FC Liverpool : sex intentions
C'est dit : Rafael Benitez a décidé de rendre son Liverpool carrément moins chiant, définitivement plus sexy. Plus efficace ? On attend de voir. La rupture n'est pas toujours du gagnant-gagnant.
En se renforçant devant, Liverpool va-t-il de nouveau faire rêver ? La bonne blague. Car il est temps de rétablir un postulat : Liverpool n’a jamais, JAMAIS, fait rêver. Sus à la carte postale ! La ferveur du Kop, la magie d’Anfield, les victoires de l’impossible (phénomène assez récent d’ailleurs), ok, ok, l’affaire est convenue. Mais le jeu des Reds, lui, n’a à aucun moment tutoyé le septième ciel, qu’on se le dise. Mieux qu’une tradition, une culture. À Liverpool, on ne promet qu’une chose : du sang, de la sueur et des larmes. Pour la frime et le clinquant, s’adresser au voisin honni, Manchester United.
Moins classe que lutte des classes, Liverpool se vit de la même façon, sur le pré comme en dehors. Tout en tragédie et en résistance. En collectif aussi. C’est une autre constante des Reds que de donner la prime absolue au groupe. Résultat : une quasi absence de superstars dans l’histoire d’un club pourtant quintuple champion d’Europe et dix-huit fois maître d’Angleterre. Il y eut bien Kevin Keegan au mitan des seventies. Technique latine superlative et rouflaquettes de circonstance, « King Kevin » aurait pu être la première hype du club si Liverpool ne lui avait pas signifié en substance : « Ton Ballon d’or, t’iras le croquer ailleurs, ok ? Pas de ça chez nous » ! Et Keegan d’aller recevoir ses deux golden globes à Hambourg (on réécrit un peu l’histoire mais à peine, promis).
Un quart de siècle plus tard, Michael Owen paya le sien plein tarif : perdu pour le football ou presque, l’ex Wonder Kid des Reds. Oui, à Liverpool, il ne fait pas bon être une vedette. Reste le cas Steven Gerrard, authentique phénomène, qui figure l’exception. Encore que… À y regarder de plus près, le capitaine des Rouges ne régale pas la chique comme Keegan et n’existe pas que dans la lumière de ses buts comme Owen. Au fond, Gerrard ne se sublime que pour l’équipe. En happant les projecteurs presque malgré lui. Le problème, c’est que son équipe reste trop souvent dans l’ombre malgré elle.
Rafael Benitez a donc décidé de passer la vitesse supérieure cette saison. Après trois saisons passées à dépoussiérer la Maison Rouge et à revisser les cloisons arrières, le mage espagnol veut apporter la touche finale devant. Et, autant le dire, sa liste de courses a une certaine gueule : Fernando Torres, Ryan Babel, Andrej Voronin (pourrait faire très mal celui-là), et Yossi Benayoun. Pas forcément le grand soir, certes, mais peut-être de quoi faire enfin sauter la Barclays Bank.
Comprenez le Championnat d’Angleterre où Liverpool est fanni depuis 17 ans. Jusque là friand d’attaquants laids, jouant moche et totalement dédiés à sa cause défensive, Benitez aurait-il infléchi sa politique ? Fin tacticien, l’Ibère n’aime pas s’en remettre à la providence ni à un homme providentiel. « C’est bien de posséder un attaquant à 25 buts par saison. Mais s’il se blesse ? Je préfère donc avoir plusieurs avants capables de faire la différence » .
Désormais, plus de talents donc et, soyons francs, plus de classe. Exit Cissé, jambes de cristal et tête bariolée ; Fowler tête d’Anglais et bedaine de trentenaire ; Bellamy, tête de con et club de golf ; Luis Garcia, serre-tête et pouce à la bouche. Si on ajoute à la galerie le binôme Crouch-Kuyt, mi-flamand, mi-albinos, on aura compris que les Reds souffraient d’un déficit de crédibilité (et encore, on ne détaille pas le reste de l’album de famille, hein !). Et c’est important d’être crédible. Mais ensuite ? Le pari pourrait fonctionner et Liverpool pourrait enfin réussir à terminer ses actions (déjà à seulement en avoir, diront les mauvaises langues). Mais Benitez n’a jamais été un poète, même à Valence. Pas sûr qu’il accepte sans broncher de voir les siens sacrifier le sacro-saint « clean sheet » pour essayer de jouer au football (cette folie). D’autant plus que Torres n’ira pas se bousiller la santé au pressing et que Babel ne verra son latéral gauche qu’aux vestiaires. Le cul entre deux chaises, Liverpool pourrait bien alors s’offrir au premier roublard venu et devenir une petite catin. Avec Benitez dans le rôle du cocu.
Dave APPADOO
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