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Qui a dit qu’on ne s’éclatait pas avec les Bleuets ?
Ayant besoin d’un point pour se qualifier avant d’affronter la Pologne - dernière du groupe -, l’équipe de France Espoirs prend son Euro très au sérieux. Ce qui est une bonne chose et devrait rappeler aux clubs que ce genre de compétition n’est pas complètement dénué d’intérêt.

Chaque année la même rengaine : sous prétexte que le tournoi X ou Y n’est pas inscrit au calendrier FIFA, certains clubs rechignent à libérer leurs joueurs pour défendre les couleurs de leur pays. Après les Jeux olympiques en 2024, c’est au tour de l’Euro espoirs (qui se dispute en Slovaquie jusqu’au 28 juin) d’être mis au ban des préoccupations des grosses écuries continentales. Si, la semaine dernière, le Sénat français a tenté de jeter un pavé dans la mare en publiant un amendement disposant que « les associations et sociétés sportives sont tenues de mettre à disposition leurs sportifs de nationalité française lorsque ces derniers font l’objet d’une convocation ayant pour but leur participation aux Jeux olympiques et paralympiques », personne ne semble pressé de le mettre en application.
Peu avant le début du tournoi, le sélectionneur Gérald Baticle, successeur de Thierry Henry sur le banc des Bleuets médaillés d’argent aux JO de Paris, avait fait part de son « incompréhension » et de son « agacement » face à cet état de fait : « Quand le courrier (des clubs) est arrivé, c’est fini, c’est tranché. Il n’y a plus de discussion. » Et c’est bien dommage que les acteurs majeurs d’un pays qui se vante autant d’être LE pourvoyeur de talents par excellence en Europe (au point d’avoir vu la LFP surnommer la Ligue 1 en conséquence) ne joignent pas le geste à la parole en contribuant à envoyer le meilleur XI possible représenter les couleurs bleu, blanc, rouge dans un tournoi majeur… que l’Hexagone n’a plus remporté depuis 1988 !
Tant pis pour les râleurs
Qu’à cela ne tienne, Baticle se la joue pragmatique : « On revoit notre groupe, on équilibre, on trouve des solutions et on avance », maugrée le sélectionneur qui a confié à L’Équipe qu’il n’aura « pas de XI type. » Cependant, une chose est sûre : ceux qui sont là jouent le jeu à fond, et c’est tant mieux. Après une première frayeur sous forme de match nul et poussif face au Portugal (0-0), les Bleuets ont rejoué à se faire peur dans la foulée contre la Géorgie (3-2), avec un but de Tierno Barry au moment où le gardien du stade s’apprêtait à éteindre les projecteurs (90e+12). Mais ce qu’on retient avant tout, c’est que les remplaçants d’un jour (Lucien Agoumé et Félix Lemaréchal) savent répondre présent lorsqu’ils sont titularisés le match suivant. Que Mathys Tel, l’un des rares « gros » noms rescapés de la liste, assume son rôle de leader sur le front de l’attaque, comme son coéquipier chez les Spurs Wilson Odobert sur le côté droit. Mais surtout que cette équipe ne se laisse pas abattre et fait montre d’une résilience à toute épreuve.
J’aime voir mon équipe créer du lien. Je sens qu’une âme est en train de naître.
« Il y a eu un élan collectif pour rester dans la partie, pour revenir au score dans un premier temps, en restant lucides dans le jeu, sans paniquer », se réjouissait le sélectionneur après cette partie folle qui a révélé « un scénario et un style de match qui doivent être fondateurs pour l’esprit collectif et doivent nous donner beaucoup de confiance. J’aime voir mon équipe créer du lien. Je sens qu’une âme est en train de naître. » À moins que ce ne soit celle des « Fous » de Paris 2024 qui renaisse de ses cendres ? Toujours est-il que les Bleuets n’ont besoin que d’un point ce mardi face à la Pologne – déjà éliminée – pour se qualifier en quarts. Si les points d’amélioration restent nombreux, le rodage est bel et bien en marche, et les rescapés de Gérald Baticle ont l’air d’avoir sincèrement envie d’aller le plus loin possible, à l’image de Quentin Merlin qui déclarait avant la dernière rencontre de poule que « tout le monde peut jouer et on veut tous remporter l’Euro. Quand on commence une compétition, on veut aller au bout. C’est un objectif qu’on s’est fixé, car on en est capables. » Mais au-delà d’un éventuel titre, leur plus grande victoire sera avant tout de réussir à faire changer les mentalités des clubs vis-à-vis de l’importance de la sélection, espoirs ou pas.
Gérald Baticle : « On ne peut que reconnaître notre défaite »Par Julien Duez