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La victoire du « proper England »

Par Léna Bernard, à Bâle
5 minutes

Deuxième de sa poule, emmenée en prolongation lors de chaque match à élimination directe, l’Angleterre a remporté au mental son deuxième Euro consécutif, en finale face à l’Espagne, championne du monde en titre. Un parcours singulier, semé d’embûches et pas toujours grandiose, qui le rend encore plus légendaire. Non, l’Euro n’a pas été remporté par l’équipe la plus sexy du tournoi. So what ?

La victoire du «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>proper England »

Qu’il est loin, ce 5 juillet, quand l’Angleterre s’inclinait devant la France pour son entrée en lice à l’Euro (2-1). Pourtant, les clés qui allaient faire le succès des Lionesses – souvent dominées, mais capables de revenir à tout instant – étaient déjà là. Si face aux Bleues, les protégées de Sarina Wiegman avaient raté le braquage, à cause d’un dégagement sur la ligne de Selma Bacha dans le temps additionnel, la recette a fonctionné lors des matchs couperets, avec ce mélange de supplément d’âme et de réussite qui intervient au meilleur des moments. Parfois, ce n’est pas le plus beau des footballs qui est récompensé.

Retour aux sources et tacles appuyés

Un début de parcours chaotique, des choix forts de Sarina Wiegman et des absences de marque : rien ne prédestinait l’Angleterre à conserver sa couronne. C’est pourtant sous la bannière du « proper England » (« la vraie Angleterre », si tant est qu’on puisse traduire ce terme) que les Lionesses ont évité chacun des obstacles se dressant sur leur route, à partir de la rencontre face au Pays de Galles. Un mantra adopté par les joueuses, à l’instar de Georgia Stanway en conférence de presse avant la demi-finale face à l’Italie : « Nous avons parlé de notre volonté d’être une “proper England”. Nous voulons revenir à ce que nous savons faire. Nous voulons revenir à un style de football traditionnel – des tacles appuyés, un retour aux sources et nous rappeler pourquoi nous sommes ici, nous rappeler que nous jouons pour la petite fille qui voulait être ici. »

Un discours également appuyé par Lucy Bronze, vice-capitaine de l’Angleterre, qui a disputé l’ensemble de la compétition… avec une fracture du tibia : « Nous sommes une équipe très talentueuse, avec beaucoup de capacités techniques, tactiques et tout ce qui va avec, mais nous ne voulons jamais oublier que nous sommes l’Angleterre, que nous sommes la vraie Angleterre et que, si les choses se gâtent, nous pouvons gagner un match par tous les moyens possibles ». 

Quand ça se produit trois fois de suite, ce n’est pas de la chance.

Lauren Hemp

Avec trois prolongations et deux séances de tirs au but en trois matchs à élimination directe, l’Angleterre a souffert, s’est même parfois fait peur, mais à toujours su monter le curseur quand il le fallait. Un constat dressé par Irene Paredes à l’issue de la finale : « Je pense que pour être une équipe gagnante dans un tournoi comme celui-ci, il faut avoir un peu de chance. Je pense qu’elles ont eu pas mal de chance, et sur les tirs au but, cela nous a un peu manqué. » Une idée balayée aussi vite par Lauren Hemp : « Ce groupe est tellement spécial, le courage, la détermination dont nous avons fait preuve, ce n’est pas de la chance, cela n’arrive pas une ou deux fois. Quand ça se produit trois fois de suite, ce n’est pas de la chance. C’est de la pure détermination de la part de ce groupe, nous sommes toutes épuisées et nous méritons des moments comme celui-ci. »

Le symbole Chloe Kelly, la spécialiste Sarina Wiegman

L’autre facteur X de cette équipe anglaise est sans doute sa sélectionneuse. La tacticienne néerlandaise vient ainsi de remporter son troisième Euro consécutif – elle était à la tête des Pays-Bas en 2017. À la limite de la rupture avec son vestiaire avant la compétition, pas aidée par les retraites internationales de Mary Earps et Fran Kirby ainsi que la décision de Millie Bright de renoncer au tournoi, car pas « apte à 100 %, que ce soit physiquement ou mentalement », Wiegman a pourtant une nouvelle fois emmené sa sélection au sommet. Si cette Angleterre a parfois été loin du Beautiful Game, elle est aussi venue rappeler que l’histoire du football n’appartient pas qu’aux esthètes.

Le symbole de ces choix forts osés par Wiegman ? Chloe Kelly. Décisive face à la Suède (passe décisive pour Lucy Bronze), l’Italie (but de la victoire) et enfin l’Espagne (offrande pour Alessia Russo, et tir au but de la victoire), la joueuse d’Arsenal n’a pourtant jamais démarré une rencontre de cet Euro comme titulaire (à l’instar de Michelle Agyemang, élue meilleure jeune joueuse du tournoi du haut de ses 19 ans). Celle qui avait porté l’Angleterre à l’Euro 2022, inscrivant le but décisif en finale face à l’Allemagne en finale, a donc récidivé après une année pourtant difficile sportivement : indésirable à Manchester City, moment durant lequel elle a même songé à arrêter sa carrière, la « Tap-in Queen » a réussi à remonter la pente après son retour à Arsenal.

Une Ligue des champions empochée et un Euro plus tard, l’Anglaise a pris sa revanche : « J’ai beaucoup pleuré à la fin du match, surtout quand j’ai vu ma famille, car ce sont eux qui m’ont aidée à surmonter ces moments difficiles, a-t-elle lâché ce dimanche soir. Si j’ai quelque chose à dire à quelqu’un qui traverse peut-être une situation similaire, c’est que les moments difficiles ne durent pas éternellement. Au bout du chemin, il y avait la finale de la Ligue des champions et je l’ai gagnée, puis la finale de l’Euro et je l’ai remportée aussi. Alors merci à tous ceux qui m’ont écartée. Je vous en suis très reconnaissante. »

Une audience folle à la télé anglaise pour la finale de l’Euro

Par Léna Bernard, à Bâle

Tous propos recueillis par LB

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