affaire à « une génération qui se couche tard ». Le trentenaire Griezmann, lui, a toujours sa bouille et sa gouaille d’ado, bute quelques heures de son sommeil à saigner Football Manager et devant les play-offs NBA, mais incarne peut-être plus que les autres cette équipe. Il serait donc le capitaine idoine, pour tout le monde. Si lui-même ne veut pas se l’avouer, si Raphaël Varane est un vice-capitaine tout aussi légitime, si personne ne se pose la question, ce n’est pas grave. Mais il suffit juste de le voir répondre au micro de TF1 alors qu’il est complètement « cuit » à la sortie du match. On a envie de se battre pour ce gars et avec ce gars.
Ce qui empêche Grizou de postuler jusqu’à présent, c’est de penser que cette charge le priverait d’être « libre sur le terrain ». Certes, ce bout de tissu serre un peu le bras. Pourtant, jamais un brassard n’a limité les mouvements de quiconque. Et puis ce n’est pas comme si le sélectionneur, lui-même, n’avait jamais souligné la place de son joueur dans le groupe. « Je pense qu’il représente beaucoup, par ce qu’il fait sur le terrain et ce qu’il peut dégager en dehors sur le plan humain, disait Deschamps en septembre 2018. Il fait partie, sans vouloir faire offense à d’autres, des joueurs représentatifs ou emblématiques de cette équipe. Antoine est depuis un moment un leader d’attaque de la sélection. » En 2021, le portrait est presque identique en dépit de ses difficultés d’adaptation au Barça. Si le boss considère qu’il est toujours un des « leaders techniques » malgré la profusion d’attaquants qui se sont joints à lui, le joueur porte en lui tout ce qu’adore le Basque : la faculté de se surpasser. « Il est dans le don de soi, fait beaucoup d’efforts défensifs, parfois un peu trop comme en club, mais il a ça en lui, commentait DD en rapport à son match contre l’Allemagne. C’est naturel chez lui, donc je ne vais pas lui enlever. » Qu’il le veuille ou non, puisqu’on ne peut pas aller à l’encontre des lois de la nature, cet homme est fait pour pénétrer en premier sur une pelouse. Oui, juste devant Hugo Lloris.
Profitez de 200€ de bonus chez Winamax pendant l’Euro. Déposez 100€ et misez avec 300€ !Par Mathieu Rollinger, à Budapest