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Et au milieu coule une Rivère
L'OGC Nice devait changer de dimension avec l'arrivée de Jean-Pierre Rivère à la tête du club. Un mec qui avait annoncé vouloir viser entre la douzième et la huitième place. Six mois plus tard, le Gym est dix-septième et la suite de la saison ne respire pas forcément la sérénité.
Difficile de faire un bilan positif quand on occupe la dix-septième place avec moins de points (18) que de matches joués (19). Parce que oui, c’est ce qu’affiche le compteur niçois à mi-parcours. On pensait Nice en route pour une belle saison, avec des ambitions à la hausse, une trésorerie un peu plus fournie et l’expérience des années précédentes en poche. C’est raté. C’est même pire. Et quand on y regarde de plus près, on comprend pourquoi…
La stat qui fait mal
Deux points. C’est le nombre de points pris par Nice à l’extérieur, dont un, miraculeux, arraché à Lille lors de la dernière journée avant la trêve (4-4). Avant ça, Nice restait sur une série de sept défaites et un nul hors de son département. Dans de telles conditions, le maintien s’annonce compliqué. Première équipe à s’être séparée de son entraîneur (Roy remplacé par Marsiglia), l’OGC Nice n’affiche aucune logique de compétition. Les aiglons sont capables de battre Rennes et Bordeaux mais de perdent à Nancy et à Evian. Autrement dit, il est bien difficile de tirer des plans sur une table qui branle sans cesse.
La punchline
Patrick Governatori, ancien directeur général et toujours actionnaire du club à 22%, s’est illustré mi-novembre dans les colonnes de L’Equipe. Autant dire que le lascar n’a pas fait dans l’élégance. Il s’est payé l’intégralité du club. De haut en bas. Visiblement, ça lui a fait du bien. « C’est plus qu’inquétant, on est dans le trou. Au lieu d’avancer, on a reculé. On a pris des pastèques. Abriel n’a pas fait un match acceptable, et tu l’as pour trois ans. Quant à Dja Djédjé, Guié Guié et Pentecôte, c’est un but à eux trois en L 1 cette saison, tu ne t’es pas renforcé. Il y a eu plein d’erreurs. On ne pouvait pas repartir (cet été) dans les mêmes conditions, il fallait changer les coaches dès le départ. Quant au remplacement de Roy par Marsiglia, c’est prendre les gens pour des c… C’est mettre une jambe de bois à la place d’une jambe de plâtre. Pour moi, si rien n’est fait, on va en L2. Il faut un entraîneur confirmé et pour moi, Rolland Courbis, un bon entraîneur bien confirmé, serait la solution » . On sent une équipe dirigeante sereine.
Le joueur
Fabian Monzon. Meilleur buteur du club (4 buts, tous sur pénalty), et révélation niçoise depuis le début de saison. L’ancien de Boca Juniors (international argentin, mine de rien), est arrivé sans faire parler. Très vite, il s’est adapté au rythme de la Ligue 1. Même s’il est encore un peu léger défensivement (jurisprudence Taïwo), le gaucher est une vraie solution offensive. Il dédouble, propose, dépose, et s’occupe des pénos. Dans cet exercice, il s’est raté à Auxerre, mais personne ne lui en veut vraiment. Sur son côté gauche, il ne se planque jamais et n’hésite pas à aller au charbon. Quitte à prendre des rouges, comme au Parc des Princes. Une vraie bonne pioche. Pas loin, on notera le bon début de saison de Mouloungui, Mounier et, à un degré moindre, d’Ospina et Hellebuyck. Si, si, Hellebuyck.
Les ratés du mercato
Par où commencer ? Guié-Guié, Pentecôte, Abriel, Dja Djédjé, Djalo, Gomis, Meriem… Le mercato niçois est ce qu’il est (faute de moyens). Mais visiblement, les recruteurs n’ont pas eu le nez creux. A l’exception de Dja Djédjé (auteur d’un doublé à Lille) que l’on peut, éventuellement, rangé dans la catégorie « satisfaisant », les autres nouveaux arrivants sont bidons. Abriel n’avance plus, Pentecôte s’est offert ses troisièmes croisés en moins de 18 mois, Guié-Guié n’a pas mis un caramel, Gomis est moins fort que Mabiala, Meriem est un joueur de la décennie précédente et Djalo n’a jamais signé, faute d’un fax envoyé trois minutes trop tard (aujourd’hui, il réclame quatre années de salaire puisqu’il s’était engagé pour cette durée avec Nice). Ouais, on peut dire que le mercato est réussi. Les difficultés niçoises se trouvent sans doute ici. Sans parler du prochain départ de Mouloungui en janvier…
Pourquoi ils vont s’en sortir
Parce qu’ils ont des couilles. Tout simplement. A l’image de la charnière Pejcinovic-Civelli, pas forcément la plus esthétique du pays, mais surement la plus physique. René Marsiglia peut s’appuyer sur des grognards. Renforcés par les Digard, Coulibaly ou Diakité. Clairement, le Gym est une équipe qui aime la chair, le défi physique et les combats aériens. Des valeurs qui sont salvatrices quand on veut éviter la relégation. Et puis, avec l’arrivée du grand stade pour 2013, ça ferait vraiment tâche de l’inaugurer en Ligue 2…
Pourquoi ils vont galérer
Parce qu’ils sont poissards. Suffit de se pencher sur le cas de Faé, victime de deux phlébites en moins d’un an et dont l’avenir professionnel est incertain. Sans parler du corps en verre de Pentecôte, des adducteurs de Digard, du moral de Sablé ou des cuisses de Mounier. Les cadres sont fragiles. Autre élément délicat à gérer, la CAN. Les africains vont sans doute manquer (Guié-Guié, Coulibaly, Mouloungui etc.) et dans les conditions actuelles du club, tout manque est mortel. Déjà que l’effectif est aussi épais qu’une feuille de PQ, si les meilleurs joueurs s’en vont, ça va être short. Une seule solution : recruter. Et malin, cette fois.
Par Mathieu Faure