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Lucien Agoumé, à point nommé
Sélectionné pour disputer l’Euro Espoirs, Lucien Agoumé a, dès son plus jeune âge, été au centre de l’attention, et donc dans le viseur des plus grands clubs européens. Recruté par l’Inter Milan à 17 ans seulement, le natif de Yaoundé est parvenu à se construire et à évoluer à son rythme malgré les nombreuses attentes placées en lui.

Lucien Agoumé est l’un de ces joueurs qui cochait toutes les cases pour être broyé par le système. Dès ses 16 ans, le milieu franco-camerounais bat plusieurs records de précocité en étant titulaire en Ligue 2 avec Sochaux, son club formateur. Les plus grands clubs européens lui tournent autour comme des vautours et c’est finalement l’Inter Milan qui rafle la mise en 2019 pour environ quatre millions d’euros, soulageant par la même occasion les Lionceaux, relégués administrativement par la DNCG un mois plus tôt. La suite ? De nombreux prêts, 69 petites minutes chez les Nerazzurri, mais surtout une détermination et un amour du foot qui lui ont permis de tenir et d’être, aujourd’hui à 23 ans, toujours dans le game.
Le plein de confiance
La sélection du milieu de Séville à l’Euro Espoirs, facilitée par l’absence de plusieurs habitués, n’a pas du tout surpris Jean-Claude Giuntini, son entraîneur en équipes de France U16, U17 et U18 : « Lucien est fait pour évoluer sous pression. Quand tu joues un championnat d’Europe ou un Mondial avec ton équipe nationale, ce n’est pas anodin, même en jeunes. Au premier abord, le contexte et la nature de l’enjeu des rencontres, il maîtrisait totalement, cela n’a jamais eu d’influence sur son jeu, ce qui pour nous, entraîneurs, est une garantie. » Au-delà de son calme et de sa sérénité, le milieu n’a jamais eu besoin de forcer sa nature pour démontrer ses aptitudes pour jouer au haut niveau.
Si certaines étapes ont pris plus de temps que prévu pour être franchies, le natif de Yaoundé doute peu, notamment grâce à son bagage technique au-dessus de la moyenne, selon ses coachs. Repéré d’abord pour ses capacités athlétiques, l’international Espoirs français d’1,85 mètre est surtout un joueur d’équipe. « C’est quelqu’un qui aime viscéralement le football et qui, grâce à sa maturité, est en capacité d’analyser et de pratiquer ce sport avec beaucoup d’application et de détermination, relate le formateur de la FFF. Son entourage est ce qu’il est, je ne sais s’ils sont de bons conseils, mais il a toujours été conduit par l’envie de proposer un jeu de qualité, et malgré ses départs précoces à l’étranger, c’est courageux d’avoir toujours su rebondir. »
Ça n’avait pas l’air d’être un poids pour lui, il le vivait bien et était détaché de tout ce que l’on pouvait dire à son sujet.
S’il n’a partagé qu’une saison et 20 petits matchs avec lui au Stade brestois, Haris Belkebla ne garde que des bons souvenirs du milieu défensif andalou : « Quand il est arrivé à Brest, il était assez jeune (19 ans). Ce qu’on a tout de suite remarqué avec mes coéquipiers, c’est sa confiance en lui. Quand tu joues en tant que milieu, au début tu peux avoir un peu de stress, d’appréhension pour un niveau comme la Ligue 1. Ça n’a jamais été le cas de Lucien. » Obnubilé par l’Inter, au point de décrire à ses coéquipiers bretons San Siro et l’ambiance du club dans les moindres détails, Agoumé ne semble jamais avoir souffert de son statut de pépite.
Et c’est sûrement pour cela que même sans aide extérieure, il n’a pas implosé comme Hachim Mastour et Federico Macheda, des gamins pétris de talent qui n’ont jamais réussi à supporter les attentes placées en eux. « Ça n’avait pas l’air d’être un poids pour lui, il le vivait bien et était détaché de tout ce que l’on pouvait dire à son sujet. Quand on parlait de nos ambitions, lui c’était clair il voulait faire une carrière dans le très haut niveau. Lucien ne s’est jamais empêché de rêver », assure l’international algérien.
Passer de nouveaux paliers
Une autre caractéristique précieuse du milieu défensif est son leadership naturel. Au point d’être nommé capitaine à 25 reprises en sélection depuis l’équipe de France U16. « Son rayonnement influait sur les autres. Il était toujours très positif et preneur des conseils, de remarques. C’était un modèle pour les autres. Son parcours est remarquable et inspirant », pose Jean-Claude Giuntini. Réputé comme étant une personne discrète et observatrice, le jeune homme a mangé son pain noir avant de finir par s’imposer. Prêté à quatre reprises par l’Inter Milan, Agoumé a posé ses valises à Séville l’été dernier et réalisé une saison complète chez le 17e de la Liga 2024-2025 (37 matchs disputés, dont 26 comme titulaire), ce qui est une première pour lui après sept saisons professionnelles.
Lucien Agoumé vs Atlético Madrid pic.twitter.com/6diuAGo6rt
— simi (@simpleesimi) April 8, 2025
Le voilà maintenant installé chez les Espoirs, où il a toujours été appelé depuis le rassemblement de septembre 2024. « Je l’imagine prenant de plus en plus de confiance en lien avec le contexte. S’il a digéré le niveau et les enjeux, il faut voir quelles peuvent être ses évolutions possibles, quelles ont été les étapes qu’il a franchies », analyse le formateur de la FFF. Tombé dans une période de stagnation ces dernières saisons, Agoumé espère être arrivé à maturation. Il est l’heure pour lui de passer un nouveau palier, en renforçant sa capacité à stabiliser son équipe par rapport au poste qu’il occupe et en augmentant sa surface de jeu tout en se montrant encore plus décisif offensivement. S’il n’est pas entré en jeu face au Portugal lors du premier match des Tricolores dans cet Euro Espoirs (0-0), le milieu andalou a repris l’entraînement collectif après avoir récupéré d’un petit pépin à la cheville et sera disponible pour le deuxième match face à la Géorgie, ce samedi soir. Les bonnes choses arrivent à ceux qui savent attendre.
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