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Fàbregas, prince sans royaume

Par Charles Alf Lafon
8 minutes
Fàbregas, prince sans royaume

Au milieu du marasme des Blues, derrière les faillites évidentes d’Hazard et Diego Costa, Cesc Fàbregas, meilleur passeur de PL l’an dernier, est tout aussi incapable de tenir son rang. Et s’il n’était tout simplement pas chez lui ?

L’affront est de taille. Alors que le score n’est jamais que de 1-1 entre les Blues et Watford, Hiddink s’impose à la mi-temps en sortant Fàbregas pour Obi Mikel, arguant après coup que son équipe avait besoin de plus d’ « équilibre » au milieu. Et lundi, lors du déplacement à Old Trafford pour affronter United, le Nigérian était titulaire à la place de l’Espagnol, souffrant d’une « température élevée » . Une fin décembre à l’image de son début de saison des plus décevants : 25 apparitions, seulement deux buts et trois passes décisives, des sifflets descendus des tribunes lorsqu’on apprenait qu’il faisait partie des frondeurs anti-Mou avec Eden Hazard et Diego Costa. De quoi alimenter des rumeurs de départ vers l’Italie. Guus Hiddink a choisi de venir à sa rescousse : « Je pense qu’on se concentre trop sur Cesc. L’équipe entière n’a pas été bonne jusqu’en décembre. Ce n’est pas juste un joueur. Je ne veux pas me concentrer sur un seul joueur qui aurait besoin d’un peu plus de force ou je ne sais quoi pour revenir en forme. » Néanmoins, Guus a également avoué que Mikel était désormais un concurrent sérieux à une place de titulaire, et qu’il ferait en fonction de la forme et de l’opposition. De quoi se priver du meilleur de Fàbregas.

Des défauts à la mesure de ses immenses qualités

Déjà, il est de notoriété publique que Cesc n’aime pas les deuxièmes parties de saison. Depuis le début de sa carrière, son implication chiffrée (buts et passes décisives) a toujours drastiquement chuté après les fêtes. Le volet tactique est également prépondérant : Fàbregas a besoin que son équipe soit construite autour de lui, pas en être un élément remplaçable. Terriblement doué à la création et plus que capable à la finition, il n’a pas la maîtrise technique de ses comparses de la Masia. Son truc à lui, c’est la passe vers l’avant, souvent en première intention, audacieuse. Un créateur de brèche exceptionnel. Avec des défauts redondants : un manque de vitesse criant, un déficit de puissance pour être un véritable box to box à la Lampard, peu de dribbles, et absolument aucun sens du placement et de la discipline. D’un point de vue défensif, cela donne un désastre. Alors il faut le cacher, le protéger.

Remontons jusqu’à Arsenal. Après le départ d’Henry, Fàbregas devient la nouvelle star des Gunners. Dans le traditionnel 4-4-2 des Gunners, il laisse à Flamini le soin du sale boulot et régale. Arsenal déroule, jusqu’à ce que Rosický puis Eduardo se blessent, alors que Van Persie était déjà sur le flanc. Wenger décide alors de rajouter un milieu et de rapprocher son capitaine d’Adebayor. Arsenal devient alors son équipe, lui qui finit la saison avec sept buts et 20 passes décisives. « Cesc Fàbregas a changé la mentalité d’Arsène Wenger, a ainsi expliqué Thierry Henry sur le plateau de Sky Sports. On avait l’habitude de jouer dans un 4-4-2 à plat et à cause de Cesc et du joueur qu’il était, il a commencé à penser à construire l’équipe autour de lui. Il est donc passé à un 4-3-3 et il construit toujours l’équipe de cette manière. » Le changement est entériné lors de la saison 2007-2008. Encadré par deux milieux défensifs coureurs, libéré de toute responsabilité défensive, il se retrouve propulsé dans un rôle de n°10 à qui l’on ne demande que de faire la dernière passe.

Le néo-capitaine fait dans la tentative risquée, mais grandement payante, devenant ainsi le joueur le plus dangereux d’Europe, qui valide dans So Foot : « Avec Wenger, je me déplaçais où je voulais sur un terrain. J’allais là où je considérais que je devais être et j’aimais ça. » Malheureusement, il faut pour son plaisir sacrifier des joueurs, comme Eduardo, RvP et Bendtner, ou encore Arshavin et Rosický, exilés sur les côtés, ou bien Diaby, cantonné aux basses œuvres. Autre problème : il faut un vrai buteur pour mettre au fond les offrandes. Cela n’arrivera somme toute qu’une fois, en 2010-2011, avec un Van Persie enfin en pleine forme. Tout allait pour le mieux : Arsenal était premier, en finale de League Cup, avait battu le Barça à l’aller en 8e de LdC. Et puis la veille de la finale, fin février, Fàbregas s’est blessé, Birmingham a gagné, tout a basculé. Fàbregas est revenu, a raté une talonnade qui a entraîné la qualification du Barça, s’est reblessé. Arsenal, privé de son maître à jouer, a fait le plein de nuls et a laissé le titre s’échapper. Il était temps de retourner à Barcelone, son autre chez lui, histoire de savoir s’il y trouverait un royaume à sa mesure.

N’est pas Xavi qui veut

Si le Barça attend le successeur de Xavi, Guardiola sait que le nouvel arrivant n’a pas le contrôle de son aîné. C’est pourquoi il invente un 3-4-3 où il entre numéro 10 entre le traditionnel milieu à 3 et l’attaque, en sacrifiant un latéral. Qu’il l’essaye à droite, en faux 9. Parce qu’il n’est pas prêt pour évoluer au milieu. Quand le plus brillant tacticien le dit, on a tendance à le croire. Il s’y résoudra finalement en fin de saison, Iniesta glissant à gauche, pour des résultats pas toujours probants. Il se murmure que lors des négociations sur la prolongation de son contrat, Pep, fatigué du casse-tête, ait demandé à ce que Fàbregas soit vendu. Las, c’est lui qui partira, remplacé par le regretté Vilanova. Tito lui confie la place d’Iniesta. Une réussite, jusqu’à la débâcle de Milan. Villa s’en voit relancé, Iniesta retrouve son poste, Cesc touche au banc, doute, se plante.

Toujours dans So Foot : « Le jeu du Barça est plus posé. Il faut enchaîner les passes. Pam, tranquille, pam, tranquille. J’ai dû m’adapter aux besoins de l’équipe, qui sont différents de ceux d’Arsenal. Je ne peux pas jouer à la manière Fàbregas, ou de la manière qui plaît à Fàbregas, c’est impossible. » Tata arrive. Au début, tout va bien, pour finir en eau de boudin, les deux ne s’entendant guère, Martino qualifiant Cesc de « pomme pourrie » à son départ. L’Espagnol trop british doit se résoudre à partir lui aussi. Son passage en Catalogne n’est pas un échec, du moins d’un point de vue des titres et des statistiques. Il a seulement été baladé, incapable de reprendre les rênes du royaume à Xavi. C’est Rakitić qui a pris la place, et Suárez le rôle de moteur, entraînant ainsi la transformation du Barça d’une équipe de milieu à une équipe d’attaque.

Mourinho ne pouvait passer à côté d’un tel joueur, d’autant plus s’il n’avait pas convenu à Pep. Il sait comment le séduire : « Nous lui avons promis que nous allions construire une équipe qui sera des plus adaptées à son style de jeu. Que nous pensions à lui comme une partie importante de notre projet et que, normalement, les bons projets finissaient avec des titres. » Fàbregas retourne à Londres sous un nouvel étendard. La saison 2014-2015 commence extrêmement bien pour lui et Chelsea, à tel point qu’on s’interroge si le Barça n’a pas fait une erreur. Au milieu des éloges, Gary Neville pointe du doigt l’évidence : « Il fait des choses que vous ne devriez jamais, au grand jamais faire dans un milieu à deux. Il n’a pas la discipline, il suit la balle, il chasse la balle. Cela crée des trous que l’opposition peut exploiter. »

Qu’importe, s’il n’a pas deux milieux défensifs pour le défendre, Oscar court et presse pour lui, alors que Matić est un monstre de couverture. Vient l’hiver. Le froid, terrible hiver. Tout va encore se briser. Après le 5-3 face aux Spurs, Mourinho bascule sur un jeu moins fluide, plus défensif ; Fàbregas ne trouve plus de solution, ses lacunes en défense se font d’autant plus sentir. Mou le monte d’un cran, comme lors du retour face au PSG, où son manque de vitesse est fatal pour faire le lien. Un problème récurrent et criant cette année, Matić n’ayant plus le coffre pour défendre pour deux. Hiddink a donc choisi Mikel plutôt que de construire une nouvelle équipe sur Fàbregas. Il n’a pas le temps d’attendre que le prince retrouve ses jambes.

Il y aura toujours l’exil

Au bout de douze ans de carrière et plus de 600 matchs pros, le joueur le plus jeune de l’histoire d’Arsenal accuse ses 28 printemps. Comme Wayne Rooney, lui aussi débutant à 16 ans, on peut se demander si le déclin, comme l’éclosion, intervient jeune. Un mot ici sur l’équipe nationale : comme à Barcelone, Fàbregas n’a pas réussi à prendre une place au milieu du temps de Xavi. Son principal fait d’arme reste l’Euro 2012, en faux 9. Plus par nécessité qu’autre chose, alors que Villa maudissait son corps et Torres son mental. N’oublions pas non plus qu’El Nino fut aligné face à l’Irlande et la Croatie, ainsi que contre l’EdF, et que Negredo était titulaire en demi contre le Portugal. Aujourd’hui, sa place est assurée aux côtés de Busquets et Iniesta, la Roja gagne, sans rencontrer de grandes oppositions. Il faudra attendre l’Euro pour savoir si l’Espagne le couronnera. À moins que ce ne soit l’Italie. On s’accommode assez bien là-bas des génies sans jambes.

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