Euro Espoirs : L’Allemagne au top !
Hier soir, à Malmö, les jeunes Allemands ont remporté leur premier Euro Espoirs. Ils ont juste écrabouillé 4-0 une Angleterre diminuée par sa demie (victoire aux t.a.b contre la Suède) et par ses suspendus. Reste que la performance est là, surtout après sa victoire 1-0 convaincante contre l'Italie en 1/2. Ce titre continental augure-t-il de succès futurs de la vraie Mannshaft de Joachim Low ? Faut voir...
Bon, il faut d’abord rappeler que les Espoirs sont coachés depuis novembre 2008 par une sacrée vieille connaissance, Horst Hrubesch soi-même (le terrifiant HH de Séville 82 !). Un peu le symbole de la grande Allemagne des années 70-80, championne d’Europe 80. On peut donc croire que pour ce qui est de la gagne, les p’tits jeunots allemands ont depuis 8 mois un pédagogue convaincant. Qui plus est, HH était aussi l’entraîneur des « moins de 19 » , champions d’Europe 2008 en battant l’Italie 3-1. Si on ajoute aussi l’autre titre européen en « moins de 17 » remporté aussi en 2008, grâce à une victoire 2-1 face aux Pays-Bas, cela nous fait trois titres en catégories de jeunes… Pas besoin de faire un dessin : ces trois titres, c’est tout sauf le hasard ! En fait, il faut savoir que les dirigeants de la fédé allemande ont pris acte du déclin du foot allemand observé depuis une bonne dizaine d’années. Malgré les résultats honorables de la Mannshaft (Mondial 2002, Mondial 2006, Euro 2008), le foot allemand a eu la lucidité de ne jamais se voiler la face : l’Allemagne ne produisait plus assez de joueurs de niveau mondial. Il y en a, mais pas dans les proportions de la Mannschaft 1996, par exemple. Aujourd’hui, hormis Ballack, aucun joueur allemand ne joue (ou n’est titulaire) dans de grands clubs européens…
« Cette équipe est nulle ! Pas un pour rattraper l’autre… Je les mettrais tous dans un grand sac et je frapperais à coups de bâton : comme ça, on est sûr que chacun d’entre eux se mangerait sa ration de bastonnade ! » . Signé Kaizer Franz à propos de la Mannschaft, pendant le Mondial 2002… C’est le genre de coups de gueules salutaires d’un homme qui fait référence qui avait conduit la fédé allemande à effectuer un travail de fond très poussé sur la détection-formation des jeunes. L’exemple français (et aussi l’exemple hollandais !) avait fortement impressionné les décideurs du foot d’Outre-Rhin, particulièrement après la victoire Bleus au Mondial 98. L’Allemagne a pris, entre autre mais surtout, la France comme modèle. Juste après le succès de Malmö Horst Hrubesh ne s’y est pas trompé : « Il existe une grande collaboration entre la fédération, les ligues et districts, les clubs et la Bundesliga. Résultat : nous avons des jeunes talents brillants pour le futur » . En 2006, Uli Stielike (coach des Espoirs 2003-06) soutenait que le travail de fonds entamé par l’ensemble du foot allemand en direction des jeunes depuis quelques années donnerait bientôt des résultats en compétions de jeunes. Ce cher Uli disait donc vrai…
Un des défis majeurs du foot allemand était de réussir à intégrer, à l’image de la France, tous ses jeunes footballeurs issus de l’immigration. Le vivier très important de jeunes footballeurs d’origine turcs, dont les plus brillants choisissaient de jouer pour la Turquie, n’a jamais pu être exploité. La législation sur le droit du sang, restrictive à l’égard des étrangers, a longtemps tenu à l’écart ces jeunes fils d’immigrés. La législation nouvelle qui s’est considérablement assouplie au point de faire émerger une citoyenneté nouvelle acquise par le droit du sol a bouleversé la donne. Ces derniers temps, les footballeurs talentueux nés de parents étrangers et devenus « nouveaux jeunes Allemands » ont fait une entrée tonitruante dans les sélections de jeunes. Le métissage opère, comme un peu partout en Europe. Sur les 23 joueurs champions d’Europe hier soir à Malmö, beaucoup sont d’origine immigrée : Chinedu Ede et Dennis Aogo (Nigeria), Sami Khedira et Änis Ben-Hatira (Tunisie), Jerome Boateng (Ghana), Ashkan Dejagah (Iran), Gonzalo Castro (Espagne) et le stratège de Brême Mesut Özil (Turquie).
Voilà. Il est trop tôt pour annoncer que ce succès à l’Euro 2009 va déboucher sur de futures grandes victoires de la Mannshaft. Il y a souvent, et dans tous les pays, une déperdition très importante entre sélections de jeunes et équipe première. En tous cas, avec ses trois titres chez les jeunes la dynamique allemande est bien là. Plus que les individualités (le meneur de jeu Mesut Özil, le défenseur Andreas Beck, ou le très bon gardien Manuel Neuer), c’est la sempiternelle force collective qui a encore impressionné chez ces Espoirs. Solides, solidaires, imposant leur rythme et conquérant dans la mesure de leurs possibilités, ces jeunes Allemands n’ont rien à envier à leurs aînés. Reste que le foot allemand ne fait toujours pas émerger des joueurs de classe un peu exceptionnelle. La France a sorti récemment des Ribéry, Nasri, Benzéma, Gourcuff, Lass Diarra, Gignac,… Pas encore de vrais killers, mais déjà dans les grands clubs européens, ou en passe de l’être. Dès que l’Allemagne renouera avec sa tradition de vraies grandes individualités, elle dominera à nouveau la planète foot. Un ou deux vrais joueurs d’exception : c’est ce qui a manqué à la Mannschaft pour remporter l’Euro 2008…
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