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Euro féminin : vous ne marcherez jamais seul(e)s
À la marge des compétitions féminines, les fan walks gagnent en popularité et en importance lors de cet Euro. À l’occasion du dernier match de groupe entre la France et les Pays-Bas, les supporters tricolores ont organisé leur premier cortège d’envergure pour tenter de se faire entendre au milieu de la marée oranje. Reportage.

Les 14 000 supporters suisses et islandais qui ont convergé vers le Wankdorf Stadion de Berne, le 7 juillet dernier, avaient donné le ton en établissant le record du plus grand cortège jamais enregistré lors d’un Euro féminin, selon l’UEFA et la ville hôte. Le précédent record avait été établi la veille, à l’occasion de la rencontre entre les Pays-Bas et le Pays de Galles à Lucerne, où plus de 8 000 personnes, en grande majorité des supporters néerlandais, avaient rallié la Swissporarena à pied depuis leur point de rassemblement. Une franche réussite qui a donné envie aux supporters français de se tailler une part du gâteau à l’occasion de la dernière journée des poules, le 13 juillet à Bâle, où environ 5 000 supporters tricolores étaient attendus.
Un cortège historique
Si depuis le début de la compétition, les supporters tricolores, contrairement à leurs homologues néerlandais, allemands ou suisses, n’étaient pas au rendez-vous des fans walks organisées par l’UEFA, trois supportrices françaises ont décidé de changer la donne en s’organisant sur X/Twitter pour tenter de contrer la marée oranje. Cheryl, Chiara et Astrid-Marie, créatrices de contenu autour du football féminin, ont ainsi décidé de faire appel à leur communauté afin que le cortège soit une réussite : « En voyant toutes les fans walks des autres pays, ça nous a donné aussi envie de le faire avec l’équipe de France. On s’est dit que c’était possible, on avait envie de montrer que les supporters français sont là et qu’ils ont envie de supporter les joueuses, de montrer qu’on est là derrière elles et nous aussi on a envie de faire du bruit comme les Oranje. »
Après une fusion des forces entre les instigatrices du projet, Arnaud Szymanski, le référent supporter pour la Fédération française de football, les Baroudeurs du sport et Côme, alias Mascoq, tous les supporters français intéressés étaient invités à se rejoindre à la fan zone de Messeplatz à Bâle, tandis que les supporters néerlandais ont investi l’autre fan zone de la ville à Barfüsserplatz.
Merci à Romain et à Romane d'avoir animé la marche pic.twitter.com/c6KnSWwNuZ
— PiedsCarrés-Féminin (@PiedsCarresFem) July 14, 2025
Le top départ vers le stade a été donné aux alentours de 17h45, aussi bien pour les Français que pour les Néerlandais. Si le cortège oranje comptait entre 8 000 et 10 000 âmes, face aux 300 supporters français, l’ambiance est restée joviale même lorsque les deux défilés ont bifurqué au même moment au croisement du Kunstmuseum de Bâle. « Les Bleues tes supporters sont là » répondant aux « Holland, Holland », le tout entrecoupé par des vidéos prises par les uns et les autres.
Romane, membre des Irrésistibles Français et venue spécialement de Lille pour suivre les rencontres entre la France et le Pays de Galles, puis face aux Pays-Bas, s’est finalement retrouvée capo du cortège tricolore : « Avec mes amis, Romain et Dylan, nous sommes toujours en train de chanter. Nous faisons partie d’un groupe de supporters. On pense sincèrement que les chants ont un impact sur le match. Pour être honnête, quand on est arrivés à la fan walk, on a hésité à partir, c’était juste une marche rapide et silencieuse, nos chants ne prenaient pas. On a donc décidé d’aller à l’avant et nous sommes très fiers du rendu, tous les supporters français nous ont bien suivis. » Une défaite au point de vue du nombre, mais pas dans le domaine du volume sonore. « Ils sont plus nombreux, mais on chante plus fort ! », peut-on entendre chez l’un des animateurs du cortège, affublé d’une tunique tricolore et de lunettes de soleil. L’averse qui s’est abattue sur Bâle aux environs de 18h30 n’a pas non plus freiné les ardeurs françaises, les louanges de Clara Mateo ont continué d’être chanté jusqu’au Sankt-Jakob Park.
@sofootcom Qui a dit qu’il n’y avait pas d’ambiance à l’Euro féminin ? #footballtiktok #sportstiktok #euro2025 #nederland #paysbas #oranje ♬ original sound - So Foot
« Le but de Cascarino a aidé ! »
Alors que les supporters français prévoyaient une chenille géante qui devait entourer le stade après avoir enflammé la fan zone, les conditions climatiques et la foule néerlandaise ont fait revoir leurs ambitions à la baisse. La nuée orange emmenée par son bus à impériale n’a laissé aucune chance aux Tricolores pour tenter une quelconque action sur la St.Jakobs-Strasse. Au contraire, les Français se sont mélangés aux fans néerlandais pour reprendre tous ensemble la fameuse chorégraphie de Links Rechts ou entonner à pleins poumons des classiques footballistiques comme Sweet Caroline.
Côté tribunes, en revanche, la fête s’est emballée, surtout avec le scénario fou de la rencontre, comme en témoigne Romane : « C’était compliqué de mettre l’ambiance quand même au début du match. Beaucoup de Français ne voulaient pas se lever ni chanter. Après, le capo a bien géré pour mettre l’ambiance ! Ils ont su attirer les spectateurs. C’est vraiment à partir de la remontada que tout le monde a commencé à vraiment chanter. On sent qu’il y a eu une libération de la part des supporters, puis le but de Cascarino a aidé ! » Pour la première fois d’ailleurs, les associations de supporters ont uni leurs forces en tribunes pour un match des Bleues puisqu’un membre des Irrésistibles Français était au tambour, tandis qu’un autre des Baroudeurs était au mégaphone. Une soirée mémorable pour de nombreux fans français qui devront reproduire la performance face à l’Allemagne, les supporters de la Frauen-Nationalmannschaft étant également célèbres pour leur cortège animé en avant-match. Pour le moment, aucun rassemblement tricolore n’est prévu pour ce quart de finale, l’occasion de transformer l’essai est pourtant parfaite.
Kenza Dali n’a pas compris sa mise à l’écart de l’équipe de France pendant l’EuroPar Léna Bernard, avec QB à Bâle
Tous propos recueillis par LB.